J’ai remarqué ceci : s’il ne le fait pas dès le début ou presque, chaque couple dans la durée finit la plupart du temps par se marier. À cause des impôts, des enfants, de la maladie, de la vieillesse, à cause du partage des biens… Mais surtout pas car nous désirions braver le Temps, nous nous sentions si grelottants dans le grand néant qui nous entoure ! (p.67)
"La couverture du livre qui traîne sur le canapé d'Alice Quester n'a rien à voir avec la mienne, d'une édition plus ancienne: elle représente le tableau d'Ivan Kramskoï, le peintre qui fit également le portrait de Tolstoï au moment où celui-ci écrivait son oeuvre, et peignit ensuite ce portrait en s'inspirant dit-on, du personnage d'Anna." (p. 198)
Comment par exemple juxtaposer avec autant de constance et de naturel : tu me manques à je ne peux plus te supporter? Viens on parle à je n'arrive pas à t'écouter? Lâche-moi à prends-moi dans tes bras?
Si les romans existent vraiment, par où entre-t-on dedans ?
Creusent-ils un espace protégé dans le monde déjà existant où il nous serait permis d’évoluer en secret, en toute liberté ? Où finit notre monde où commence l’autre ? L’un pourrait-il exister sans l’autre ? Auquel appartenons-nous ? Quelle différence entre les deux mondes ? Entre elle et moi ?
Si Anna K. pourtant morte vit en moi, prolonge-t-elle mon existence ou est-ce moi qui prolonge la sienne ?
Vivre dans un roman n’est-il pas complètement épuisant ? Evoluer dans un roman ne génère-t-il pas une attente lancinante, inutile ? Que va-t-il se passer ? Souffler d’une page à l’autre, que va-t-il m’arriver ?
N’aurait-il pas mieux valu me créer un avatar et carrément défier la réalité sur Second Life ?
De qui d’autre pourrais-je ainsi systématiquement trier les chaussettes ? Ou déchirer pour en faire d’astucieux chiffons les chemises et caleçons qu’il continue à porter même troués? Avec qui d’autre aussi longtemps partager les sanitaires, bruits odeurs et rituels de nos corps sans cesse à proximité?
Nous nous imaginions semblables et très différents, les mêmes mais autrement, puisqu’il était impossible de prévoir l’ensemble et la nature des événements qui prendraient place au cours de notre vie commune.
j'associe avec autant de constance et de naturel tu me manques à je ne peux plus te supporter? Viens on parle à je n'arrive pas à t'écouter? Lâche-moi à prends-moi dans tes bras?
"Anna + Tolstoï + moi = même combat!" (p. 189)