Citations de Emilie Chazerand (473)
Parfois, c'est fou à quel point on est plus beau dans le regard d'un autre que dans son propre reflet.
On commande la glace la plus énorme de la carte et deux cuillères. J sais que mon père me laissera les parfums que je préfère. Et la cerise confite en bonus. Ça doit être un truc de parents : s'habituer à céder le meilleur.
On ne devrait pas faire les choses parce qu'on est bon.
Pour réussir, gagner. Être le meilleur, encore et encore.
On peut aussi faire les choses parce qu'on en a envie ou besoin.
Ou juste parce que ça nous rend profondément heureux !
Seuls les gens qui aiment pour de vrai font ça. Sourire et fermer les yeux.
Mongole, c'est comme pédé, gouine, bougnoule ou négro.
Des mots en acide sulfurique, jetés pour défigurer le beau.
L'infirmière lève mon bras gauche et le relâche. Je me fais aussi molle que possible.
- Je ne sais pas du tout ce que je suis censée faire : je suis infirmière scolaire ! Je distribue des Tampax et de l'eau sucrée, moi, c'est tout !
Tu sais, la vie, c'est pas comme tes cahiers de vacances : toutes les solutions ne sont pas fournies à la dernière page. Faut les chercher soi-même. C'est plus long et ça demande des efforts, mais après, qu'est-ce qu'on est fier !
Il y a des jours où on devrait pouvoir sauter à pieds joints dans ses six ans et se sentir à nouveau aussi libre et heureux qu'alors.
Tout le monde m'aime ici, mais avec des amours pas réglés pareil. Comme sur le radiateur où Maman peut tourner le bidule pour c'est chaud, un peu chaude-tiède-bof, très chaud, ouille ouille ça brûle. Mamie Marie-Claire, je crois c'est un peu chaude-tiède-bof. Et aux majorettes, y a Hélène-la-star qui m'aime froid. Et puis il y a Elodie l'entraîneuse elle a éteint le radiateur, je sens.
Les combats au vélodrome, c'est une mise à mort pour le perdant. Les gars sont de tels animaux qu'ils laissent jamais partir l'autre sur ses jambes. C'est normal. C'est même carrément logique. Un adversaire vivant est potentiellement notre futur adversaire.
On ne prend pas toujours la peine, quand on vit ensemble jour après jour et ce des années durant, de regarder vraiment ceux qui nous entourent. On ne distingue pas les angles pointant sous la chair plus fine et molle, les ondes s'imprimant sur la peau de plus en plus tachée, de moins en moins lisible. On ne les voit pas s'épaissir de-ci de-là, blanchir dans les entournures.
Il faut la distance pour ça. Un léger oubli de l'autre. Se détourner suffisamment longtemps, et revenir, pour être frappé de conscience.
Papa m'avait expliqué que tout le monde aime assister au malheur des autres parce que ça rend le sien plus supportable. Peut-être…
Parfois, les gens rigolent pour de faux et mon oreille le sait. C'est quand on est embêté ou quand on ment ou quand on fait semblant d'être joyeux et ça fait pas la même musique dans l'oreille. Je sais pas pourquoi des gens font ça. C'est bizarre.
La famille, c'est le meilleur des gilets pare-balles.
Vieille dame donne sa maisons à la famille qui saura l'aimer, l'écouter et en prendre soin.
Et, juste en dessous, un numéro de téléphone.
C'était une offre bien étonnante. Trop généreuse pour être honnête, penseraient quelques-uns. Et aussi, depuis quand devait-on "écouter" une maison pour pouvoir y vivre ? Ah et cette faute, là : une "maisons" avec un s...
Ça ne mettait pas en confiance.
Ça ne faisait pas sérieux.
Mais Fiammetta Gordes savait parfaitement ce qu'elle faisait. Elle avait choisi chaque lettre de chaque mot, scrupuleusement, après avoir réfléchi longtemps à cette annonce.
L’infirmière Sylvie de l’UAT, elle dit souvent : “Le monde est une soupe. Et toi, Annie, tu es une fourchette. C’est aussi simple que ça.” Ça veut dire on va pas ensemble, le monde et moi. Velma, c’est une grande cuillère et Maman, c’est carrément une louche. Parfois ça me rend triste, parfois ça va.
Il me narrait Louis XVI, Vercingétorix, ou Jeanne d'Arc. J'étais suspendue à ses lèvres aussi fermement que Saddam Hussein à sa corde...
Les enfants, c'est la fin de l'insouciance, Harold. C'est prendre cent kilos d'un coup. Cent ans, sans s'en rendre compte tout de suite. C'est comprendre que tu ne sais rien et que tu ne peux pas grand chose. Alors ce pas grand-chose-là, tu t'y accroches de toutes tes forces et tu deviens un peu ridicule. Un peu grotesque. Ce pas grand-chose, c'est l'homéopathie, les plan d'épargne-logement, les fenêtres sécurisées, les brassards à la piscine, les casques de vélo. Toutes ces protections de pacotille qui te donnent l'illusion que tu as un minimum de contrôle sur le destin. Et qui t'aident, un peu, à maîtriser la terreur.
Oui, ma mère était comme ça: elle vendait du rêve et puis livrait de la merde.
Moi, mes parents sont toujours ensemble. Mon père s'est mis au golf et ma mère s'est payé un Thermomix. Elle fait des brioches tous les dimanches et elle astique son robot plus souvent que son mari, ça c'est sûr.