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Critiques de Eva Menasse (17)
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Les Silences de Dunkelblum

Un roman dense, touffu, beaucoup de pages mais aussi beaucoup de personnages, d’infos historiques et même d’intrigues multiples ! Il faut dire que la petite ville où se déroulent les événements, sur deux périodes, après la seconde guerre mondiale puis dans les années 80 est située à l’extrémité du monde occidental, à la frontière avec la Hongrie, pas loin de la Russie, de quoi susciter bien des convoitises et la nécessité de choisir son camp avec une plus ou moins bonne fortune. Si on y ajoute un enjeu local, le devenir de l’approvisionnement en eau de al région, il y a de quoi générer bien des malentendus.



La lecture en a été compliquée, lente, pour pouvoir comprendre à chaque reprise où l’on en était et pour se repérer parmi les personnages. Les quelques redites ont été ressenties comme salutaires !



Le style assez lourd contribue à la difficulté, malgré les tentatives d’alléger le propos par des traits humoristiques.



C’est intéressant et fort bien documenté sur le plan historique et sans surprise sur l'analyse que l’autrice développe en ce qui concerne la nature humaine.



Lecture ardue, nécessitant une attention soutenue !



Merci à Netgalley et aux Éditions Stock



600 pagesStock 6 mars 2024

#LessilencesdeDunkelblum #NetGalleyFrance
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Les Silences de Dunkelblum

Un homme prend le bus pour Dunkelblum, en espérant que personne ne le reconnaitra. Pour s’occuper, il parcourt le journal. Il apprend qu’une grange a brûlé dans une commune voisine. Pas de chance, les pompiers faisaient la fête. Il lit aussi qu’un voyageur a porté plainte pour un salut nazi dans un camp de vacances. Le juge lui a donné raison. Quand l’inconnu lit le nom du plaignant, il cesse de sourire.



Presque en même temps, Lowetz revient à Dunkelblum. Sa mère, qui venait du pays d’en face, est morte il y a quelques semaines.



Des restes humains datant d’une quarantaine d’années sont découverts. Le village est en émoi.



Les silences de Dunkelblum est fascinant, malgré la narration qui rend la lecture exigeante. L’autrice alterne entre le passé proche, le passé plus lointain et le présent des personnages. J’ai été gênée par le fait que beaucoup d’histoires n’aboutissent pas. La génération suivante vit dans le présent et ne s’intéresse pas plus que ça au passé.



Il arrive que le lecteur en sache plus que certains personnages ; c’est à la fois poignant et glaçant. Et c’est parfois logique, oui, il y a des chances que dans la vie, les choses se soient passées de cette façon. Mais l’envie que la tension finisse par exploser est là. Elle n’est jamais satisfaite.



Les silences de Dunkelblum vous plonge dans un village autrichien en 1989 où les secrets du passé nazi sont enfouis. Eva Menasse tisse une toile complexe de secrets et de révélations, bien que la narration fragmentée rende la lecture exigeante.


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Les Silences de Dunkelblum

Dunkelblum, Autriche, 1989. C’est dans ce petit village qui semble paisible que vont pourtant se dérouler une série d’événements étranges. L’arrivée d’un inconnu fait se poser de nombreuses questions aux habitants, la découverte d’ossements bouleverse le village, et Lowetz veut vendre sa maison suite au décès de sa mère. Peu à peu, les non-dits refont surface, les silences datant de l’époque de la Seconde Guerre Mondiale se font plus pesants.



C’est un roman profond et parfois difficile à aborder, mais indubitablement, il en vaut la peine. Il faudra s’accrocher tant la lecture est dense et bien rester concentré afin de ne pas en perdre le fil, puisque deux axes narratifs dans une temporalité différente constitueront cette histoire.



Il y aura donc beaucoup de retours en arrière, afin de permettre au lecteur de comprendre les tenants et les aboutissants de cette intrigue. Ainsi, nous faisons la connaissance de personnages remarquablement esquissés, et bien vite, je me suis aperçue que les non-dits et les secrets sont très présents tout au fil des pages.



J’ai beaucoup aimé cette narration qui peut paraître parfois un peu compliquée à suivre, mais qui reste claire grâce au talent de conteuse de l’auteure. Les éléments sont dévoilés avec beaucoup de parcimonie, et cette histoire est presque un huis clos au sein de ce village mystérieux, dans lequel tous semblent se connaître et s’apprécier, mais cachent pourtant bien des choses.



Les personnages sont très nombreux, et bien évidemment, il m’a fallu un petit moment avant de tous les différencier. J’ai trouvé la liste en début de roman très appréciable, afin de permettre au lecteur de ne jamais se perdre.



La plume de l’auteure m’a beaucoup plu. Avec un style particulier mais très fluide, la lecture se fait de manière très agréable. À l’aide de petits chapitres, l’histoire reste rythmée tout au fil des pages.



Un roman dense, très réussi, servi par des mystères et une multitude de secrets. À découvrir.
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Le Grand Tour

Grasset nous a gratifiés, avec bonheur, de cet ouvrage collectif : la présidence française à la tête de l’Union européenne n’ayant pas commencé sous les meilleurs hospices, cet ouvrage tient à nous rappeler les racines de cette union. Politique, économique, avant tout, mais aussi culturelle : et dans la mesure où elle est à l’origine de conséquentes subventions à destination du domaine de l’édition, spécialement des moyennes et petites structures, il est toujours bon de s’en rappeler.



Fort des vingt-sept pays de l’Union Européenne, le maître d’oeuvre de cet ouvrage, l’auteur Olivier Guez ouvre, avec sa préface, la voie aux vingt-sept auteurs respectifs, certains que j’ai pu lire dans le passé. C’est cette diversité de nationalités, dont certaines encore peu représentées dans l’édition française, et spécialement celles est-européennes, qui m’ont donné envie de m’atteler à ce Grand Tour littéraire par la lecture de l’Union Européenne. Pour commencer, il y a Olivier Guez, l’auteur de l’inoubliable et passionnant La Disparition de Josef Mengele. Le fait que son roman m’ait laissé une impression très favorable a sans doute favorisé ma décision. Que je ne regrette pas. J’ai beaucoup aimé l’idée de réunir en un ouvrage autant de perceptions différentes de l’Union Européenne qu’elle compte de pays, vingt-sept déclinaisons d’une union basée avant tout sur une union économique, de ce qu’elle provoque dans ces vingt-sept esprits différents, vingt-sept symboles différents. Si le domaine financier est d’abord l’enjeu premier de cette union, on peut considérer ce recueil comme une prolongation de cette union puisqu’il la concrétise sous le point de vue littéraire. J’attendais certaines avec plus d’impatiences que d’autres, les nouvelles baltes, des pays issus de l’ex-Yougoslavie, des Balkans. Mais il y a eu d’agréables surprises, pas forcément celles que j’attendais.



Le recueil est divisé en cinq parties selon la direction qu’a choisi de prendre l’auteur : la première partie Cicatrices se concentre sur le passé des nations. Si on retrouve l’Allemagne en tout premier lieu, on ne s’étonnera pas que Daniel Kehlmann ait choisi un symbole fort du pays divisé, la prison de Hohenschönhaus, qui servit à la Stasi à enfermer ni vu ni connu les prisonniers politiques. On retrouve le même parti pris pour la Finlande et Sofi Oksanen qui a choisi le navire M/S Georg, qui servait à rejoindre la Finlande et l’Estonie. Chypre et la Lituanie. On retrouve un deuxième chapitre, Errance, la France, représentée fièrement par Maylis de Kerangal, la Suède, la Slovénie et la Lettonie. Le troisième chapitre, Fantôme, inclut la Pologne, l’Irlande, la Roumanie et la Slovaquie. Le quatrième chapitre, Chair, ouvre la voie à l’Espagne, Malte et la Bulgarie. Le cinquième chapitre, Villégiatures, présente le Danemark, l’Autriche, la Grèce et les Pays-Bas. Le sixième chapitre, Blessures, annonce le Luxembourg, l’Italie, le Portugal et la Croatie. Le septième et dernier chapitre, Nostalgie, présente la Hongrie, la Belgique, l’Estonie et la République Tchèque. Chacun des récits de ce recueil mêle la culture et le passé d’un pan du pays avec un présent marqué, entre autres chose, par la présence du Covid, ce qui constitue que l’on veuille ou non un point commun entre les pays. En lisant ce récit, on se rappelle que l’Union européenne, c’est aussi Chypre, Malte, la République d’Irlande, les pays Baltes ainsi que la Bulgarie. Et c’est l’occasion de découvrir des auteurs. Il se trouve que j’en avais déjà lu certains : Sofi Oksanen et Le parc à chiens, Kapka Kassabova et Lisière, Rosella Posterino et La goûteuse d’Hitler.



Il y aurait beaucoup à dire sur ces différents chapitres au travers desquels les auteurs recréent chacun à leur façon le lien qui unit leur pays à l’union européenne : si Rosa Postellino a choisi l’angle politique qui fait de son pays une plaque tournante des réfugiés, Maylis de Kerangal a choisi de traiter une page historique à travers les plages normandes du débarquement. D’autres comme l’irlandais Colm Toibin a choisi la figure de proue littéraire irlandaise, James Joyce, et avec succès, ce fut l’un des textes que j’ai préférés. J’ai aimé lire Tomas Venclova expliquer l’identité de la Lituanie d’après ses trois villes principales, Vilnius, Kaunas et Klaipéda, l’auteur grec Ersi Sotiropoulos évoquer le temple de Bassae. Nous avons vingt-sept points de vue uniques et précieux sur le rapport de leur pays à l’Europe, Tomas Venclova présente le sien comme une sorte d’Europe en miniature. Björn Larsson, porte-parole de la Suède, démontre de la position extra de son pays, pour qui l’Europe représente le sud, dont le Danemark est le point de départ. Il y démontre la variabilité du concept même Europe/Union Européenne, où les uns sont à l’euro et pas les autres. Le texte de Norman Manea, qui représente la Roumanie, cerne parfaitement bien cet espace géographique, par le biais d’une des région la Bucovine, et ses mouvements migratoires. Vingt-sept perspectives différentes qui forment un kaléidoscope, bien sûr incomplet et partial, de ce territoire dont les racines slaves, scandinaves, latines, germaniques lui donnent sa richesse aussi bien que sa complexité et son ambivalence. À l’image de ce temple grec de Bassae, unique en son genre par cet alliage de « caractéristiques archaïques » aux « tendances novatrices », issu du récit relatif, que l’auteur pose en symbole de l’Européanisme, démocratie, citoyen contre barbares, et qu’il qualifie de « mariage unique d’éléments disparates » : on ne saurait trouver meilleure définition. Cette Union Européenne, quoique morcelée, est finalement unifiée par ses mers, ses fleuves, ses frontières qu’elle est détentrice au fond d’une histoire commune, avant comme aujourd’hui : des frontières au sud et à l’est, qui nous concerne tous.





Je conseille vivement la lecture de cet ouvrage collectif, les textes se lisent rapidement et étant donné la variété des pays et des thématiques, on ne se lasse jamais. On redécouvre certains pays, on en découvre d’autres, la lecture de ce recueil est une expérience culturelle inégalable. J’ai également très apprécié de découvrir ces auteurs que je n’ai pas encore lus – Le recueil est en plus doté d’une partie biographique en fin d’ouvrage – et que j’aimerais appréhender plus amplement ultérieurement. Peut-être que je prendrai le temps de consacrer un post pour chacun de ces textes, la richesse de chacun des textes s’y prête totalement.




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Les Silences de Dunkelblum

Eva Menasse nous propose avec « les silences de Dunkelblum » une incursion dans la vie d’un village autrichien tout au long du XXème siècle.



On y suit les secrets et les non-dits avant, pendant et après la deuxième guerre mondiale. La campagne autrichienne nous apparaît violente, le nazisme et l’antisémitisme perdurent, même après la chute du régime nazi… On est bien loin des valses viennoises et de Sissi impératrice, ces clichés qu’on associe bien trop souvent à l’Autriche. On réalise tout au long du roman que la dénazification a été plus que laborieuse, voire inachevée.



Le style du roman peut légèrement désarçonner le lecteur : les dialogues ne sont jamais marqués avec la ponctuation habituelle. On met aussi parfois quelques lignes avant de savoir précisément à quelle temporalité se rattache chaque partie du récit. Enfin, le lecteur non germanophone peut se perdre entre les noms des nombreux personnages.



En bref, voici un roman intéressant sur un sujet assez peu évoqué en France.



Merci aux éditions Stock et à NetGalley pour la découverte de ce roman.



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Les Silences de Dunkelblum

Nous faisons la connaissance du village Autrichien de Dunkeblum et de ses habitants à l’été 1989. Ici, la vie semble paisible, les voisins se connaissent et paraissent entretenir de bonnes relations. Mais derrière cette tranquillité de façade se cachent de terribles secrets, nés durant la seconde guerre mondiale et qui vont peu à peu ressurgir alors qu’un squelette est découvert dans un champ, qu’une jeune fille a disparu, qu’un mystérieux visiteur s’est installé au village et qu’un habitant revient sur les lieux qu’il a quitté de nombreuses années auparavant pour vendre la maison de sa mère tout juste décédée.



Ce roman percutant met en lumière le silence qui a suivi la guerre et qui est resté très longtemps la règle concernant les crimes nazis. Dunkelblum devient alors le symbole de l’omerta qui prévaut en ce qui concerne les assassinats, les déportations et l’ensemble des exactions commises sur les populations juives du village par d’autres habitants qui ont souscrit à la doctrine nazie.



Le récit fait ainsi des aller-retour entre les années 1940 et l’année 1989 durant laquelle les secrets qu’on croyait avoir bien enfoui, vont ressurgir. C’est un roman dense qui foisonne de personnages dont les destins s’entremêlent sur les deux époques évoquées. Ce qui en fait un livre exigeant mais aussi captivant.



Eva Menasse analyse ici, par le prisme de ce village, le phénomène d’un déni collectif, d’un oubli que chacun voudrait total, qu’il ait participé activement aux violences ou qu’il ait tout simplement fermé les yeux sur ce qui arrivait à ses voisins.



Elle interroge le passé mais aussi le présent à travers le poids que fait peser l’histoire sur les consciences. C’est riche, magnifiquement écrit, extrêmement prenant et cela demande de la part du lecteur une grande attention. Mais cela vaut vraiment le coup.

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Le Grand Tour

Quelle bonne idée : un récit, un souvenir, une tranche d'histoire, une anecdote ou une réflexion par un(e) écrivain(e) de l'Union Européenne ! Vingt-sept auteur(e)s ; toute la diversité de l'Europe ou presque.

Je n'ai pas trouvé tous les textes à mon goût, forcément, mais je ne regrette pas ce voyage à travers le temps et l'espace de mon continent. J'ai aimé longer les remparts de Tallin, découvrir la Bucovine, parcourir le siècle dernier le long des côtes croates, connaître les hauts et les bas de l'industrie textile de Brno, regarder l'immensité de l'océan comme Henri le Navigateur. J'ai ressenti de la colère en lisant les atrocités subies par les juifs de Varsovie et de la tendresse pour la mélancolie de tel ou telle autre héros de ces courtes productions. Un beau tour d'Europe.
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Vienna

J'ai abandonné cette lecture après 100 pages. Le sujet avait tout pour me plaire : les sagas sur plusieurs générations, c'est généralement ma tasse de thé. Les situations sont cocasses et la description de certaines relations tyranniques entre les membres de cette famille bancale est désopilante. L'humour est le maître mot, volontaire ou involontaire selon les situations, mais omniprésent dans tous les aspects du quotidien. « À Vienne justement, la corruption est souvent le résultat d'une gêne que l'on cherche à dissimuler, d'une incapacité à repousser une intervention intrusive de manière adéquate. » (p.47) Suivre ces personnages, dont certains peu recommandables, en décalage avec les leurs et avec la marche de l'Histoire aurait pu être plaisant si le narrateur, rejeton de la troisième génération, ne semblait pas si détaché de cette chronique familiale au long cours. Les circonvolutions de son récit ne sont pas gênantes : on comprend vite que rien ne va droit dans cette famille, mais alors qu'il collationne les événements, le narrateur semble s'en désintéresser. Et, de fait, il n'est pas parvenu à m'y intéresser.
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Le Grand Tour

Une idée extrêmement intéressante.

Alors que je ne suis pas un fan des nouvelles et que ces courts textes s'y apparentent, je n'ai nullement ressenti ceux-ci comme des nouvelles mais plutôt comme un moment que chaque auteur me consacrait.

Le choix de regrouper ces écrits par thème m'a beaucoup séduit, l'ensemble des textes rassemblés dans un chapitre donnait une atmosphère commune qui a probablement participé que je n'ai pas ressenti ces lectures comme des nouvelles, l'ambiance se poursuivant d'un texte à l'autre.



J'ai trouvé l'ensemble très inégal mais je pense que cela est dû à ma sensibilité qui m'a fait trouver ennuyeux "Errances" que j'ai trouvé trop onirique alors qu'à l'opposé j'ai beaucoup apprécie "cicatrices" nettement plus en relation avec la réalité des choses.



C'est un ouvrage intéressant qui n'apporte rien sur l'histoire de l'Europe ou alors sur quelques très petits points. Il s'agit bien d'une compilation de regards sur l'Europe en offrant un éventail d'auteurs étrangers composant l'Europe.



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Le Grand Tour

Vous vous sentez européen(ne), vous ? Moi, si on me pose la question, je réponds « oui ». Sans hésiter. Mais sur quoi ce sentiment se fonde-t-il ? Ma langue, mes habitudes, ma culture, me définissent avant tout comme française. Cette identité-là s’incarne quotidiennement dans mes paroles et dans mes gestes. Alors, être européen, qu’est-ce que c’est ?



L’Europe, ce sont des contours géographiques, une monnaie commune, un marché économique, des institutions. Certes. Mais comment cet ensemble peut-il réellement fonctionner s’il ne s’appuie pas sur de solides fondations ? C’est-à-dire sur un socle culturel partagé, sur une dimension sensible et affective, en somme, plutôt que sur des organes exclusivement administratifs ?



A l’occasion de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, Olivier Guez a demandé à 27 écrivains - un par Etat membre - d’écrire un texte dont la seule consigne était « de relater un lieu qui évoquerait un lien de leur pays avec la culture et l’histoire européennes ». Il en résulte un recueil tout à fait passionnant qui permet d’entrevoir ce que, du point le plus septentrional de la Finlande à un village de Malte et de l’extrême est de la Lettonie à ce cap portugais où finit la terre, nous pourrions avoir en partage.



Ce qui est frappant, à la lecture de cet ouvrage, c’est de constater combien l’histoire de ce continent s’est écrite sur des drames. Les souffrances dues aux deux grandes guerres et à la Shoah sont encore très vivaces dans les esprits, et les lieux qui en recueillent la mémoire, omniprésents. Sans oublier l’esclavage, ainsi que le rappelle la Portugaise Lidia Jorge, et le commerce triangulaire grâce auquel certains pays purent autrefois prospérer. Nombre d’auteurs s’en font l’écho.



D’autres évoquent un patrimoine commun, qu’il s’agisse du pain dont la narratrice de la nouvelle signée par l’Espagnol Fernando Aramburu se rappelle avec émotion avoir goûté toutes les variétés à l’occasion de ses voyages, ou des mouvements artistiques qui se sont mutuellement inspirés, à l’instar des peintres danois croqués par Jens Christian Grøndahl qui, à la fin du XIXe siècle, vinrent découvrir à Paris une autre manière de travailler la couleur.



Evidemment, le point de vue varie selon que l’on a affaire à un auteur solidement ancré dans son pays d’origine ou à un autre ayant sillonné le continent, vivant tantôt ici, tantôt là. Le Suédois Björn Larsson est de ceux-là, qui voit davantage de points communs entre deux pêcheurs officiant l’un au Guilvinec et le second dans un petit port danois qu’entre un citadin de Paris et un autre de Copenhague : leur métier et leurs expériences les rapprochent.



Dans un recueil de nouvelles, et plus encore lorsque celles-ci sont l’œuvre de différents auteurs, les textes peuvent paraître inégaux. Aussi chaque lecteur sera-t-il plus réceptif à l’un ou à l’autre. Olivier Guez a néanmoins su dégager quelques lignes de force permettant de donner de la cohérence à cet ensemble.



En ce qui me concerne, je dirais que les textes qui m’ont paru les plus intéressants sont les plus personnels, ceux qui relèvent d’une expérience ou d'une perception intime de l’espace qu’il s’agissait de circonscrire. Je regrette que certains auteurs aient opté pour un ton plus distancié, tenant davantage de la notice historique que du récit original et singulier. Mais heureusement, ceux-ci sont minoritaires.



En revanche, j’ai fait quelques belles découvertes, en premier lieu Larsson – qui, je l’ai appris en me baladant sur le Net, a traduit Vallès ! – dont j’ai fort apprécié la qualité d’analyse et la finesse du propos. Ces lectures m’ont donné une furieuse envie de faire plus ample connaissance avec des auteurs dont je n’avais même jamais entendu parler ! Là n’est pas la moindre des qualités de ce livre excellemment préfacé par Olivier Guez, qui présente un large panorama d’une littérature européenne. Un formidable point de départ pour voir enfin palpiter le cœur de notre Europe !




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Le Grand Tour

À l’approche des résultats du premier tour de la présidentielle, où l’Europe pourrait vivre ses dernières heures, en pleine guerre sur le front de l’est, Le Grand Tour ouvrait certaines portes. Olivier Guez a ainsi réuni vingt-sept écrivains représentant chaque État membre pour tenter une certaine Union européenne et culturelle. Cette chronique demeure difficile tant les mots d’Olivier Guez sont d’une lucidité et d’une justesse déconcertante. Je n’aurais pas touché une seule virgule de sa vision d’une Europe qui n’a pas su saisir l’opportunité, à la sortie de la seconde guerre mondiale, d’un nouvel élan. De cette peur de notre identité européenne, d’affirmer haut et fort que nous faisons partie d’un collectif. Alors oui, l’Europe n’a pas été exemplaire à bien des égards, oui chaque État a accepté de réduire sa souveraineté et de se soumettre aux juridictions européennes. Mais l’Europe pourrait s’attaquer au problème culturel dès le plus jeune âge pour créer des aspérités nouvelles.



La France qui préside depuis quelques mois l’Union Européenne devra à travers son nouveau ou actuel visage, renforcer ses liens avec les États membres et faire bloc. Elle qui pensait qu’une guerre sur son propre sol ne pourrait plus qu’être une utopie… le danger sommeille pourtant à tout instant. À travers les figures tutélaires que sont Imre Kertesz et Milan Kundera, cet ouvrage apolitique éblouit par sa richesse tant littéraire qu’intellectuelle. Ce dernier prônait alors un « maximum de diversité dans un minimum d’espace ». J’ai parfois levé les yeux pour m’en imprégner, j’ai relu de nombreux textes à travers j’ai pu passer à coté parfois, et puis dans son ensemble tout s’est éclairé. Au XVIII ème siècle, existait déjà un grand tour, avec certains aristocrates qui traversaient l’Europe pour s’enrichir personnellement.



27 autrices et auteurs aux langues, aux histoires, aux passés différents, pour se concentrer sur un lieu, une époque qui fait Europe. Des errances, des villégiatures aux fantômes, de la chair aux blessures, des cicatrices à la nostalgie, sept chapitres composent cette Europe qui fait foi littéraire en opposition à cette Europe parfois trop technocratique qui n’a plus d’âme. Cet ouvrage réaffirme la mémoire collective de totalitarismes, de dictatures incessantes et d’un communisme pesant.



Sur 27 textes, certains ont été de véritables claques. Tomas Venclova pour la Lituanie qui affirme « Les pays de l’Europe ne sont jamais à l’unisson, mais dans l’ensemble ils sont en harmonie les uns avec les autres ». Trois capitales, trois mini pays qui déjà sont si différents ne peuvent être qu’une difficulté supplémentaires à l’échelle européenne. Chaque barrière physique ou morale éloigne pas à pas les peuples les uns des autres. Et pourtant Olivier Guez a réussi à diriger un ouvrage qui petit à petit rassembles les voix littéraires à l’autre bout d’une Europe de plus en plus morcelée par les guerres.



Puis il y a le brillant Björn Larsson qui débute son texte par cette particularité qu’en Europe 47 zones où se heurtent trois nations pour le plaisir de visiter « trois pays en trois minutes ». Avec sa patte suédoise, il distingue bien la notion européenne de tous ses avatars sémantiques, il exerce avec sagesse, le droit d’interroger les trois pays scandinaves. L’identité européenne n’est pas encore au firmament de l’unanimité où les trois peuples se renvoient la balle d’une appartenance quelconque. « L’identité est une mosaïque qui se forge à travers une vie ».



Enfin il y a Agata Tucszynska qui nous raconte le ghetto de Varsovie, les réfugiés, la famine, l’enfermement. À chaque texte, je me suis interrogé sur l’inquiétante modernité de tous ces destins. Je n’en ai extrait que trois sur vingt sept et pourtant bien plus sont capitaux pour comprendre ceux qui nous entourent. Ces européens parfois un peu forcés, que nous ne regardons que d’un lointain coin d’œil, qui sont pour certains une menace, pour d’autres des voisins à qui on irait bien demander du sel.



Avec chacune de ces voix, j’ai croisé beaucoup de langues grâce aux traducteurs que l’on doit chaque jour remercier. J’ai vu grâce à ces 27 plumes, tous ces êtres humains qui sont totalement différents de ce que je suis. J’y ai vu beaucoup de langues, de coutumes, de destins croisés, de ressemblances, en somme : du commun.
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Le Grand Tour

L'idée est extrêmement bonne.

Regrouper un texte sur l'Europe par un écrivain majeur de chaque pays de l'union, ne pouvait que me plaire.

C'est l'occasion de s'ouvrir à cette littérature européenne, peu connue, au final.

Les textes couvrent différents thèmes, bien souvent la souffrance vécue par la bêtise humaine !

Malheureusement peu de textes m'ont fait vibrer et donner l'envie d'approfondir l'oeuvre de ces auteurs.

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Les Silences de Dunkelblum

Eva Menasse signe un roman riche et foisonnant autour d'un village autrichien fictif hanté par la mémoire nazie.
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Les Silences de Dunkelblum

L’écrivaine, essayiste et journaliste autrichienne, engagée à gauche, signe un roman au sujet central pour elle, celui du déni des crimes nazis une fois la paix revenue.
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Le Grand Tour

27 écrivains, un par État membre de l'UE, donnent leur vision littéraire de la culture européenne. Une invitation à réfléchir au prix des libertés.




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Le Grand Tour

Pour moi ces photographies représentent davantage que des souvenirs de famille. Elle me rappellent que le papier finit toujours par vaincre la dictature, et qu'il est un pilier essentiel de la démocratie : aucun système totalitaire ne peut façonner le passé à sa guise dès lors que des contemporains ont enregistré les évènements tels qu'ils se sont déroulés. Les papiers et les photos dissimulés dans nos familles ont mieux résisté à l'épreuve du temps que le "tout-puissant" empire soviétique
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Le Grand Tour

L’écrivain publie un ouvrage collectif, forme d’autoportrait de l’Europe par vingt-sept écrivains européens. Une ode à la culture du Vieux Continent injustement délaissée à ses yeux au profit d’un projet technocratique.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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