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Critiques de Erich Maria Remarque (386)
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À l'ouest rien de nouveau

Il y a 1000 raisons de lire et plus encore, peut-être, de ne pas lire, tel ou tel ouvrage. Nous avons tous nos raisons et ce qui nous unit au moins en partie sur Babelio, c'est notre désir de partager nos expériences littéraires.



Ce que j'aime personnellement dans la lecture, ce n'est peut-être pas tant l'évasion, l'imaginaire, l'horlogerie fine d'un scénario mais bien plutôt le fait de pouvoir vivre 1000 vies en une, d'enfiler le costume de celui ou de celle que je ne serai jamais et de me mettre à sa place, le temps d'un livre, le temps d'un passage de témoin. J'admire aussi beaucoup le style, la façon particulière qu'aura un auteur de nous laisser sa place pour que nous nous y installions.



Quelle expérience ! Quelle expérience exceptionnelle vient de me faire vivre Erich Maria Remarque ! L'espace de quelques petites centaines de pages, j'étais un homme d'il y a cent ans sur le front, côté allemand. Quelle prouesse ! J'y étais ! J'y étais vraiment !



J'avais hérité de son casque, de son barda, de ses bottes et j'entendais les obus siffler au-dessus de mes oreilles. Je transpirais, je faisais presque dans ma culotte, mon coeur s'affolait en imaginant les scènes. Je fermais parfois le livre et je sentais encore mon coeur battre intensément pendant de longues minutes, j'avais des images plein les yeux, j'y repensais souvent.



Des images horribles, des bruits assourdissants et des larmes pour ces milliers, ces millions de jeunes hommes, de jeunes innocents, arrachés à leurs familles, à leurs épouses, à leurs enfants, à leurs études, à leur métier, envoyés au front de force, de part et d'autre, et transformés fatalement en cibles mouvantes ou canardeurs selon le sens du vent des attaques.



Courir sans savoir pourquoi, se baisser, s'aplatir au sol en priant très fort pour que rien ne tombe sur votre tête, ne pas oublier votre masque à gaz en croisant les doigts pour qu'il soit étanche, tirer parfois, tuer peut-être, porter secours aux copains moins chanceux en espérant que quand votre tour viendra d'être blessé ils seront là pour vous ou bien encore que les éclats d'obus adverses auront le bon goût de vous tuer franchement et proprement plutôt que de vous arracher un bout de bras, un bout de mâchoire ou un bout de ventre sans vous faire crever tout à fait.



L'horreur absolue de la guerre, toute l'absurdité et l'inhumanité de la guerre est là, racontée sans pathos, sans fioriture, d'un ton juste, d'un ton simple, d'un ton incroyablement percutant de ce fait qu'il n'a pas même besoin de se vouloir militant pour militer à la seule chose pour laquelle il soit humainement louable de militer : la paix, l'exécration absolue et inconditionnelle de la guerre, quels qu'en soient le motif ou la justification invoqués.



Texte sensationnel, brut et fort. Je me suis baladée le week-end dernier dans un petit village, un tout petit village qui devait être encore bien plus petit il y a cent ans. Je suis arrivée devant une manière d'obélisque gris qui y fait office de monument aux morts. Et j'ai eu de grosses larmes à l'oeil en égrenant ces quelques noms, morts de trop, morts pour rien, morts parce que d'autres qu'eux l'avaient décidé, sur un coin de table, à Paris ou à Berlin.



1916 : DUBOIS, G. ; DUBOIS, M.

1917 : DUBOIS, B.

1918 : DUBOIS, J.



Combien pouvait-il y avoir de familles Dubois dans ce village ? Probablement qu'une seule. Qu'avaient-ils faits ces frères ou ces cousins pour mériter cela ? Et tous les autres, les Berthelot, les Michel, les Janin, les Leliquerre ? Qu'avaient-ils faits, côté allemand les Schneider, les Rebmann, les Müller, les Knopff et les Vogt ?



Immense respect pour Erich Maria Remarque, immense coup de chapeau à cet écrivain qui a produit ce livre essentiel et que je ne saurai jamais trop vous conseiller, même si a priori (tout comme moi avant cette lecture) vous n'êtes pas captivés par les livres de guerre ou d'histoire ou d'horreurs. Celui-ci est une merveille qui joue juste de bout en bout.



Et qu'on ne vienne plus jamais me parler de la nécessité de nos " frappes ", au Mali, en Syrie ou ailleurs car derrière ce mot très digne, " frappes ", il y a surtout des bombes, des membres arrachés, des yeux crevés, des poumons perforés, des corps écrasés sous l'effondrement des murs : horreur, désolation, dommages collatéraux et désir de vengeance…



Pensez juste qu'il y a cent ans, quelque part à l'est de la France, la pluie était d'un rouge profond et des flaques éclaboussaient des bouts de métal, des bouts de bidoche, des bouts d'innocence qui jamais ne repousseraient… Mais bien entendu, à l'est, à l'ouest, aujourd'hui comme à chaque fois, rien de nouveau, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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À l'ouest rien de nouveau

Erich Maria Remarque - À l'Ouest, rien de nouveau - 1929 : 1914, dernier jour d’école en Bavière ou ailleurs : «Finalement messieurs cette année vous ne passerez pas le bac, vous n'irez pas en vacances non plus, vous prendrez un fusil et vous irez vous battre dans les tranchées». Enfin se battre si on veut car pouvait on appeler des combats cette infâme boucherie dans laquelle fut plongée une génération entière de jeunes hommes qui n’étaient encore pour la plupart que des enfants. Des classes de terminale joyeuses comme celles qu’on connait aujourd’hui furent précipités au milieu du feu par la faute d'un nationalisme abruti qui guida aveuglement toutes les nations d'Europe vers l'apocalypse. Einrich Maria Remarqué lui-même ancien combattant revenu de l'enfer trouvait les mots justes pour décrire avec réalisme l'ignoble quotidien des soldats sur le front. Par la faute d'un professeur exalté une bande de gamins s'engageait dans l'armée allemande dès le début de la guerre bien persuadé d'être rentré dans leurs foyers avant noël couvert de reconnaissance et de gloire. Brève utopie car pendant cinq ans les jours de fête seront aussi cauchemardesques que les autres. Pendant tout ce temps Il faudra survivre alors que la seule raison de cette débauche de feu et de fer était d'anéantir un maximum de jeunes êtres humains comme de minuscules fourmis écrasées sous les pieds d’un géant. Le lecteur en apnée vivait la peur et la sauvagerie des combats dans la peau des protagonistes se demandant à chaque page si son existence n'allait pas s'achever percée par une baïonnette ou disloquée par un éclat d'obus. Cette guerre qui a rongé l'humanité comme un cancer trop virulent prenait sous la plume d'Heinrich Maria Remarque l'allure cataclysmique de l'enfer de Dante. Mais ses personnages au lieu de bruler au feu du repentir se tordaient de douleur sous l'effet des gaz de combat et trop souvent aussi sous ceux de la faim et de la soif. Car outre le fait de risquer la mort à chaque seconde, les soldats souffraient des conditions de vie épouvantables quand ils étaient en ligne, le froid, la chaleur, les poux étaient les éléments d’une torture qui n’en finissait jamais. Un semblant d'humanité les faisait tenir debout quand même, le soutien d'un camarade plus âgé qui prenait le rôle d'un père de substitution ou la parole d'un officier bienveillant redonnaient un peu de chaleur dans la froideur désolée du désespoir. Et quand enfin il pouvait rentrer dans leurs familles, la permission ou la convalescence n'apportaient aucun réconfort aux soldats déboussolés par l'insouciance d'une population qui reprochait à ceux du front les privations engendrés par le blocus des alliés. La notion de sécurité n'existait même plus et pour la plupart des combattants la vie à l'arrière était d’un tel dégoût qu'ils préféraient retourner se faire tuer avec leurs camarades. "A l'ouest rien de nouveau" expliquait le chaos avec une précision si frappante que l'Allemagne nazi qui préparait en secret une implacable revanche en interdit la publication. Il reste après les années le plus puissant manifeste contre la guerre jamais écrit... éprouvant
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À l'ouest rien de nouveau

Le mot chef d’œuvre est souvent galvaudé.

«A l’ouest, rien de nouveau » mérite pourtant indiscutablement ce titre. Un récit qui suit le quotidien d’une patrouille allemande, jeunes mômes lâchés sur les champs de bataille sans le moindre remord. L’horreur des tranchées, avec une description à vous retourner l’estomac, le livre de Remarque est un formidable témoignage antimilitariste, nous montrant une génération massacrée, traumatisée pour ces rescapés, au nom d’intérêts ridicules. Ici, que l’on soit français, allemands , russes ou autres, la peur, l’effroi, la douleur n’ont n’y drapeaux, ni nationalités.

La violence des combats est d’un cruel réalisme. Comment peut-on infliger un telle barbarie ? Un livre qui soulève beaucoup de questions et qui n’ont malheureusement toujours pas trouvé un semblant de réponses à notre époque.

Une claque.



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À l'ouest rien de nouveau

Ce livre est bouleversant, bouleversant d'humanité et d'inhumanité!



Nous plongeons dans les boyaux de la guerre de 14-18, mais c'est surtout un livre sur l'homme, et sur cette génération à peine sortie de l'enfance qui découvre la vie avec la guerre, une jeunesse brisée avant même d'avoir pu éclore. Paul, le narrateur, est allemand. Il a 18 ans quand il s'engage avec d'autres camarades de sa classe dans ce conflit, sous la pression de leur professeur. Dire que ce sera une cruelle désillusion est un euphémisme...



L'écriture est d'une sobriété et d'un réalisme qui vibre d'authenticité. Elle va droit obus! Il n'y a ni haine, ni jugement, pas même d'ennemis! C'est le triste constat d'une réalité, la réalité brute, toute nue, du quotidien d'un jeune soldat lambda sur le front, dont les repères volent en éclats et qui essaye de survivre comme il le peut, à la faim, aux poux, aux gaz, aux obus, aux mutilations, aux gémissements des blessés qui agonisent sur le champ de tir, aux morts, et pire (!) aux permissions... Mais peut-on vraiment s'en protéger ?



"les horreurs sont supportables tant qu'on se contente de baisser la tête, mais elles tuent quand on y réfléchit. "



Erich Maria Remarque dénonce (entre autre) toute l'horreur de la guerre et son absurdité à bien des niveaux à travers ces soldats dont les différentes origines du civil se fondent dans le même bloc de souffrances; et une guerre, comme toutes les guerres, qui en brisera plus d'un, quelque soit l'âge.



Ce livre est d'une intensité à couper le souffle! Mais rien de ce que je pourrais dire ne pourra ne serait-ce que faire toucher du doigt la force de ce livre. Il faut le lire pour comprendre à quel point il sort du lot, à quel point il est une explosion d'émotions ! Un coup de coeur autant qu'un coup au coeur!



"Deux papillons jaunes jouent tout un après-midi devant notre tranchée ; leurs ailes sont tachetées de rouge.

Qu'est-ce donc qui a pu les attirer ici ?"



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À l'ouest rien de nouveau

C'est à mon goût le meilleur roman sur la première guerre mondiale, et il est de plus écrit par un perdant. C'est le meilleur car il y a tout : l'horreur des tranchées, les interrogations de celui qui doit agir au mlilieu de la boucherie, la réaction de l'arrière, la débilité des chefs, la camaraderie naissante et fauchée, l'amertume d'une guerre pour rien, la froideur du propos.

Ce roman est antimilitariste jusqu'à la moelle, anti-guerre et il n'a rien à envier aux films d'horreur d'aujourd'hui, sauf que là, c'était la réalité. L'impression personnelle est renforcée par l'usage de la première personne, comme dans un journal, et on suit les évenements la peur au ventre, même si parfois on aimerait en savoir plus, notamment lors des ellipses narratives.

Je l'ai lu, étudié avec des élèves de seconde qui ont été impressionés, à l'heure des combats de jeux vidéo et des guerres modernes.

On ne ressort pas indemne de cette lecture et on se dit que tout cela n'a servi à rien, puisqu'on a remis ça vingt ans après et qu'aujourd'hui encore, à un endroit du globe, ça continue...
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À l'ouest rien de nouveau

Il y a des livres qui sont investis d'une véritable mission : celle de traverser le temps et les générations afin de rappeler quelque chose.



Des livres-mémoires, pour ne pas oublier. Des livres témoignages pour ne pas répéter les mêmes erreurs.

Paru en 1930 ce roman prêche la paix, quelques exemplaires finiront cependant dans les flammes de la nuit de cristal.



Les abominations de la guerre racontées au présent par un jeune allemand de 18 ans retrace la vie de ces jeunes engagés volontaires qui ne sont pas des héros mais des êtres tourmentés, perdus dans un combat qui les dépasse.

Face aux horreurs et aux ignominies vécues dans les champs de bataille, ils sont devenus totalement dépendants de la guerre, n'ayant plus aucune attache tangible à laquelle se raccrocher.



C'est indicible, c'est monstrueux que des êtres humains aient dû vivre de telles horreurs, éprouver le désespoir, l'angoisse, être entouré par un abîme de souffrances qui les marqueront au fer rouge.

Ils apprendront tout de même la fraternité et la camaraderie entre les hommes face à une souffrance commune et perdront définitivement leur innocence.



À l'ouest rien de nouveau, fait partie des ouvrages les plus forts dans la dénonciation de la monstruosité de la guerre.



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À l'ouest rien de nouveau

Je garde toujours près de moi ma précieuse première édition d' À l'ouest rien de nouveau.

C'est la Librairie Stock, qui traduisit et publia ce livre en 1929. c'est-à-dire l'année-même de sa parution en Allemagne. C'es-à-dire, aussi, dix années après la démobilisation du soldat Remark.

Immense et sanglant gâchis de jeunesse plongée dans une guerre qui ne se finira vraiment qu'en 1945: c'est toujours mon sentiment de tristesse et d'écoeurement qui revient longtemps après avoir lu ce manifeste de l'absurde. Que ce soit du côté allemand, les vaincus provisoires de 14-18, n'y change rien: Les morts y sont identiques, leurs misères sont les mêmes que celles des soldats français. Leurs rêves et leurs cauchemars, leurs espoirs que cela finisse, tout est pareil... Comme la manipulation cynique par ceux qui instruisent et gouvernent le peuple.

Erich Maria Remarque, auteur d'un livre essentiel, devra s'exiler et fuir la pestilence nazie.

Remarque, Barbusse, Dorgelès, Genevoix... autant de lectures indispensables pour tenter de discerner l'indicible et garder à l'esprit cette horreur de la guerre et son souffle effrayant.



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Cette terre promise

« A l‘Ouest, rien de nouveau » a tellement marqué les esprits au point d'être l'un des livres les plus lus au monde, qu'Erich Maria Remarque est resté lié à cet opus au détriment des autres. Hollywood lui a fait les yeux aussi doux que ceux de ses nombreuses conquêtes féminines. Littérature et cinéma ont fait son succès. Et pourtant...



Cette Terre promise est son dernier roman, le douzième, inachevé parce que l'auteur est mort avant la fin (1970) et, malgré cela, terriblement attachant parce que chaque lecteur peut inventer l'avenir.



Le personnage principal, Allemand recherché par la Gestapo, déchu de sa nationalité et de son identité, est en fuite en cet été 1944, après avoir connu la détention arbitraire dans son pays, puis en France et en Suisse. Reste l'Amérique, cette terre promise dont rêvent les émigrés. Il possède le passeport d'un de ses amis mort, Ludwig Sommer, qui lui a transmis son savoir d'antiquaire et lui lègue par inadvertance son statut de juif.



La salle d'attente d'Ellis Island est l'antichambre de la liberté ou celle du renvoi dans le pays d'origine. Ludwig Sommer a la chance d'avoir un bienfaiteur qui lui ouvre le sas vers New York. Commence alors une autre quête, celle d'un logement, de la connaissance de l'anglais et, surtout, de la prolongation du visa sans quoi pas d'accès à un travail.



New York. Pas d'hommes en armes, pas de traque, pas de ruines ni de hurlements, pas de méfiance inopportune. le corps se redresse, les sens ne sont plus sans arrêt aux aguets, la faim peut être assouvie, même si la peur reste à jamais inscrite dans les tripes. Retrouvailles d'amis exilés, rencontres d'autres, tous meurtris, une petite Europe se rassemble pour les mêmes raisons, animée par la camaraderie et la générosité. Tous ont des ressentiments cachés, des souvenirs pénibles qu'ils n'échangent pas. « C'était encore une habitude d'avant : ce qu'on ne savait pas, on ne pouvait pas le trahir – et personne n'était sûr de résister aux tortures modernes ».



Une cohorte de personnages falots ou hauts en couleur, courageux ou faibles, idéalistes ou roublards, se côtoient à l'hôtel Rausch où les petits trafics, les alcools frelatés et les somnifères (ah ! ces nuits où les fantômes reviennent !) tiennent une place importante. Pas de jugement, pas de moquerie, chacun tente de se reconstituer une vie. Impossible d'oublier les frères Silver, avocats devenus brocanteurs, la vieille Contessa russe qui vend ses bijoux pour payer l'hôtel, Hirsch l'ami au culot démesuré qui, en France, trompa policiers et soldats SS, Jessie Stein, fortunée qui organise des buffets copieux pour nourrir les « étrangers », Reginald Black, marchand d''art sur la Cinquième Avenue, qui s'enrichit grâce aux connaissances picturales de Ludwig Sommer, et la lumineuse Maria Fiola, mannequin-photo, qui esquisse l'espoir de l'amour.



New York, ses contrastes, ses contradictions, sa faune cosmopolite. Ludwig Sommer les enregistre comme un nouveau monde qu'il découvre mais il ne peut se défaire de ses interrogations lancinantes suscitées par la peur des événements vécus, par la perte de ses amis. « Sommes-nous encore capables d'aimer, non pas désespérément, mais simplement et avec abandon ? Celui qui aime n'est jamais tout à fait perdu, même s'il perd ce qu'il aime ; il reste toujours l‘image, le miroir, même s'il est troublé par la haine, cliché négatif de l'amour. Mais en sommes-nous encore capables ? »



La force de ce roman réside dans le pouvoir visuel d'Erich Maria Remarque. Il était lui-même collectionneur d'art, particulièrement des tableaux impressionnistes, et connaissait admirablement les bronzes anciens et les tapis d'orient. Ses descriptions donnent l'impression d'avoir les Pivoines de Manet sous les yeux ou d'être le pinceau de Sisley, tout comme on ressent l'authenticité d'un vieux vase dont la banalité apparente recouvre le satin de la patine que seul reconnaît un initié. Il donne une vie échevelée aux diverses stratégies de l'antiquaire ; que ce soit pour vendre un Renoir à un marchand d'armes ou un Degas à un couple hésitant.



Chaque personnage pourrait faire l'objet d'un roman à lui seul. Tout est à sa place, les états d'âme comme les soirées trop arrosées. C'est aussi cela la puissance émotionnelle qui ressort de ce livre. Magistral. Inoubliable autant qu' « A l'ouest rien de nouveau ».



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À l'ouest rien de nouveau

Le narrateur, Paul Bäumer , soldat allemand, raconte sa première guerre mondiale sur le front ouest, parmi ses camarades sortis comme lui de l'école et pratiquement inscrits volontaires à l'insu de leur plein gré par leur professeur.

Il décrit leur entraînement rude, très rude sous les ordres d'Himmelstoss, les années entre les premières lignes et le repos à l'arrière, la permission, la perte des camarades.

Ce livre décrit avec une très belle écriture et de la poésie, les horreurs du front, la camaraderie, leur humour, la réflexion de ces jeunes sur la guerre qu'ils vivent.

Erich Maria Remarque est envoyé sur le front en juin 1917, jusqu'à fin juillet où il sera blessé. Son roman pacifiste sera brûlé lors des autodafés nazis dès 1933. Ce roman magnifiquement écrit est à garder précieusement comme témoignage sur cette guerre.

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À l'ouest rien de nouveau

Erich Maria Remarque nous parle de son expérience dans les tranchés de la "Grande-Guerre".

Où l'on s'aperçoit que le 'Boche" à également une mère ou bien une petite amie qu'il chérissait et à qui il écrivait.

Qu'il tremblait tout comme le "Poilu" lorsqu'il entendait le sifflement des obus au dessus de sa tête.

Qu'il pleurait des mêmes larmes...et riait des mêmes joies.

L'auteur après avoir fait ce constat peut avec nous se poser la question:" Pourquoi?". Ce devait être la " der des der" , nous savons aujourd'hui ce qu'il en est advenu.

Un témoignage de plus d'un ancien soldat. Tous sans exception, dénoncent les horreurs de la guerre, mais leurs mots se perdent ...s'oublient.
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À l'ouest rien de nouveau

Ça me paraît horrible de dire qu'un bouquin est fantastique quand il traite de la Guerre mais c'est pourtant le cas. L'auteur nous fait suivre la vie de Paul, soldat allemand, durant les années de conflit de la Première Guerre Mondiale.



Si les premiers mois de Paul sur le front sont "relativement paisibles" on sent au fil des pages que la guerre fait son abominable travail de sape sur les survivants, et Paul lui-même perd progressivement pieds avec la vie, transformé en machine de guerre, il ne sait plus à quoi se raccrocher. Paul nous prouve que la Guerre, quel que soit le camp dans lequel le hasard de la vie nous a fait naître, est le même interminable cauchemar pour tous, jour après jour.



Je n'avais encore jamais lu un livre sur la Guerre qui résume tout ce que nous, génération épargnée, pouvons en imaginer, le vécu, le ressenti, le mental et le physique, l'ennemi, les camarades, la "boustifaille", les femmes, le manque, la peur, la mort... L'horreur de la Guerre ne saurait être mieux retranscrite que par les yeux de Paul. J'ai plusieurs fois voulu poster une citation tant l'acuité et l'écriture de l'auteur sont incroyables mais la plupart étaient déjà faites. J'aurais cependant pu en rajouter, il en restait, car la vérité est que c'est tellement parfait que l'on pourrait presque citer tout le livre, du coup soyons logiques, pas de citation supplémentaire, il faut le lire absolument.

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À l'ouest rien de nouveau

La première guerre mondiale s’est abattue sur toute l’Europe. Les troupes allemandes affrontent l’alliance franco-anglaise dans un conflit qui s’enlise dans le décor apocalyptique des tranchées, enfumées par les gaz et sous un déluge de bombes. La notion d’humanité a été oubliée pour laisser la part belle à la bestialité qui sommeille en chacun. Elle se nourrit de l’absurdité et de la cruauté de la situation. Le caporal Himmelstoss est une illustration parfaite de cette bêtise. Il est l’incarnation de ces petites gens (facteur dans le civil) qui compensent la frustration de leur vie étriquée, ratée, par l’abus de leur pouvoir dès qu’on leur en donne l’occasion. Un même caporal mettra à son tour l’Europe à feu et à sang des années plus tard et entreprendra l’inconcevable avec la Shoa, il s’appelait Hitler. Mais Erich Maria Remarque ne le savait pas encore lorsqu’il a écrit « à l’ouest rien de nouveau ». Remarquable prémonition ?

Ce témoignage d’Erich Maria Remarque oblige à réfléchir au-delà du simple rapport historique, aux possibilités ignobles que l’humanité est prête à accomplir au nom de l’orgueil d’une poignée de dirigeants pour le plus grand malheur de leurs populations.

La valeur propre de chaque individu est ignorée, piétinée, bafouée simplement pour satisfaire les ambitions de quelques « va-t’en-guerre » idiots, généraux d’opérette aux égos démesurés, mégalomanes drogués à la haine.

Cette horreur que les mots ne seront jamais assez forts pour décrire, inspire largement le témoignage d’Erich Maria Remarque. Ce n’est pas la simple histoire de ces hommes que l’on a sacrifié sur l’hôtel des vanités que nous conte l’auteur, c’est un pamphlet sur la nature de l’homme, guerrière, destructrice, aveugle.

Bien que cet ouvrage connût un succès mondial, il n’a été tiré de ce témoignage aucun enseignement, puisqu’il a même été brulé lors des autodafés de 1933 et Erich Maria Remarque, accusé d’être juif, a été déchu de sa nationalité allemande par les nazis.

C’est un texte essentiel à lire et relire pour ne pas oublier que l’homme est faillible et que tout peut recommencer l’instant d’un égarement, car il y aura toujours des gens pour veiller à manipuler les esprits afin de créer le chaos, quel que soit leur bord, leur couleur politique ou leur statut social.

Le germe de la guerre est en gestation en chaque homme, chaque femme et il n’existe aucun moyen pour l’anéantir.

Il n’y a rien à espérer de l’espèce humaine.

Traduction de Alzir Hella et Olivier Bournac.

Editions Stock, le livre de poche, 220 pages.

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À l'ouest rien de nouveau

Tout a été dit sur le roman de Remarque. Et de toute façon, il est si difficile d'exprimer son ressenti face à un tel récit. Quand on a été secouée, bouleversée comme je l'ai été en lisant "A l'ouest rien de nouveau", on peine à trouver les mots.



Peine, colère, angoisse... une multitude de sentiments et d'émotions se sont succédé en moi au cours de ma lecture.

Des récits anti-militaristes, il y en a eu pléthore. Mais peu ont la puissance du roman de Remarque. Avec ce récit de la vie de jeunes soldats allemands sur le front lors de la grande guerre, Remarque parvient à atteindre une totale universalité dans son propos. C'est de tous ceux qui ont connu la guerre que parle l'auteur.

A l'évocation du quotidien des soldats (même les aspects les plus triviaux) succèdent des réflexions sur la vacuité et l’absurdité de la guerre.

On perçoit déjà aussi les difficultés qu'auront les rares rescapés à se réintégrer dans la société civile. Survivants mais brisés.

Au milieu de l'horreur, la seule petite lueur à laquelle on peut se raccrocher, c'est la solidarité, la fraternité qui unit ces jeunes hommes, ces gamins à peine sortis de l'enfance, qui parviennent parfois à trouver la force de rire , de rire de tout, même du pire, juste pour ne pas crever.



"A l'ouest rien de nouveau" est un grand roman humaniste, un chef d’œuvre absolu.



Challenge Multi-défis 2017 - 41 (52 - un livre dont l'action se déroule durant la 1ère Guerre Mondiale)

Challenge 14-68 entre 2 points de bascule 2017

Challenge ABC 2017-2018 - 1/26
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À l'ouest rien de nouveau

Nourris de sentiments patriotiques et emmenés presque de force au bureau de recrutement par un professeur enthousiaste à la fin de leurs études, un groupe de jeunes garçons allemands de 18-19 ans se retrouve au front, pendant la première guerre mondiale. La réalité de la guerre se révèle alors bien éloignée des discours exaltés des civils restés au pays.



Le roman s'ouvre sur l'enthousiasme des soldats à l'idée de recevoir double ration de nourriture, même si cette double ration est due à la mort de la moitié de l'unité. S'enchaînent les scènes de la vie quotidienne du soldat : rester terré dans les tranchées alors que les bombes tombent autour d'eux, se dépêcher de mettre les masques à l'approche des gaz toxiques, effectuer des manœuvres qui paraissent sûrement brillantes sur une carte d'état-major mais suicidaires et sans intérêt sur le terrain, … Tous se rendent compte que leur vie est irrémédiablement brisée, quel que soit le vainqueur au final. La rupture avec les civils est totale, le retour à la vie normale impossible. Comment devenir autre chose que soldat après toutes les horreurs vécues ?



Témoignage court mais poignant contre les atrocités de la guerre. Espérons qu'au prochain appel au massacre, les gens seront plus sensibles aux vécus des soldats qui l'ont déjà faite, plutôt qu'aux cris de ceux qui pousseront à la faire.
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À l'ouest rien de nouveau

Erich Maria Remarque a fait ses humanités, et les horreurs exprimées dans ce style légèrement suranné en sont pires. C'est aussi une certaine idée de la culture qui meurt en 14-18, qui croyait qu'on ne pouvait se conduire en bête quand on avait appris le latin.

Les bleus tombent en rangs serrés, n'ayant eu le temps que d'apprendre à mourir. Les vieux, qui ont au moins 19 ans, consentent à fermer les yeux faute d'imaginer une paix où revivrait le monde d'avant. C'est le massacre des innocents et les soldats d'Hérode ne sont pas différents de leurs victimes. Il y a si peu de haine dans ce récit, et tant de résignation. Et tant de morts.
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À l'ouest rien de nouveau

Imagine all the people

Livin' life in peace.

(John Lennon)



Qu'est-ce qui fait que ce petit roman publié en 1928 sous la forme d'un témoignage écrit à la première personne par un jeune soldat allemand de la guerre de 1914-1918, soit devenu un succès mondial, aussi bien de critique que de public, et qu'il n'ait pas pris une seule ride un siècle après sa publication?



Avec ce livre, nous sommes encore une fois devant la preuve, s'il en fallait, qu'en matière de littérature :

On peut faire sublime et durable en faisant simple. On peut toucher un lectorat très large et atteindre l'universel, tout en partant de son expérience propre, sans se mettre personnellement à nu, sans effets grandiloquents, sans manichéisme de bon aloi, sans pathos superfétatoire. Avec cette pudeur de ceux qui entrevoient que l'essentiel pour chacun de nous ne s'explique jamais complètement, et que l'expérience subjective individuelle, y compris celle de l'horreur, risque de toucher un plus grand nombre, plus loin et plus large, lorsqu'elle serait plutôt suggérée que mise trop en avant ou répertoriée de manière trop appuyée.



Tel le regard frais et exempt de ce très jeune homme qui découvre en même temps que le lecteur la monstruosité de la nouvelle machine de destruction massive que le siècle XX est en train d'accoucher. Récit de guerre à la première personne, déclinant d'un point de vue intérieur cette logique implacable du front propre à transformer n'importe quel jeune homme plein de confiance dans le monde adulte et dans l'avenir, en «homme-bête», «dur, méfiant, impitoyable, vindicatif, brute». Regard sans défiance d'un jeune de 18 ans «traqué par la mort», empreint de toute la spontanéité et l'innocence propres à cet âge. Regard qui prend de la hauteur aussi, grâce à qualité littéraire de la belle langue qui le traduit avec naturel et profondeur, sans emphase distrayante cependant, sans recherche particulière sur le plan formel non plus, «caméra à l'épaule», comme l'a signalé à très juste titre un critique de l'oeuvre, ce qui confère à ce récit à la fois une grande puissance d'évocation émotionnelle et une vraisemblance quasi documentaire (Erich Marie Remarque étant par ailleurs l'un des premiers auteurs à se servir pleinement en littérature de cette technique «caméra à l'épaule» qui ferait par la suite date parmi les écrivains du XXe siècle).



Roman réaliste, enlevé, dépourvu néanmoins donc de tout sentimentalisme superflu, A L'OUEST RIEN DE NOUVEAU connut un succès mondial dès sa publication. Il reste l'un des ouvrages les plus directement accessibles et expressifs de toute la littérature de guerre du XXe siècle. Témoignant du charnier à ciel ouvert dans lequel s'était peu à peu transformée la Grande guerre, il porte en même temps un éloquent et très saisissant message universel et pacifiste. Brûlé lors du célèbre l'autodafé du 10 mai 1933 à Berlin, son auteur, ouvertement opposé dès 1932 au régime nazi, devrait quitter définitivement son pays cette même année-là.



J'avoue que je ne m'attendais vraiment pas à être aussi conquis, touché par un roman qui, comme tant d'autres, fait à un tel point partie intégrante du paysage littéraire ordinaire que l'on finit par ne se donner même plus la peine (et surtout le plaisir, dirais-je) de les lire !



Même si à mes yeux il n'y aurait pas de lecture «nécessaire», encore moins «obligatoire», mais comme c'est tout de même le cas dans certaines situations, j'avoue m'être demandé au cours de celle-ci, pourquoi donc, à la place de classiques souvent indigestes à de jeunes lecteurs qui n'ont pas encore acquis la maturité nécessaire -langagière entre autres-, pour les apprécier, ne propose-t-on pas, dans les programmes «obligatoires» de lecture au collègue un ouvrage tel celui-ci? (En sachant que peut-être il doit être proposé quelquefois par certains enseignants – (?).

Et même si malheureusement il n'y a rien de nouveau, ni à l'ouest, ni à l'est, et la littérature de son côté, il ne faut pas rêver, n'a pas le pouvoir de changer le monde, il s'agit tout simplement d'une belle lecture qu'on ne peut que recommander vivement à tous, ne serait-ce qu'au nom de ses qualités intrinsèques en tant qu'oeuvre littéraire.

Pour preuve de ce que je viens d'avancer, le fait qu' à l'instant où je rédige ce billet (qui n'aura, je pense, rien d'original non plus par rapport aux 250 critiques du livre déjà publiées sur le site !), outre une guerre aux portes de notre «ouest» à nous, déjà si éprouvé au cours du dernier siècle, et susceptible d'entraîner le continent et le reste du monde dans un éventuel troisième conflit mondial, au moins six autres conflits armés sanglants sont en ce moment même en cours à travers le monde!



Et que, de toute façon, depuis le XXVIe siècle avant J.-C., en Mésopotamie, l'humanité n'a quasiment jamais connu de périodes sans guerres.



Et que nous continuons malgré tout à subir, au XXIe après J.-C., cette maudite et soi-disant nécessaire politique de la «paix armée» prônant toujours comme meilleure solution pour éviter la guerre, la maxime «civis pacem para bellum», formule latine n'ayant à ce jour pris, elle non plus, hélas, la moindre ride...

Et que malgré tous les massacres inutiles, malgré des générations et des générations de jeunes successivement fauchées, malgré les océans de larmes versées depuis des siècles par nos mères éplorées, malgré la Shoah, malgré tous les mouvements pacifistes, ceux de la contreculture des années 60, les hippies et tutti quanti, malgré le tube planétaire de John Lennon, malgré tous les hymnes et toutes les conférences consacrées à la paix, rien ne permet, à ce jour, d'espérer voir cette locution latine définitivement remplacée par cette autre, à la base ô combien moins antinomique pourtant, aussi infiniment plus raisonnable sur tous les plans imaginables : «Civis pacem para pacem» : «Si tu veux la paix, prépare la paix».





...

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À l'ouest rien de nouveau

« Pourquoi donc y a-t-il la guerre ? »



Il est des livres qu'on a attendus, longtemps. Et puis le moment venu, on les ouvre avec précaution parce qu'on sait qu'ils ne vous laisseront pas comme avant. A l'ouest rien de nouveau en fait partie. Un nuage de cette jeunesse s'est envolé avec ces gaz mortifères cet « été de mil neuf cent dix-huit... »

C'est émouvant, réaliste et tellement juste. Un magnifique roman pacifiste.

Cette jeunesse entre deux vies, entre deux âges, perdue… « Nous sommes délaissés comme des enfants et expérimentés comme de vieille gens »

Est-ce que la parution en 1929 a aidé à la prise de conscience ? « Nous voyons les choses toujours trop tard. » Quelle tristesse.
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À l'ouest rien de nouveau

Tout au long de ma lecture, il ne m'a pas quittée ou je ne l'ai pas quitté! Sa présence était palpable!



Je l'ai vu avec sa capote gris-bleu se déposséder de sa personnalité sous l'effet de la peur de la mort,

Je l'ai vu debout dans le camion qui l'emmenait vers le front, avec les autres poilus, serrés comme des sardines, ballotés par les secousses,,

Je l'ai vu se jeter d'un bond dans un entonnoir, s'aplatir face contre terre, mordre la poussière, en priant Dieu d'être épargné, (il était croyant),

Je l'ai vu entouré par les flammes, fuyant, tombant, se relevant,

Je l'ai vu se transformer, devenir un animal prêt à tout pour survivre dans cet enfer, saisissant une grenade et la lancer dans les jambes des assaillants,

Je l'ai vu devenir cruel,

Je l'ai vu anéanti, respirant l'odeur du sang, rechercher des blessés et les entendre mourir, impuissant,

Je l'ai vu marcher dans un paysage dévasté, un sol ravagé par les mines, des corps déchiquetés tout autour de lui,

Je l'ai vu saisir son masque à gaz, pas suffisamment à temps puisqu'il n'avait plus de cils et de sourcils,

Je l'ai vu dans les tranchées, peut-être en train de tailler les deux obus qui trônaient sur la cheminée de sa fille,

Je l'ai vu épuisé, étendu dans les abris, avoir faim, plein de boue, plein de poux, chassant les rats,

Je l'ai vu se boucher les oreilles pour ne pas entendre les cris de détresse des chevaux blessés,

Je l'ai vu blessé, brûlé, gémissant, sur un brancard parmi ses autres camarades agonisants, vivants leurs derniers instants,

Je l'ai vu en permission retrouver sa Juliette qui pendant son absence, comme toutes les ouvrières de la région, faisait tourner l'usine du chocolat Menier, à un poste des plus durs,

Je l'ai vu repartir "la mort dans l'âme", sans très bien comprendre le sens de cette boucherie,

Je l'ai vu et les larmes me sont montées aux yeux, l'émotion m'a étreinte.



Il s'appelait Victor, il était morvandiau et garçon de ferme de son état. C'était le plus merveilleux des hommes, il était doux et tendre. Je le revois avec sa moustache à la gauloise (caricature d'Henri Vincenot), sa ceinture de flanelle, ses bretelles et ses pinces à vélo.



Il était parti avec l'espoir que ce serait la dernière fois, (c'est ce qui lui a été dit), il est parti pour son fils, puis pour son petit-fils mais il y a eu l'exode, la seconde guerre mondiale, la guerre d'Algérie!



J'ai rédigé une critique très personnelle mais elle est sincère. D'autres amis et amies ont très bien su parlé de ce livre alors je me suis autorisée à écrire mon ressenti, la façon dont j'avais vécu cette lecture! A travers lui, je pense à tous ces jeunes hommes parfois des enfants, qu'ils soient de n'importe quelle nationalité, qui ont été sacrifiés! Je pense à toutes ces mères, toutes ces épouses, tous ces enfants qui n'ont pas vu leur Poilu revenir.

Victor est revenu de cet enfer, comment a-t-il pu reprendre le cours de sa vie? Il n'en parlait pas!



J'avais lu beaucoup d'excellentes critiques sur ce livre. Les jeunes générations doivent s' emparer de cet ouvrage qui, j'imagine, n'est plus au programme des lycéens! A nous, les plus anciens de transmettre : la transmission, l'éveil des consciences, c'est, à mes yeux, essentiels!



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À l'ouest rien de nouveau

Attention : chef d'oeuvre!!! Pour les personnes qui apprécient les livres traitant de la Première Guerre Mondiale, ce roman est à conseiller. Bien sûr le sujet est terrible, la guerre des tranchées, les corps à corps, la descriptions des blessés et des morts, l'incursion dans un hôpital militaire... Mais il y a aussi la réflexion des simples soldats, sur la guerre, ses origines, ses conséquences... la bêtises de certains petits gradés à l'armée, l'appel au sacrifice lancé par des "planqués" civils... la vie au quotidien dans la boue, sous la pluie d'obus, avec la faim au ventre... Cette oeuvre parle de la guerre du côté allemand, mais on y retrouve les mêmes descriptions que dans des romans de Dorgelès ou Genevoix, la même authenticité, le même dégout, la même colère... Ces auteurs ayant combattu savaient de quoi ils parlaient... Un coup de coeur.
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La femme de Josef



Erich Maria Remarque (1898-1970) est un des rares auteurs contemporains de qui j’ai lu systématiquement l’œuvre, fasciné par son "À l’ouest rien de nouveau" un monument contre la guerre, sorti initialement en 1929, quelques années avant l’avènement d’Hitler et son exil, mais resté un document humain intemporel.



Certains de ses romans, tel "Arc de triomphe", "La nuit de Lisbonne", "Le ciel n’a pas de préférés".... j’ai d’ailleurs relu avec le même plaisir.

Je me réfère ici à une époque précédant mon adhésion à Babelio, bien que ma première année ici comme membre j’aie fait, le 7 août 2017, un billet de l’ouvrage relatif à sa liaison amoureuse avec l’ange bleu, Marlene Dietrich, "Dis-moi que tu m’aimes".



Récemment, j’ai eu la chance de tomber sur un recueil de 6 nouvelles de Remarque, publiées à titre posthume en 1993, traduites en Français par Frédéric Nathan et éditées par Stock, l’année suivante.



La première nouvelle du recueil nous ramène aux tranchées de la guerre 1914-1918 et donc au sujet de son chef-d'oeuvre littéraire.

Elle nous relate comment Anna Thiedemann s’est débrouillée pour rendre raison à son mari, un revenant de l’enfer ayant survécu par miracle à la mort, mais devenu apathique et totalement indifférent à son entourage le jour, et la nuit souffrant de cauchemars.



Dans la nouvelle "L’ennemi", nous restons dans le même contexte avec le récit du lieutenant Ludwig Breyer, qui raconte que le plus frappant de ses souvenirs du front ne fût pas les horreurs des champs de bataille près d’Ypres, Passchendaele, la Marne, Verdun,...

mais la vue, un jour de repos, d’un groupe de prisonniers français, les ennemis. "Le choc fut brutal...J’étais choqué que ce soient des hommes comme nous."



Dans "Retour à Douaumont" Karl Broeger rend visite à cet ancien village dans le département de la Meuse détruit en 1916 lors de la bataille de Verdun.



Johann Bartok, jeune fermier qui vient de se marier, est envoyé, en 1914, à la frontière de l’est de l’Empire autrichien. Emprisonné dans un camp retranché pour mutinerie, il rentre 12 ans plus tard dans son pays, où il n’y a plus de chez lui, ni d’épouse.



Il y a aussi une "love story" : l’histoire d’amour de Gerhard Jäger, 19 ans, pour la belle Annette Stoll, 17 ans, qui se marièrent la veille du retour du jeune mari pour le terrible front de Flandre...



Dans la dernière nouvelle, l’auteur nous emmène dans l’horrible silence de Verdun, après la bataille.



Je sais bien que les histoires de guerre sont tristes et dures à lire, mais Erich Maria Remarque le fait avec une telle humanité et empathie que le lecteur reste galvanisé par les agissements et surtout les réflexions de ses protagonistes sur la bêtise de l’homme.

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