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Critiques de Edurne Portela (5)
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Maddi

Dans un épilogue en forme de postface, Edurne Portela revient sur les circonstances qui l'ont amenée à écrire ce livre et explique son tourment à l'idée d'adopter la forme romanesque pour se glisser dans la peau de son héroïne. Question importante puisque c'est précisément ce qui m'a gênée avec ce livre, alors même que le personnage de Maddi est de ceux qui méritent tellement d'être racontés, montrés, dans un contexte contemporain où on peut commencer à réinterroger la notion de courage. J'adhère à tout ce que dit l'autrice dans sa postface, je regrette simplement de n'avoir pas été sensible à sa démarche romanesque, à la voix qu'elle a choisi pour incarner Maddi. Mais je suis ravie d'avoir rencontré cette femme extraordinaire qui a imposé ses choix de vie en quittant un mari épousé trop tôt et une vie ennuyeuse pour s'établir seule (une femme en 1929 dans une région rurale...) au pied de la Rhune dans un Pays Basque au centre de passages entre France et Espagne, accentués par les guerres. Elle y gérera un petit hôtel et ne lésinera pas sur les chemins de contrebande pour améliorer l'ordinaire à la basse-saison. Courageuse, dure au mal, fidèle en amitié. Elle assume tout avec un certain panache et cette culture de la clandestinité lui servira pendant la seconde guerre mondiale lorsque les allemands réquisitionneront l'hôtel. Ses réseaux sont nombreux et elle fera passer nombre de prisonniers et de résistants au nez et à la barbe des nazis. Elle sera arrêtée en 1944 et fera partie du dernier convoi (aux aventures que l'on trouverait rocambolesques si la fin n'était si dramatique) vers les camps allemands dont elle ne reviendra pas.

Des recherches importantes ont permis à des journalistes de reconstituer les éléments de sa vie et l'écrivaine a pris le parti de réinventer Maddi, de lui donner la parole. Un texte écrit à la première personne, y compris pour le récit de l'enfermement et de l'horreur. C'est ce à quoi je n'ai pas adhéré sans trop savoir expliquer pourquoi. C'est le choix de l'autrice et je le respecte, mais lorsque je lis la puissance qui se dégage de sa postface je me dis que j'aurais aimé lire un véritable récit - il y avait matière - dans la tradition du meilleur de la narrative non fiction.

Quoi qu'il en soit, un énorme respect pour Maddi.
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Maddi

Maddi est un livre magnifique, librement inspiré de la vie de María Josefa Sansberro, née à Oiartzun en 1895. L’auteur, historienne espagnole, a reçu des documents sur cette femme et sa cousine et après les avoir consultés, après avoir écouté ceux qui les lui avaient transmis, elle a décidé de rédiger ce roman. C’est pour elle une façon de donner une existence à toutes ces témoins disparues, oubliées, en leur rendant hommage. Elle explique sa démarche dans les dernières pages et c’est très intéressant.

Ancré dans un contexte historique riche, ce récit est un très beau portrait de femme.

Maddi choisit de partir pour vivre autre chose que ce à quoi elle était destinée en tant que fille de paysans. Son vélo, une petite valise et la voilà qui débarque vers Louis qui tient un hôtel. Il est plus âgé qu’elle, elle l’aidera au bar, à faire les chambres, la vaisselle, la cuisine… On est en 1929, ça ne se fait pas une jeune femme qui décide, qui tient tête, qui refuse ce qu’on lui a imposé mais elle s’en fiche Maddi, à un peu plus de trente ans, elle veut se sentir libre. Peu importe les regards de travers. Que fait-elle avec cet homme plus vieux, y-a-t-il quelque chose entre eux ? Sa réputation ? Elle n’attache pas d’importance à ce que les gens pensent, pourvu qu’on la laisse tranquille.

Ce n’est pas facile mais elle est volontaire, tenace, exigeante avec elle-même. Un événement va bouleverser le quotidien de Louis et Maddi. Ils vont de voir faire des choix forts, qui les engagent mais ces deux-là ne baissent pas les bras. Ensuite, viendra la guerre et l’hôtel sera réquisitionné. Que faire ? Maddi connaît la forêt, les sentiers, elle peut aider à combattre l’ennemi, quitte à prendre des risques. Alors, elle agit parce qu’elle veut continuer à se regarder dans une glace, parce qu’elle croit en la force du combat des résistants.

Maddi n’a pas été la seule à se battre contre le fascisme. En lui donnant la parole (le texte est écrit à la première personne du singulier), l’auteur nous rappelle toutes celles qui ont fait la même chose et qui n’ont pas forcément de plaque commémorative (Maddi en a une seulement depuis 2021). L’écriture (merci à la traductrice) fluide, engagée, donne une place importante aux femmes, on sent la féministe qui parle entre les lignes.

C’est une histoire qui prend aux tripes, qui émeut (j’ai même pleuré). Le style de l’auteur est prenant. Elle s’est appropriée la personnalité de Maddi, comme si elle était de sa famille. On la suit dans son quotidien difficile, fait de luttes, de peur, de doutes, mais jamais de résignation. Il y a une photo en noir et blanc de sa cousine (très présente dans le recueil également) et elle. J’imagine Maddi le regard vif, droite dans ses espadrilles, refusant d’obéir aux bien-pensants, capable de secouer les hommes, de réagir vite et bien en cas de coup dur, sachant aimer ceux qui en ont besoin, tissant des liens solides avec ceux à qui elle fait confiance.

Le destin de Maddi m’a émue, bouleversée, je ne peux que remercier Edurne Portela de l’avoir présentée avec son cœur parce qu’elle a fait battre le mien plus fort tant je me suis attachée à Maddi, tremblant pour elle et ceux qu’elle aimait.


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Maddi

Maddi est un livre magnifique qui m’a secoué fortement. J’ai ressenti la même émotion en lisant « Une femme à Berlin », d’auteure inconnue ( identifiée depuis 2003), le journal écrit par une femme qui a vécu l’entrée des russes dans un Berlin dévasté.



Le livre de Portela est écrit à la première personne, ce qui apporte de l’intimité et de l’émotion, l’auteure s’appropriant la personnalité complexe de Maddi pour mieux nous émouvoir. C’est une lecture aisée comportant beaucoup de dialogues et du monologue intérieur.



C’est un roman historique librement inspiré de la vie d’une femme extraordinaire. C’est aussi un livre sur la mémoire d’une certaine violence. Ce livre raconte la vie de Maria Josefa Sansberro connue comme Maddi (prononcer Mayi), née à Oiartzun, Guipuscoa en 1895, fille de paysans basques.

Les renseignements sur Maddi furent confiés à l’auteure à l’automne 2021 par deux victimes de la violence de l’ETA : Josemari Mitxale et Izarraitz Villaluce, qui faisaient des recherches dans des archives d’Espagne et de France depuis six ans.

Le résultat est ce roman étonnant et captivant réalisé à partir de la documentation confiée, avec en plus, un exercice que Portela dénomme "d’imagination éthique ».

Depuis 2021 il existe une plaque commémorative à Sare, commune des Pyrénées, soulignant le rôle important de la sous-lieutenant Sansberro dans la Résistance française.

C’est pendant le confinement que Edurne Portela a mené son travail, d'écriture dans un village perdu de la sierra de Gredos.



Maddi a su défendre ses valeurs et idéaux jusqu’à en mourir dans un camp de concentration. Elle a vécu sans idéologies, de façon téméraire avec une force positive pour aider les gens en souffrance parce qu‘elle ressentait de l’empathie pour ces gens là ; pour elle c’était uniquement de la justice, de la logique, dans aucun cas de l’héroïsme.

Maddi avait traversé les Pyrénées très jeune en provenance d’Espagne et en 1929 elle a aidé un ami à gérer un hôtel rural sur le mont Larrún en France. Depuis cet hôtel elle a accueilli et caché, agissant comme mugalari (passeur), des gens qui fuyaient le franquisme, ainsi que des juifs qui fuyaient l’occupation allemande, et aussi elle a passé des documents pour la Résistance française entre la France et l’Espagne au nez des autorités de l’Occupation allemande.

Pendant l’Occupation l’hôtel fut réquisitionné par l’État Major allemand car l’endroit était stratégique. Pendant qu’elle cuisinait et attendait les allemands, elle a continué son manège en risquant sa vie plusieurs fois.



Dans ce livre on lit combien la collaboration avec l’ennemi était répandue en France et tout ce qui a été fait pour l’occulter après coup, le temps qu’a nécessité la Résistance pour bien s’organiser et la déportation massive de jeunes pour les STO.



Maddi fut dénoncée et arrêtée en 1944 avec sa cousine Marie Jeanne qui travaillait avec elle. Et ce, au moment du débarquement des alliés en Normandie et du repli précipité de l’armée allemande. C’est dans le « train fantôme», le train de la dernière heure que Maddi et Marie Jeanne ont été embarquées pour Dachau, puis Ravensbruck et finalement Sachenhausen où Maddi est décédée. Sa cousine a survécu aux camps.



Le personnage de Maddi est assez contradictoire, complexe, plein de nuances, ce qui illustre bien les difficultés de survie de l’époque : Maddi était catholique et anti cléricale (contre le clergé pétainiste); elle était divorcée; elle fera du marché noir pour subsister et alimenter les fuyards; elle sera agent gradé de la Résistance française; elle n’était affiliée à aucun parti politique mais a mené une lutte anti fasciste; elle a adopté un enfant sans adhérer vraiment à la maternité.

Bref, c’est une femme libre au portrait complexe.

Maddi dans sa vie mouvementée a croisé beaucoup de frontières (par allusion au titre du livre en espagnol : Maddi et les frontières) : des frontières géographiques, mais aussi des frontières culturelles (un divorce, une adoption).

Une lecture qui laisse pantoise par la témérité, la détermination, le courage de Maddi sans jamais douter.


Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Maddi

Maddi est un très beau portrait d'une femme libre dans un milieu et à une époque où il était difficile de l'être.

Ce livre nous permet de suivre son destin depuis un petit village basque en passant par la Rhune, Bayonne et Bordeaux et se termine par un long voyage cruel et haletant...
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Mejor la ausencia

Un roman très intéressant du point de vue de la construction et du style. Choisir de faire revivre une époque et des membres d'une famille à travers le regard d'une enfant jusqu'à l'âge adulte nous plonge avant tout dans une atmosphère, plutôt qu'une période de l'histoire de l'Espagne.

Pour moi, donner à ressentir plus qu'à voir est assurément une stratégie dont l'impact est bien plus fort. On revit cette violence qui a envahi le quotidien. Le silence qu'elle a imposé en conséquence est palpable, voire asphyxiant. La question délicate de cette violence est analysée avec beaucoup de justesse. Ses facettes politiques, mais aussi machistes et patriarcales nous permettent de bien comprendre comment elle a pu affecter la vie d'une fillette (et bien entendu de nombreux enfants de cette époque), mais aussi la condition des femmes.

C'est à mon avis ce qui apporte une dimension supplémentaire à ce roman.

Nous sommes le fruit de notre passé et en ce sens, cette histoire est un peu un roman miroir dans lequel chacun verra resurgir les blessures, les peurs et la violence qui ont participé à sa construction.

J'ai aimé ce livre.
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