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3.97/5 (sur 16 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 7/10/1945
Biographie :

Agrégée et docteur en histoire, auteur de nombreux ouvrages sur la musique et spécialiste de Beethoven (Beethoven chez Mirare/Fayard, 2004 et le Guide de la musique de Beethoven chez Fayard, 2005).
Outre ses publications, ainsi que quelques émissions sur France Musique, elle est souvent sollicitée pour faire des conférences sur la musique : dans le cadre des Folles Journées de Nantes, à Strasbourg, Lyon, Lille, Hossegor, Paris (Cité de la Musique).
Elisabeth Brisson est née le 7 octobre 1945, à Paris, ville où elle habite et où elle exerce ses activités professionnelles

Source : http://www.franceculture.com
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Bibliographie de Elisabeth Brisson   (26)Voir plus

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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
L’effet terrible de la musique est également relevé par André Gide, à une époque où le culte beethovénien est à son apogée, en publiant en 1919 un roman très court qu’il intitule La Symphonie pastorale. Gide choisit donc une référence directe à Beethoven et aux sentiments merveilleux éveillés par la nature pour s’interroger sur ce que cache le désir de sauver l’autre : n’est-ce pas une volonté d’emprise qui sert un intérêt personnel, comme l’atteste l’exemple du pasteur qui recueille et éduque une jeune aveugle orpheline dont il tombe amoureux, en prenant la place qui devait être celle de son propre fils ? Pour posséder la jeune fille il la maintient dans un monde d’illusions, ce qui est métaphorisé par le bonheur apporté par l’audition de la Symphonie pastorale. Mais, recouvrant la vue, la jeune fille se rend compte des manipulations du pasteur qui a écarté son fils dont elle était tombée amoureuse, ce qui lui donne le dégoût de la vie, la pousse à une tentative de suicide avant qu’elle ne meure de confusion mentale. Par ce court roman Gide incite donc le lecteur à se demander si se contenter d’entendre de belles sonorités qui entretiennent un monde d’illusions, n’est pas une façon de s’aveugler sur le mal : la musique serait en définitive mortifère, à l’instar de l’emprise de la parole pastorale. Ainsi, se référer explicitement à Beethoven et à cette œuvre emblématique et polysémique qu’est la Symphonie pastorale aurait été pour Gide une façon de souligner l’ambiguïté tout autant que l’ambivalence de la musique comme de la « pastorale » : la musique qui appartient au registre de l’entendu au même titre que le discours moralisant qu’est la « pastorale », « pastorale », masquerait par sa séduction la question du mal, de ses origines et des formes qu’il peut prendre.

Le processus de divinisation
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(...) l’« Immortelle bien-aimée », selon toute vraisemblance Antonia Brentano10. Sa rupture avec elle en 1812 devait être un des éléments déclencheurs d’une longue crise affective morale et intellectuelle qui allait conduire le compositeur au bord du suicide et l’enfermer dans une période de relative infécondité.

Tout indique qu’il était imprégné du souvenir de l’« Immortelle bien-aimée » lorsqu’il composa ce lied en 1816 dans le plus grand secret ; sublimation tardive de l’amour impossible, certes, mais aussi inscription sereine dans la musique même du geste de renoncement : à travers le retour, dans le sixième lied, du thème initial de l’œuvre, le poète invite en effet la femme aimée et pour toujours lointaine à chanter sur le même air qu’au début des paroles nouvelles d’acceptation et de transfiguration de la perte :
« Car la musique efface
Espace et temps
Et un cœur aimant atteint
Ce qu’un cœur aimant a béni. »
Le sentiment personnel de nostalgie fut-il à l’origine du choix d’architecture de cette œuvre ? Remarquons simplement que la première idée d’un principe cyclique est née dans une œuvre chantant l’impossible retour de la femme aimée.

Modernité de Beethoven
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Pendant qu’il travaille au Ballet des Créatures de Prométhée, Beethoven tombe amoureux de Giulietta Guicciardi, jeune fille de 16 ans, cousine des sœurs Brunsvik : il lui donne des leçons de piano avec un très grand plaisir, persuadé qu’elle a beaucoup de talent. Il l’a rencontrée peu après l’installation de la famille Guicciardi à Vienne au cours de l’été 1800. C’est sans doute à elle qu’il fait allusion dans sa seconde grande lettre à Wegeler datée du 16 novembre 1801, évoquant une jeune fille merveilleuse qui lui a redonné le goût de vivre et avec laquelle il espère pouvoir se marier… ce que le fossé social rend difficile, d’autant plus que sa surdité l’empêche, pour l’instant, de se faire connaître et de gagner de l’argent en voyageant. Et c’est peut-être en vivant cet amour naissant qu’il compose en 1801 sa quatorzième Sonate pour piano en ut dièse mineur, publiée sous le titre de « Sonata quasi una fantasia » op. 27 no 2 en mars 1802, dédiée à la comtesse Giulietta Guicciardi, publiée en même temps que la Sonate op. 27 no 1, dédiée à la princesse Joséphine von Liechtenstein.

Le démon jaloux et le Testament d’Heiligenstadt
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Grâce en partie à sa personnalité « indomptable » – le mot est encore de Haydn – et à un contexte social plus favorable que celui qu’avaient connu ses prédécesseurs (l’influence, même à Vienne, de certains principes de la Révolution française), Beethoven put s’imposer comme artiste libre et émancipé, imposant par là-même l’image de l’artiste moderne.

Modernité de Beethoven
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Dans la Concord Sonata de Charles Ives, étonnante partition dont chaque mouvement était dédié à un transcendantaliste ; le destin y était Leitmotiv, prêt à livrer son message à chaque fois identique et renouvelé, harmonisé avec douceur au tout début du mouvement consacré aux Alcotts. « Il y a un “oracle” au début de la 5eSymphonie, écrivait Ives ; dans ces quatre notes est contenu l’un des plus grands messages de Beethoven. Nous voudrions placer son interprétation au-dessus de l’implacabilité du destin frappant à la porte, au-dessus du message humain supérieur de la destinée, et nous efforcer de le rapprocher du message spirituel provenant des révélations d’Emerson, voire du “cœur commun” de Concord – l’âme de l’humanité frappant à la porte des mystères divins, radieuse dans la foi qu’elle sera ouverte – et que l’humain deviendra le divin ! » (Essais avant une sonate, 1920)

Modernité de Beethoven
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Son frère, né en 1774, malade depuis 1803, finit par succomber à la tuberculose, ayant rédigé un testament qui faisait de Ludwig le tuteur de son fils Karl né le 4 septembre 1806 ; mais peu avant qu’il ne meure, sa femme lui avait fait ajouter une clause : la tutelle partagée. Beethoven conteste cette décision et se lance dans un procès qui va durer quatre ans et demi. Heureux de prendre en charge ce neveu, bien que « père sans femme », il souhaite lui assurer la meilleure éducation. Karl, malgré son enfance ballotée, fait des études classiques mais, au grand désespoir de son oncle, il finit par préférer devenir soldat…. Ce n’est qu’après une tentative de suicide le 6 août 1826 que l’oncle, très ébranlé, finit par céder.

VIII. À la recherche de l'inoui
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Pour atteindre Teplitz, Beethoven est passé par Prague où il est retenu par une femme mariée, vivant d’habitude à Vienne, qui se trouve à Prague ce jour-là et qui peut passer la soirée avec lui, avant qu’ils ne prennent l’un et l’autre la route, elle pour Karlsbad et lui pour Teplitz, où il arrive à 4h du matin le 5 juillet. Beethoven lui écrit alors au crayon noir – le crayon qu’elle lui a donné – une longue lettre. L’a-t-il confiée à la poste, son « immortelle bien-aimée » la lui ayant ensuite restituée pour éviter de conserver des papiers compromettants ? ou ne l’a-t-il pas envoyée ? Quoi qu’il en soit, cette lettre a été retrouvée après sa mort parmi ses papiers intimes, avec le Testament de Heiligenstadt. Dans cette lettre, Beethoven laisse exploser sa passion, son amour et son désespoir d’être contraints l’un et l’autre de renoncer à une vie commune commune – alors qu’ils sont faits l’un pour l’autre, que leur relation est indestructible, éternelle… Il ne peut faire autrement que de penser sans cesse à elle, le sens de sa vie… La lettre qui commence par : « Mon ange, mon tout, mon Moi » se termine par : « Sois calme, ce n’est que par une contemplation détendue de notre existence que nous pourrons atteindre notre but, qui est de vivre ensemble – sois calme – aime – moi – aujourd’hui – hier – quelle nostalgie pleine de larmes pour toi – toi – toi – ma vie – mon tout – adieu – ô continue à m’aimer – ne méconnais pas le plus fidèle des cœurs, celui de ton aimé/L./éternellement à toi/éternellement à moi/éternellement à nous. »
L’identité de cette « immortelle bien-aimée » ne sera sans doute jamais établie définitivement faute d’indices ou de preuves irréfutables : ce qui compte c’est ce déchaînement passionné, et le ton pathétique de cette lettre.

Rencontrer Goethe
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la fin de l’année 1801, Beethoven n’a donc pas encore perdu tout espoir de guérison. Pourtant, dès le début de l’année 1802, il est attiré par des méditations spirituelles pour pallier sa détresse et trouver un apaisement en se plongeant dans le recueil déjà ancien, publié en 1757 par Christian Fürchtegott Gellert, de poèmes souvent mis en musique par bien d’autres ainsi que par lui-même : quelques années plus tôt, en 1798, au moment des premiers symptômes de sa surdité, contemporains de la mort de son ami Lenz von Breuning, Beethoven a esquissé un Lied sur le poème intitulé Vom Tode (« De la mort »). Puis, pour se faire pardonner la réaction violente qui l’entraîne à « maudire le créateur », il s’arrête sur les poèmes qui lui permettent de rencontrer un dieu miséricordieux : il compose alors un ensemble de six Lieder – n’élaborant musicalement toutes les strophes que pour le « Chant de pénitence », placé en fin du cycle. Se succèdent « Prier », à interpréter avec recueillement, « L’amour du prochain », animé, « De la mort », modéré plutôt lent, « La Gloire de Dieu à travers la Nature », majestueusement et noblement, « Puissance et providence divine », avec force et avec feu, et le « Chant de pénitence » de six strophes Poco adagio la mineur/Allegro ma non troppo la majeur.
Au moment de la publication des Six Gellert-Lieder en 1803, le choix du dédicataire – le comte Johann Georg von Browne qui venait de perdre sa femme – signifie que cet ensemble de Lieder a un pouvoir consolateur : il est destiné à celui qui aspire à se détacher de ses souffrances.

Le démon jaloux et le testament d’Heiligenstadt
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À la fin de l’année 1801, Beethoven n’a donc pas encore perdu tout espoir de guérison. Pourtant, dès le début de l’année 1802, il est attiré par des méditations spirituelles pour pallier sa détresse et trouver un apaisement en se plongeant dans le recueil déjà ancien, publié en 1757 par Christian Fürchtegott Gellert, de poèmes souvent mis en musique par bien d’autres ainsi que par lui-même : quelques années plus tôt, en 1798, au moment des premiers symptômes de sa surdité, contemporains de la mort de son ami Lenz von Breuning, Beethoven a esquissé un Lied sur le poème intitulé Vom Tode (« De la mort »). Puis, pour se faire pardonner la réaction violente qui l’entraîne à « maudire le créateur », il s’arrête sur les poèmes qui lui permettent de rencontrer un dieu miséricordieux : il compose alors un ensemble de six Lieder – n’élaborant musicalement toutes les strophes que pour le « Chant de pénitence », placé en fin du cycle. Se succèdent « Prier », à interpréter avec recueillement, « L’amour du prochain », animé, « De la mort », modéré plutôt lent, « La Gloire de Dieu à travers la Nature », majestueusement et noblement, « Puissance et providence divine », avec force et avec feu, et le « Chant de pénitence » de six strophes Poco adagio la mineur/Allegro ma non troppo la majeur.
Au moment de la publication des Six Gellert-Lieder en 1803, le choix du dédicataire – le comte Johann Georg von Browne qui venait de perdre sa femme – signifie que cet ensemble de Lieder a un pouvoir consolateur : il est destiné à celui qui aspire à se détacher de ses souffrances.

Le démon jaloux et le testament d’Heiligenstadt
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Entre le 24 octobre et le 2 novembre 1792, quinze parmi les amis de Beethoven ont exprimé leur affection et leur estime par des poèmes composés pour l’occasion ou par des citations de Klopstock, de Herder, de Schiller (de Don Carlos) ou par des allusions à la sagesse du philosophe Moses Mendelssohn : ces textes exaltent les valeurs de l’amitié, de la vérité, du bien, de la beauté, de l’ennoblissement de l’humanité, qui mettent en question de facto l’absolutisme, les principes d’autorité, la force des préjugés, la superstition et le fanatisme.

L'enfance et l'adolescence à Bonn
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