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3.47/5 (sur 29 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 28/04/1963
Biographie :

Romancier, essayiste, Stéphane Zagdanski est né à Paris en 1963. "Noir est la beauté" est son dixième livre.

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Soleil sombre.

J’écris ceci un mois d’octobre, sous un soleil radieux.
De mémoire de parisien on n’avait connu automne aussi tiède. Il faut dire que, de mémoire d’homme, on n’avait jamais senti si concrètement sombrer le monde.
Le méphitisme règne, la planète mijote, la banquise s’abrase, les fleuves
impassibles s’exorbitent en mascarets mortifères, les rivières acidifiées s’asphyxient, la famine dévore des peuplades apeurées, des espèces animales s’amenuisent à jamais, les pandémies prolifèrent, les paradis les plus sereins se désagrègent dans l’écrabouillant brasier de guerres locales...
Entretemps, Méphisto assure la prospérité de Dr Pharmacie et M. Armement.

L’homme est pour l’homme un clown sordide, sanguinaire et stupide, et personne ne possède la clé de cette putréfaction mal apprivoisée..

Qui s’en soucie ?
Tout le monde, personne.
Le souci en soi est une idée vieille ensevelie sous des monceaux de fausses nouveautés.

« Plus jamais ça ! » ressassent les hébétés, sans saisir que « ça » ne cesse de se perpétrer chaque jour devant leurs oreilles closes et leurs yeux béats.
Et ça n’est qu’un début. Rien n’arrêtera l’atroce fracas.

Ici, à Paris, tout va pour le mieux dans le pire des mondes. Les terrasses regorgent d’humains frelatés accroupis au creux de leur existence de spectres. N’importe quelle bribe de conversation captée au vol donne la nausée à l’idée d’être le contemporain de tels ilotes. La scène de couples d’amants fixant chacun son portable sans s’adresser un mot est devenue d’une abominable banalité.

Pendant que le globe s’abîme, les imposteurs pérorent leurs analyses de caniveau, profitant de ce que personne ne sait davantage qu’eux lire, écrire, ni penser.

Journaux, magazines, revues, cinéma, radio, télévision, amphithéâtres, fictions, essais... tout est léthargique, galvaudé, fangeux, nécrosé et minablement malfaisant. La pensée s’affaisse, l’imposture prolifère. Mille outres à bobards gigotent en boucle, jamais repues de leur veule vacuité.

Le délire croît. Les couloirs et les rames de métro drainent chaque jour davantage de schizophrènes clochardisés, et ça ne va guère mieux à la surface.

Et pendant que des experts en tartufferie flicardière vous parlent chaque soir à la télé, les squales de la haute-fonction fourbissent en coulisses leurs tactiques électorales...
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Stéphane Zagdanski
Mais la Chine, c’est avant tout le chinois, une écriture extraordinairement
active, un langage «tout concret et puissant d’action» (Granet), un continent
pour lequel Sollers va se passionner avec une intransigeante fidélité, où le projet
qu’il poursuit depuis Drame – prendre le monde et ses reflets de vitesse en
faisant coïncider l’acte et le récit –, est enfin possible. «La Chine» écrit-il dans
La guerre du goût, «est aussi une expérience intérieure, universelle, qui devrait
être accessible à tous; une recomposition de l’espace et du temps, de l’audition
et du geste, que notre civilisation planétaire, monomaniaque, affairiste, puritaine
et morbide, ne peut que vouloir déformer et nier.»
Expérience intérieure, mais aussi bien «unité d’un espace parlant
inattendu», dans laquelle nous cessons «enfin d’être doubles», comme écrivait
Sollers à propos d’Artaud, «toute-présence du langage dans lequel nous
baignons. Non pas un langage déjà accessible, codifié, parqué dans la parole dite
ou écrite, mais arrivant de partout, occupant tout, atteignant à la fois notre corps et venant de notre nuit interne, au croisement de l’espace et de la pensée, là où le
non-sens passe dans le sens, et où, en propres termes, nous réalisons nos
signes».
P57
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Stéphane Zagdanski
On ne peut pas ne pas songer à la poésie chinoise, au tsiue-kiu, le «vers
interrompu», dont on dit que «l’idée se propage à l’infini quand la parole
s’arrête». L’écriture s’accélère et se creuse, ainsi, dans Carnet de nuit, où un
voyage de Paris à Venise est concentré en un paragraphe:
«Je regarde l’azalée rouge, puis le dôme du Val-de-Grâce, je
ferme la porte, pluie, taxi, aéroport, Alpes, neige, motoscafo sous
la pluie, tunnel d’eau grise, j’ouvre la porte, je redescends, café,
mouette à la jumelle en suspens sur l’eau, bec orange, calme, près
du grand deux-mâts amarré au quai, le Vaar, de Gibralatar.
(Vaar: Vrai.)»
Lorsque Sollers fait l’éloge des récits courts de Kafka
51 – lequel s’était
aussi pris de passion pour les textes taoïstes –, il pense probablement à la
célérité du chinois, comme lorsqu’il emprunte sa ponctuation à Céline à partir de
Femmes et jusqu’au Cœur Absolu. «Le fonctionnement même de l’idéogramme
chinois pour moi c’est tout ce qu’il y a à raconter; il n’y a pas à raconter autre
chose», dit Sollers dans un texte intitulé Pourquoi j’ai été chinois.
P53
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Stéphane Zagdanski
Les Folies Françaises est nettement un roman transitoire, à partir duquel la
ponctuation «célinienne» s’éclipse, se dissout plus précisément dans une
ponctuation plus souple, toujours rapide (phrases courtes, calmes, claires),
moins saccadée, plus fluide, comme est dissoute l’identité du narrateur qui ne
sera plus nommément l’écrivain «Sollers», (ou «S.») après Les Folies
Françaises.
Ce n’est évidemment pas un hasard si la ponctuation que Sollers a adoptée
depuis Femmes peut se métamorphoser avec Les Folies Françaises, récit d’un
inceste heureux entre un père et sa fille (entre un écrivain et sa langue), soit
d’une jouissance vécue sur le mode du raccourci, du résumé, de la simultanéité
physiologique. Ainsi tout ce qui précède la situation elle-même (mère,
naissance, beau-père, éducation de France) est condensé, expédié («Allons vite à
l’essentiel...») dans les cinq premières pages du roman: «Un mauvais écrivain en
aurait fait un livre.»
P54
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Stéphane Zagdanski
Sollers, dans le texte crucial Pourquoi j’ai été chinois, évoque la légende
chinoise de la naissance de l’écriture, les signes gravés sur la carapace d’une
tortue qui émerge de l’eau, et la révélation que fut pour lui l’idée d’une
possibilité de simultanéité entre «le support et la marque», «le plein et le vide»,
«une gravitation qui contient son propre support au moment même où ça
s’écrit». «C’est le type d’écriture mythique que je cherche, c’est-à-dire une voix
qui raconte la façon dont ça s’écrit pour bien marquer que ça n’est pas quelque
chose qui s’écrit sur une surface mais que l’on est dans un milieu tout à fait
étrange où le fait même de s’écrire produit un espace. Le déploiement d’un
espace ou d’une surface est absolument concomitant au fait que quelque chose y
soit tracé. Il y a simultanéité.»
P57
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Stéphane Zagdanski
Ce qui permet aussi de comprendre la récurrence des sigles, chez Sollers:
WOMANN, FAM, ŒIL, ASTHME... Dans une époque envahie de sigles dits
par des idiots et qui ne signifient rien, le sigle détourné est un idéogramme
humoristique qui rature et condense à la fois tout l’univers social à travers la
loupe d’une de ses facettes.
«que signifie le sigle lafâme leurre absolu féminin pour ânes
masculins encastrables»
Paradis
P54
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Stéphane Zagdanski
J’ai toujours dissocié l’écriture de la publication. Écrire, raturer, penser, comprendre, imaginer, créer, invoquer, cela n’a lieu qu’au moment où l’on est dans le temps, et à l’écoute du temps. Tant que le phrasé palpite sous la main qui se meut, dans l’écriture, puis la relecture et les centaines de ratures et de modifications apportées au texte, quelque chose de vivant émane de vous, qui n’appartient qu’à vous et que nul ne peut abîmer ni détruire. [RARE, p. 195, Galerie Éric Dupont]

La question qui se pose à moi depuis que j’écris n’est donc pas tant liée à la publication – soit à la diffusion de ce qu’un homme, au fond, possède de plus intime : ses pensées déployées en mots – qu’à la méditation de ce qui m’arrive depuis ma naissance. Et ce qui m’arrive depuis ma naissance, et d’ailleurs depuis bien avant elle (que mes parents aient survécu à une tentative de génocide n’est pas anodin), c’est le monde. Écrire, pour moi, depuis toujours, c’est apprendre à « lire » le monde, non pour m’y insérer et y trouver ma place, mais pour mieux le combattre – au sens kafkaïen du combat
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« Je commence à penser que le spectacle », écrit Debord à Martos en 1990,
« qui aussi a développé jusqu’à l’hypertrophie tout ce qui tendait à la bassesse
en chaque individu, a plus détruit dans la tête de nos contemporains que dans la ville de Paris ; ce qui n’est pas peu dire. »
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La chose m'est apparue quand j'avais neuf ans. (...)Taraudée pazr le souvenir de notre bébé martyr Cordelia, ma mère ne savait me proférer sa tendresse que sous la forme d'avertissements tourmentés : 'Tu vas prendre froid à sortir dans écharpe...', 'Mets donc une casquette ou tu attraperas une insolation...', 'Tu finiras par te briser les vertèbres avec ton skateboard...', 'Cesse de lire sous les draps avec une lampe de poche, tu vas t'user les yeux...'. A son insu, par l'acrimonieuse affection dont elle me criblait, à force d'inlassables appréhensions délétères, ma mère me ravageait. Ses préventions nerveuses du pire me lacéraient l'âme. J'étouffais dans cette atmosphère raréfiée par l'angoisse, je dépérissais dans cet environnement de ronces mentales. (...) Je finis par me convaincre que le mieux à faire, pour la soulager était encore d'accomplir une de ses insatiables prophéties de crécelle. (...) Bientôt je n'eux plus qu'une préoccupation : par quel biais sacrifier ma santé florissante de gamin hyperactif aux craintes masochistes de ma mère ? Le suicide, issue trop évidente, n'en était pas une pour moi puisque j'aurais délaissé ma mère et définitivement empêché le transvasement de sa douleur. Ce qu'il fallait, c'était prendre sur moi l'immonde péché de mon père, fracasser ma santé en mille morceaux sans en mourir, afin que le vase maternel se récure enfin de sa torture, que son coeur brisé dans un sourire contemple, apaisé, mon irréparable déconstruction...(...) C'est à cette époque que je commençai à maigrir immodérément.
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Talmoud balbi , yadaim ,
Talmud de Babylone , traité Yadaim ( les mains ),
"Tous les écrits saints rendent les mains impures .... Leur impureté est à la mesure de l'amour que nous leur portons "
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