Eve Jagger

— Ne tire pas de conclusions hâtives, tigresse. Est-ce que ça veut dire que tu me pardonnes pour ce que je t’ai dit, l’autre jour ?
Je lui ai adressé mon plus joli sourire avant de répondre :
— Ne tire pas de conclusions hâtives, patron. Le pardon, ça se mérite.
— Confucius a dit : « Le sage a l’humilité de reconnaître ses torts. »
— Waouh, merci pour cette pensée profonde ! l’ai-je taquiné.
— Imagine alors la profondeur de mes pensées obscènes quand il s’agit de toi, m’a-t-il murmuré.

Chapitre 1 : Cash :
" - Sers-moi.
- Tu dois me confondre avec un croupier de Las Vegas, mais, si jamais tu veux jouer au poker, c'est très volontiers que je t'apprendrai à faire rapidement monter la mise.
- Et le droit d'entrée serait fixé à combien ?
- Une nuit avec moi. Tu ne regretteras pas, et je parie même que tu toucheras le jackpot bien avant l'aube.
Savannah roule des yeux et fait glisser son verre vide vers moi.
- Tu devrais garder tes répliques de play-boy pour une nana réceptive à ce genre de technique de drague.
Je m'accoude sur le bar et plonge le regard dans le sien avant de déclarer :
- Oh, Savy, si je venais à utiliser mes techniques de drague sur toi, tu me supplierais de ne pas arrêter et me remercierais même à la fin."

Un frisson de plaisir me parcourt en me remémorant nos galipettes sur le canapé, et Jackson qui est assis à ma droite se tourne vers moi en haussant un sourcil perplexe avant d’avaler une énième cacahouète.
— Ne me dis pas que tu as froid quand même ?
— C’est pas ce genre de frisson, mon cher frère, rétorqué-je avec un sourire malicieux.
— Ohhhh, beurk ! lâche-t-il avec une moue de dégoût. Je ne veux pas en savoir davantage.

Il porte une chemise blanche boutonnée jusqu’au col et soigneusement glissée sous la ceinture de son pantalon à pinces. Il est bien coiffé et a mis les boutons de manchette qu’il s’était offerts pour son dernier anniversaire. Il a tout de même pensé à se faire beau avant de kidnapper sa femme. Normal, quoi.

- «Ah, salut» ? répète l'intéressée en imitant l'intonation de Jackson. C'est une façon de dire bonjour à sa petite sœur chérie, ça ?

Mon Dieu, je rêve ou... C'est elle, mon amante mystérieuse du Nouvel An !

Oui, elle est là, à quelques millimètres à peine floral. Un sourire sarcastique, vraisemblablement à l'intention de Jackson, étire ses lèvres et...

Minute papillon !

Elle a dit «petite sœur»?!

Putain... De... Merde.

La fille que je me suis tapée et qui hante mes pensées depuis n'est autre que la «petit sœur» de Jackson ?!

C'est une blague, dites-moi que c'est une putain de blague

Chapitre 3 : Jackson :
" - C'est une sacrée gymnaste, celle-là.
Je me rends compte que j'ai été pris en flagrant délit et je m'oblige à reporter toute mon attention sur le petit bonhomme crasseux. Une partie de moi a envie de l'écarter de force de la scène, de l'éloigner de cette fille au visage franc et au membres agiles, et une partie de moi et encore sous le choc de l'instant précédent, où elle m'a regardé droit dans le yeux. Jamais je n'ai perçu une émotion aussi brute émanant d'une danseuse.
Mieux : jamais je n'ai ressenti une émotion aussi brute émanant de quiconque.
Et maintenant j'éprouve une sorte d'instinct de protection vis-à-vis d'elle, ce qui n'a absolument aucun sens."

Chapitre 2 : Skylar :
" ... C'est moi qui ai le pouvoir, là. je leur prends leur argent, et ils ne connaissent même pas mon nom.
Sauf qu'en reprenant mon souffle je commets l'erreur de débutante : je relève la tête et plonge les yeux dans ceux d'un homme en face de moi.
Des yeux comme je n'en ai jamais vu.
Des yeux dans lesquels je pourrais me noyer, putain !"

Tout le monde est de mon côté. Personne ne me juge. Nous faisons partie de la même équipe, et ils me soutiennent sans réserve. Ce sentiment de faire partie d’une famille, voilà ce qui m’était précieux quand j’avais intégré ma première équipe sérieuse, adolescent. Je n’avais pas ressenti cela depuis longtemps.

L’expression de tristesse qui passe sur son visage me frappe en plein cœur. Il me fixe de ses grands yeux bleus et je préfère ne pas trop m’y attarder, de peur d’y sombrer et de perdre mes moyens.

Elle qui prend toujours le temps de se vêtir avec soin avant d’aller travailler a opté pour une queue-de-cheval sauvage et une chemise à carreaux sur un pantalon à rayures. J’ai mal aux yeux !

Sa passion, c’est la mer. Je savais qu’il rêvait de travailler sur un paquebot de croisière. Et c’est aussi ce que j’aime chez lui, son goût pour l’océan. Je n’ai jamais envisagé de lui imposer de rester à la maison… Nous nous sommes toujours débrouillés pour tout concilier et nous avons plutôt bien réussi.

Nous voulions une famille nombreuse. Nous avons toujours partagé ce rêve tous les deux, dès le début de notre relation. Alors je trouve cela dommage qu’il parte si longtemps. Je sais qu’il n’a pas le choix, mais j’aimerais partager le quotidien avec lui.

Le pire, c’est que je me sens déçue, trahie… Et dire que j’ai culpabilisé de partir de chez lui au petit matin sans un mot avant qu’il ne se réveille… Il était probablement bien content que je disparaisse ! Moi qui pensais que nous avions cédé tous les deux à un désir aussi impérieux qu’exceptionnel… Et si c’était tout simplement un gros serial lover ? Habitué à tromper sa femme à tour de bras ? Un connard de plus, finalement ! Mais alors pourquoi est-ce que je me sens aussi triste ?

— Promets-moi quelque chose, tigresse, chuchote-t-il à mon oreille, ce qui provoque un léger frisson sur ma nuque. La prochaine fois que tu auras envie de m’étouffer, fais-le, mais avec tes cuisses. L’oreiller, c’est tellement démodé.

— Vraiment ? Tu me présenteras tes amis aussi ?
— Ça dépend… Tous tes vaccins sont à jour ? Celui contre la rage aussi ?

L’amour, ça ne se prévoit pas, c’est lui qui te trouve, pas l’inverse.