Interview voyageuse // "Et si j'étais plus" Elina Vorger
Et pourtant, que l'espoir semble inaccessible lorsque nous sommes à terre... Comment retrouver la foi lorsque tout s'écroule? Une première réponse réside en un changement d'attitude absolu face aux événements qui nous bouleversent. C'est admettre avec une profonde abnégation de ne pas toujours posséder le contrôle sur notre destinée. C'est accepter humblement nos propres limitations et nous en remettre tout entier au plan divin. Certaines épreuves de nos vies, malgré tous nos efforts et notre bonne volonté, ne peuvent être évitées. Si ce qui advient est alors rarement ce que nous avions souhaité, c'est pourtant toujours ce dont nous avons réellement besoin. Pour apprendre, pour grandir... pour devenir des êtres meilleurs. La souffrance n'est jamais vaine. Jamais. Elle est libératoire.
Le mental est certes tenace, mais il est fondamentalement dénué d'intelligence intuitive. Il tourne en boucle comme un banal programme d'ordinateur. Il est auto-entretenu par votre énergie, il est constamment nourri par vos pensées, vos peurs, vos espoirs,... Si vous cessez de lui donner de l'énergie, il cesse peu à peu de fonctionner; comme ce vieux singe sans pile qui ne frappe plus guère la timbale. Plus vous devenez conscient, plus vous le privez de nourriture. Alors, soyez le plus possible présent! Et pas seulement dans le calme feutré de la salle de relaxation, non... Amenez cet état de présence dehors, faites de votre pratique méditative une attention de chaque instant.
Une vieille légende indienne raconte que l'on naît toujours deux fois. La première fois l'on naît au Monde, la seconde fois l'on naît à soi.
Le plus grand obstacle à la rencontre de Dieu est donc le concept de "Dieu" lui-même. Un concept est quelque chose de très dangereux: il est formaté, défini, préemballé. Quand je parle de Dieu, vous ne recevez pas l'essence de Dieu. Vous recevez une sorte de pot-pourri de théories et d'imageries flatteuses. Si vous êtes musulman, vous recevez le Coran et ses prières. Si vous êtes hindou, vous chantez la beauté des Védas. Si vous êtes bouddhiste, vous voyez le Bouddha aux mille joyaux. Vous recevez au pire une falsification, au mieux une vague représentation... mais en aucun cas vous ne recevez Dieu. Dieu est ce qui commence quand vous quittez la croyance et la religion. La religion est impersonnelle, abstraite, idéale... Dieu est tout l'inverse! Dieu c'est le chemin sous vos pas et le soleil dans vos cheveux. C'est le combat de deux libellules et le chant des gouttes de rosée sur l'herbe verte. Dieu est une réalité, il est votre réalité.
Ce ne sont pas les événements qui créent notre souffrance, mais bien notre résistance à ces événements...
Le chemin menant à la libération intérieure est long, escarpé et sinueux. Ce n'est pas un périple que l'on peut entamer sur un coup de tête, encore moins par curiosité naïve ou avidité malsaine. La quête requiert une profonde abnégation, une volonté de chaque instant et une foi à toute épreuve. L'Ultime ne s'offre pas... Il se conquiert lentement. Vous devrez vous battre pour votre liberté. Pas après pas, chaîne après chaîne. Mais ce combat ne pourra débuter que lorsque vous aurez déjà beaucoup travaillé sur vous-même. Suffisamment pour avoir reconnu l'état de votre servitude mentale. Suffisamment pour détester si fort l'obscurité de votre prison intérieure que vous seriez prêt à tout pour revoir la lumière du jour...
Devenir observateur c'est permettre à la vie d'être. C'est d"poser les armes, ne plus courir après le temps ou vouloir que les choses soient différentes. Le présent est exactement comme il est, il ne triche pas... pouvez-vous le lui permettre? De l'observation consciente découle l'acceptation de l'instant, quel qu'il soit. De toute façon, quoi que vous fassiez, l'instant est comme il est. À partir de là, vous pouvez décider que cela ne vous convient pas et élaborer une stratégie pour changer les choses. Ou vous pouvez décider de ne rien faire du tout. Mais dans tous les cas, force est d'admettre que, pour l'heure, l'instant est tel qu'il est et que vous n'y pouvez rien. Car il est déjà l
Ce temple de chair, si merveilleux qu'il soit, est éphémère. Il est inévitablement appelé au déclin et à la mort. Mais il abrite un esprit lumineux, qui lui, est éternel: il est l'illimité dans le limité. Honorer le père Ciel en son être profond, c'est prendre conscience de sa propre immortalité. C'est quitter le carcan des croyances personnelles pour s'unir à l'universalité du monde. C'est permettre au souffle sacré d'éveiller la Terre et de transcender la matière. Car vous êtes bien plus qu'un simple amas de matière pesante... vous êtes infiniment plus! Vous êtes l'esprit du Grand Tout; et cet esprit ne possède aucune barrière, aucune limite... il est le monde.
Mais voilà: la véritable quête spirituelle ne s'achète pas. Elle n'est pas quelque chose qui vient "en plus". Aller se recueillir une fois par semaine dans la chapelle la plus proche ou quitter le travail plus tôt pour se rendre à son cours de yoga hebdomadaire, c'est bien, c'est beau, ça fait joli. Mais cela n'a rien à voir avec l'appel intérieur véritable, celui qui brûle, qui consume au plus profond de la poitrine. Cette voix intense qui jamais ne laisse de repos au chercheur sincère...
Non, le sage ne croit pas à la réincarnation. Il sait. Il se souvient en détail de chacune de ses vies et de chacune de ses morts. Il connaît si intimement la danse sacrée de l'univers, il a embrassé tant de fois la même destinée et reproduit tant de fois le même karma qu'il a fini par conscientiser le cycle et sortir de l'amnésie. Avec l'éveil de la conscience, la fin du cauchemar, la chute de l'illusion... avec l'ouverture du coeur, le retour en son unique demeure.