Là, le Gange commençait à se morceler, et des pans entiers de mangrove et de sable surgissaient des eaux troubles. La nature reprenait ses droits : le fleuve, sauvage, se parait de couleurs vives qui se ternissait a partir de Kanpur. Sur les rives, une végétation brouillonne remplaçait les baraquements. D'humides bosquets offraient une ombre bienvenue et un abri moussu au promeneur. Les rites, savamment orchestrés, restaient identiques : l'aube voyait les villageois laisser leurs savates sur les ghats avant de descendre les marches, calquant leurs gestes millénaires sur ceux de leurs frères tout le long du fleuve saint. Ainsi, les éclaboussements des enfants étaient portes par l'onde de jusqu'à Allahabad; les mains nouées, les étreintes et les secrets partagés étaient chuchotés par les flots, Jusqu'à Patna ; la couleur d'un vêtement altéré par les lessives flottaient jusqu'a Bhagalpur. Et c'était comme un lien liquide qui unissait les peuples, en une transmission spontanée
[...] Le monde n’est pas tendre avec les délicats et les artistes.
Marco, à son habitude, se contentait de sa place : ni érudit ni épicurien, il écoutait le dernier ayant pris la parole et s'accordait à celui-là.
[...] Difficile pour eux de tenter d'échapper à leur destinée. Ce dont ils souffrent ? Ce sont des déracinés. En les arrachant à leur terre, en les séparant de leurs proches, en les coupant de leur famille, on a mutilé une partie d'eux-mêmes.
[...] Il ne parvient toujours pas à réaliser que Maman Hoareau l’a vendu à la France.
Ce n’est pas moi qui suis peureux, c’est le monde qui est effrayant