« Les Ukrainiens n'ont jamais provoqué, voulu ni soutenu la guerre. le pacifisme compte au nombre des valeurs cardinales de mon pays. J'ai grandi avec une devise : Tout sauf la guerre. Les souvenirs effroyables de la Seconde Guerre mondiale, qui s'est déroulée principalement sur le sol ukrainien, sont encore très vivants.”
Voici les paroles d'
Evgenia Belorusets , écrivaine et photographe ukrainienne qui a tenu ce journal de bord au tout début de la guerre, du 24 février au 5 avril 2022 , pour y raconter le quotidien des habitants de Kiev. Une guerre au XXI eme siècle aux portes de l'Europe qui suscite peur et désarroi alors que le monde se révèle impuissant à l'arrêter. Belorusets photos à l'appui en donne un aperçu personnel, accompagné de réflexions sur l'absurdité de son contexte , de ses raisons et de ses conséquences qui semblent presque surréels.
Une de ses réflexions assez pertinente est sur l'obéissance, déclenchée par l'image d'un soldat russe qui pleure sur une vidéo suite au mal qu'il a fait . Des soldats russes qui tuent, détruisent, incendient sur ordre de leur supérieur, une réflexion que je me fais aussi très souvent non seulement face à ces situations de guerre mais aussi face aux dictateurs ou autres tyrans qui actuellement sévissent dans divers pays à travers le monde. Toutes ces personnes qui obéissent aveuglément ne sont-ils pas des humains? N'ont-ils pas de père, de mère, de femme, d'enfants comme ceux ou celles qu'ils maltraitent, tuent, torturent, violent, ….?????
Nombreux sont les images qui émeuvent dans l'enfer de cette guerre, comme celle des images satellites où on voit le mot « ENFANTS » tracé en lettres géantes à la craie sur le sol, à côté du grand Théâtre de Marioupol où se sont réfugiés un millier de personnes rescapés d'immeubles détruits, comme si quelqu'un avait inscrit ces lettres sur le sol, au péril de sa vie, sans doute pensant que ce simple mot les protégerait des bombes et des obus. Pourtant le théâtre sera bombardé.
Une autre est celle d'une ville du district de Lougansk détruite à 80 % par l'armée russe, une admirable petite cité qui se situait sur le territoire contrôlé par l'Ukraine et s'appelait Chtchastia, en ukrainien « Bonheur ». le bonheur n'existe plus.
Les centres de bénévoles dans les nombreux cours d'immeubles à Kiev une antidote à l'inhumanité de la guerre en est une troisième.
Mais ce qui manque dans cette guerre , ceux sont les mots. Des mots qui peuvent expliquer, rassurer, panser, donner l'espérance d'une solution. Car même ceux qui y sont dedans ne sont pas plus avancés que nous spectateurs lointains, d'où le tragique d'une situation dont on ne maîtrise absolument rien mais qu'on subit comme un condamné à mort qui attend son exécution.
Belorusets se révolte au fait que le monde n'arrive pas à arrêter cette guerre , elle affirme qu'il ne se pardonnera jamais ces crimes. Mais elle oublie que le monde a la mémoire courte. L'Histoire on les lit tous comme des histoires.
Elle a voulu tenir ce journal de bord pour témoigner au Monde à hauteur d'humanité du drame qui se joue dans son pays. le pari est relativement réussi, mais de là pourrait-il apporter une quelconque aide à un conflit sanglant dont on ne vois que difficilement la fin…j'en doute, et c'est dommage ! Mais le lire sera déjà un soutien , même si infime .
« Et quand on se réveille au milieu de la guerre, elle conserve exactement cette qualité : elle reste toujours inconcevable. »