Lorsqu'il s'apprête à franchir le Pont de l’Épée
Lorsqu'il s'apprête à franchir le Pont de l’Épée, Lancelot, dans le récit de Chrétien de Troyes, se déchausse et libère ses mains. S'allégeant ainsi, le chevalier désarmé se met nu face à Dieu, face au sang, face à la plaie du Christ qu'il ravive en se blessant.
Bientôt, à genoux sur cette épée figurant une croix tombée, il accomplira son destin.
Ses compagnons s'alarment, multiplient les préventions : et l'onde félonesse ? et les lions attendant l'imprudent de l'autre côté du pont ?
Lancelot rit, il se sait protégé et rien ne le fera reculer : il faut traverser le mal, faire l'épreuve du sacrifice de soi, pour tenter d'accéder à ce qui n'a pas de nom, au mystère de l'amour absolu incarné dans la légende par la reine Guenièvre, emprisonnée dans le château de Méléagant.
Les fauves n'étaient qu'illusion, enchantement, pure tromperie du Malin, un effet du discours qui craint la vérité.