Chaque journée passée au cœur de la guerre est comme une dangereuse maladie dont il faut guérir au plus vite. Quand je me réveille, je regarde les informations avec une curiosité affamée, j’attends que quelque chose bouge, que les valeurs qui avaient cours hier encore soient enfin rétablies. Il est tout de même inconcevable que le monde se contente de regarder les habitants de Marioupol se faire déporter ou tuer dans les abris ; que les gens de Tchernihiv soient abandonnés à eux-mêmes pendant des jours, sans livraisons de vivres ; qu’il y ait autant de morts, de viols, de pillages et encore de morts.
À peu près au même moment, les paisibles habitants de la ville de Berdiansk, dans le sud du pays, se rassemblaient devant les bâtiments de leur administration municipale, occupée par l’armée de Poutine et gardée par des soldats allemands. Les femmes criaient aux soldats, en russe : « Comment pouvez-vous regarder vos mères en face ? Vous avez apporté la guerre et les massacres dans notre pays ! Honte sur vous ! » Il y avait même des personnes âgées dans la foule, elles n’avaient pas peur. Les soldats paraissaient démoralisés, ils répondaient : « Nous sommes venus pour vous protéger! »……. Puis les injures ont commencé à fuser – et les langues ukrainienne et russe en ont une réserve considérable.