Emilie Chazerand

"C'est parce que c'est toi, le soleil, Annie ", Dalida dit dans mon oreille. " Tu éblouis les gens! C'est pour ça qu'ils ont du mal à te regarder en face. "

J'aime Velma. J'aime Harold. Et Maman, beaucoup beaucoup. J'aime Papa, pour de vrai. J'aime Mamie Kathy pareil.

Ça me fait peur.

Il doit faire tout noir dans la boîte. Mamie aime pas le tout noir. Elle a une lampe à côté de son lit et une petite radio et des bonbons tout durs pas délicieux.

Elle dort près de la fenêtre. Elle aime entendre les bruits de la maison et du dehors. Je sais pas si elle entend des choses dans sa boîte.

Elle épluchait des pommes de terre quand son cœur a dit stop.
C'était une de ses formules consacrées.

" Je te sers du riz au lait: dis-moi stop! "

Stop.

"Mais tu sais, la vie, c'est pas comme tes cahiers de vacances : toutes les solutions ne sont pas fournies à la dernière page. Faut les chercher soi-même. C'est plus long et ça demande des efforts, mais après, qu'est-ce qu'on est fier !"

- J'aimerais mieux être comme les autres...
- "Être comme les autres" ? Mais même les autres ne sont pas comme les autres !

On lui demande souvent si il était un garçon pour de vrai ou une fille, en secret, et ces questions le faisaient vraiment… soupirer.
Car Otto voulait juste être Otto et qu’on l’aime pour ce qu’il était.

Alberttine sourit: il avait l'air sympa, ce drôle de prof aux cheveux blancs. Et puis, il portait une barbe courte et rousse qui semblait douce.

Est-ce qu'un paradis est toujours un paradis si on n'a pas le droit de le quitter?

Ce n'était pas très gentil mais bon, il arrive que de telles choses se produisent entre sœurs. Sur le moment, on appelle ça« une vacherie » et plus tard, on la rebaptise « un souvenir ».

Être privé de dessert, ça casse les pieds, mais être privé de mon père, c'était vraiment exagéré.
J'avais pas mérité.

Au début, y'avait que du vide et du chagrin. L'absence de papa ressemblait à une grosse flaque d'encre que rien n'efface : elle était noire et prenait toute la place.

Une famille, ça peut réunir des "semblables" qui ont les mêmes histoires et les mêmes douleurs.

Dès qu'Albertine posa les yeux sur Fiammetta, elle l'aima. Parce que l'amour, ce n'est pas toujours long et compliqué. Ça peut surgir d'un coup.

Tout est lié. Tout est connecté. Les oiseaux sont connectés aux limaces. Le vent est connecté à l'eau. Les humains sont connectés aux fleurs et les étoiles du ciel sont connectées aux étoiles de terre.

Dans son monde à elle, qui est aussi le vôtre, les punitions servent à punir, contraindre et soumettre, et pas forcément à apprendre ou à créer des liens entre les gens.

Si c'est tout à fait ce que tu voulais dire ! Parce que dans ton monde, c'est comme ça qu'on traite les animaux. On leur arrache leurs bébés et on les vend et on les coince dans des boîtes ou des cages ou des sachets remplis d'eau ! On leur achète des roues et des tunnels et des perchoirs, des aquariums et des colliers avec une clochette ! On les traîne partout en les étranglant avec des laisses et en les bâillonnant avec des muselières ! On les pose à côté de la télé et on ne les regarde même pas. Et puis on leur donne des ordres et on leur apprend des tours stupides pour amuser les copains et faire son intéressant … On les punit pour avoir fait pipi ici plutôt que là ou on les récompense avec des susucres qui les rendent malades et, à la fin, parfois, on les abandonne !!! On les enterre dans le jardin ou on les balance dans les vécés et adios ! Et après … après on recommence avec un autre animal et c'est sans fin !

[...] les gens d'en haut veulent toujours ce qu'ils n'ont pas. Et quand ils l'obtiennent, ils en demandent plus et encore plus et toujours plus ! Et si on ne leur donne pas ce qu'ils désirent, il le prennent. Ils le volent, l'exploitent, l'abîment et le gâchent. Ils détruisent tout !

Tout est extraordinaire, lorsqu'on n'a pas l'habitude...

Mais tu sais, la vie, c'est pas comme tes cahiers de vacances : toutes les solutions ne sont pas fournies à la dernière page. Faut les chercher soi-même. C'est plus long et ça demande des efforts, mais après, qu'est-ce qu'on est fier !