Emilie est jeune, dessinatrice de BD, végétarienne, écolo, vit en colocation en périphérie parisienne. Et participe, malgré elle, à la gentrification de son quartier.
Pendant le confinement, son inadéquation à son environnement se confirme: elle veut vivre autrement, loin de la pollution et près de la nature, dans l'envie d'agir, changer le monde. Elle va rencontrer des personnes qui ont osé franchir le pas.
Dans ce roman graphique, elle va s'intéresser d'abord aux habitats, et en particulier aux habitats légers: écodômes, mobilhomes, tiny house ou hutte en chaux et en paille, et leurs concepteurs -habitants qui ont organisé toute leur vie autour du principe d'autonomie, écologie, respect et décroissance.
Les personnes rencontrées ont souvent d'autres points communs: voyages en Inde, intérêt pour les médecines alternatives, les plantes médicinales, le chamanisme... Alors pourquoi pas. Même si je suis moi-même beaucoup plus modérée, je peux comprendre et même si je n'adhère pas à tout par peur de certaines dérives (je pense notamment à ceux et celles qui se déclarent chamans après quelques mois de formation), je partage cette envie de communion avec la nature, d'une vie plus simple et décroissante.
Là où le livre ne correspond pas vraiment à mes attentes, c'est que les modes de vie rencontrés sont déjà trop alternatifs et par là même trop marginaux pour qu'ils puissent donner des solutions globales. Je suis à une étape de ma réflexion où je cherche des solutions écologiques et respectueuses qui puissent correspondre à une majorité, bobos comme ouvriers, employés ou cadres dans le sens où de toute façon tout le monde ne peut pas / ne veut pas accepter une vie en marge comme celles présentées.
D'un autre côté, il y a toujours quelque chose à prendre, à essayer, des gestes, une certaine philosophie ou encore des installations plus écologiques. Pour ma part, je me suis surtout sentie proche de Simon (je pense que l'autrice ne partage pas tout à fait mon avis), qui a acheté une vieille maison en pierres anciennes à Langeais, une maison de ville plus exactement et son jardin que lui et son épouse ont complètement rénovés pour les rendre plus respectueux de l'environnement. Je dois ajouter que Simon, je le connaissais déjà, et que j'ai été agréablement surprise de le rencontrer à nouveau aux détours d'une page car j'avais beaucoup aimé sa BD L'Oasis!
Je terminerai sur l'intérêt des deux dernières pages qui résument sous forme de ikigai les différents points importants abordés lors de ces rencontres, à savoir: la solidarité, le développement personnel, l'énergie, l'économie, l'écologie et l'alimentation.
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Ce récit familial en deux volumes retrace la vie du père de la dessinatrice d’origine grecque mais né en Egypte. Dans le tome I l’on découvrait son enfance et l’histoire des « Egyptiotes », cette riche communauté des Grecs d’Egypte. Le tome II raconte comment après la prise du pouvoir par Nasser le jeune Kosta désormais adolescent fuit en Grèce, sa patrie qu’il ne connaissait pas, et comment sa famille s’y sent déclassée. Quand les colonels y prennent le pouvoir, Kosta décide de repartir. Il ira en France, en Angleterre, en Lybie puis en Australie …
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Le tome 2 est à la fois plus grave et plus léger : plus léger parce qu’il raconte les expériences du jeune homme, ses amours, ses « trips » son parcours si semblable à celui d’une jeunesse hippie mais ces souvenirs sont teintés de mélancolie puisqu’ils sont contés à partir cette fois de son lit d’hôpital comme nous l’apprend l’épilogue.
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On ressent alors l’urgence de l’autrice a recueillir ce témoignage. Elle s’y met en scène comme au début du premier volume. Il y a peu de bulles et de dialogues. C’est Kosta qu’on entend dans les récitatifs et l’on perçoit sa personnalité attachante, son intelligence, son sens de l’autodérision aussi. Pourtant, le but du récit n’apparaît pas clairement ni sa cible : Emilie Saitas écrit-elle pour elle, pour les siens ou pour un lecteur ? Si tel est le cas, le diptyque souffre de tomber trop souvent dans l’anecdotique. On ne découvre pas suffisamment la grande Histoire, on se perd dans une multitude de personnages qui ne sont pas assez approfondis et il n’y a pas vraiment de fil directeur.
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Reste, bien sûr, ce qui confère l’essentiel de ses qualités à cet ouvrage : le dessin. Tout commence avec les couvertures des deux tomes qui se répondent. Elles sont belles, poétiques et réactivent la métaphore de l’arbre généalogique tout en éclairant le titre d’un jour nouveau. Ensuite il y a la palette pastel et l’utilisation des crayons de couleurs qui tranche parfois avec la dureté du vécu ainsi que l’alternance entre ces pages colorées et des pages en noir et blanc pour les « points » historiques ou la plongée dans les vieux albums de famille. Enfin, le découpage varie : gaufrier régulier, affranchissement des cases, perspectives axonométriques parfois et superbes pleines pages. On en prend plein les yeux ! Elle a vraiment une patte et l’on espère que son talent se déploiera prochainement au service d’un vrai scénario.
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J'ai bien aimé ce récit en deux tomes, où le père de l'autrice raconte son histoire familiale ainsi que son histoire personnelle, marqués par des migrations à travers le monde. Ce second tome a un aspect plus romanesque et aventurier que le premier. Cependant, j'ai trouvé qu'il manquait quelque chose à ce récit. On a par moments l'impression de ne rien lire d'autre que la liste des événements d'une vie. Un aboutissement final à ce périple (autre que le fait d'arriver en Belgique) ou un propos précis manquent à cette lecture.
Graphiquement, j'ai trouvé les décors très jolis mais les personnages un peu plats et peu expressif, ce qui m'a parfois gêné.
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