S'il pousse des cris arrogants, je saurai que c'est un français.
- Excusez-moi, mais puis-je savoir pourquoi vous m’avez choisi ?
- C’est très simple. Vos états de service sont assez pitoyables et la marine française ne sentira pas particulièrement les conséquences de votre absence, même si les prussiens décident de nous attaquer à nouveau ! Vous avez eu quelques velléités botaniques et zoologiques, rien de brillant, mais cela pourra toujours servir. Pas d’épouse, pas de descendants, personne à indemniser s’il devait vous arriver quelque chose. Et comme vous n’avez pas l’air d’avoir la moindre ambition, nous nous sommes dit qu’un poste tranquille au ministère vous conviendrait si vous réussissiez votre mission.
- Bien. Très bien.
- A priori, vos chances de survie sont de quatorze sur cent. Ni la nature, ni les peuplades indigènes n’ont envie de faire votre connaissance.
- Savez-vous ce qui se passe quand deux communautés de ces singes noirs se rencontrent ?
- Ils se battent ?
- C’est ce que feraient la plupart des autres espèces de primates, à commencer par nous. Mais pas eux. Au début, ils s'agitent, se défient, crient très fort, puis ils se mélangent.
Je me demande pourquoi plus les humains comprennent le monde, moins ils savent y trouver leur place.
- Ce n’est pas la fièvre qui m’étouffe, c’est le corset.
- Mais vous n’avez pas de corset ! Nous vous avons autorisée à garder vos habits d’homme !
- Dans leurs yeux, j’ai un corset. Leur regard m’a rhabillée jusqu’au menton à la seconde où ils ont su que j’étais une femme.
- Au moins ils vous respectent.
- Ils ne me respectent pas, ils m’effacent !
Tu m’écriras. Toutes les semaines. Je consignerai tes lettres et j’en ferai un recueil. C’est plus sûr. Ce serait dommage que tes découvertes échappent à la postérité si tu finis dans l’estomac d’un crocodile.
Je me demande pourquoi plus les humains comprennent le monde, moins ils savent y trouver leur place.
(page 103)
Je n’aime le monde que vu du pont de mon bateau. D’ici, tout est plus beau. Même ma femme, je ne l’aime jamais autant que lorsque je la vois dans ma lorgnette, moi qui navigue, elle sur le quai.
Mon père, dans sa grande sagesse, a mis fin à des siècles de punition par la mort. Contrairement à ce que pensent bien des sots, la peur de ses sujets est le plus grand danger auquel peut s'exposer un souverain.. Car la peur mène à la méfiance, la premières est éphémère, mais la seconde ne cesse jamais.
(page 72)
Définition de la Bretagne par un riche industriel du XIXème siècle :
Étrange pays ! Infini océanique à la proue, marais puants et bois sombres à la poupe. Y poussent les marins les plus audacieux et les plus crétins des laboureurs. J'espère que vous faites partie de premiers.
(page 11)