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Citations de Fawzia Zouari (71)


Par quelle cïncidence extraordinaire, l'Arabe que je suis issue d'une tribu de cheikks enturbannés et de femmes sous le voile, fut-elle amenée à rencontrer cette Gauloise de souche, libre et scandaleuse, à qui elle allait consacrer des années de sa vie ? Je me suis souvent posé la question. Quelque chose de mystérieux a du sceller cette rencontre, et laréalité l'a entérinée : je suis venue vivre sur ses terres de naissance tandis qu'elle s'en est allée mourir chez les miens. Œuvre du hasard ou manœuvre du Destin, je me suis sentie désignée. C'est moi qui parlerai d'elle.
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Son langage collait parfaitement au style des contes qu'elle nous narrait jadis. A tel point que je n'imagine pas de langue plus appropriée aux fables que celle de ma mère.
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Impossible de songer à ma mère sur une chaise, il serait plus aisé d'imaginer le pape sur un kilim. Pas question non plus d'espérer la surprendre dans son lit. Maman ne dormait pas. Ne dormait jamais. Sinon, qui aurait défendu ses enfants de la maladie, des ogres, des voleurs, des djinns et des sorcières reconnaissables à leurs pieds en forme de sabots de chèvres ?
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Fawzia Zouari
"Il y a des jours où je regrette d’être née arabe. Les jours où je me réveille devant le spectacle de gueules hirsutes prêtes à massacrer au nom d’Allah et où je m’endors avec le bruit des explosions diffusées sur fond de versets coraniques.
— Les jours où je regarde les cadavres joncher les rues de Bagdad ou de Beyrouth par la faute des kamikazes ; Où des cheikhs manchots et aveugles s’arrogent le droit d’émettre des fatwas parce qu’ils sont pleins comme des outres de haine et de sang ; où je vois des petites filles, les unes courir protéger de leur corps leur mère qu’on lapide, et les autres revêtir la robe de mariée à l’âge de 9 ans.
— Et puis ces jours où j’entends des mamans chrétiennes confier en sanglotant que leur progéniture convertie à l’islam refuse de les toucher sous prétexte qu’elles sont impures.
— Quand j’entends pleurer ce père musulman parce qu’il ne sait pas pourquoi son garçon est allé se faire tuer en Syrie. — À l’heure où celui-ci parade dans les faubourgs d’Alep, kalachnikov en bandoulière, en attendant de se repaître d’une gamine venue de labanlieue de Tunis ou de Londres, à qui l’on a fait croire que le viol est un laissez-passer pour le paradis.
— Ces jours où je vois les Bill Gates dépenser leur argent pour les petits Africains et les François Pinault pour les artistes de leur continent, tandis que les cheikhs du Golfe dilapident leur fortune dans les casinos et les maisons de charme (bordels) et qu’il ne vient pas à l’idée des nababs du Maghreb de penser au chômeur qui crève la faim, au poète qui vit en clandestin, à l’artiste qui n’a pas de quoi s’acheter un pinceau.
— Et tous ces croyants qui se prennent pour les inventeurs de la poudre alors qu’ils ne savent pas nouer une cravate, et je ne parle pas de leur incapacité à fabriquer une tablette ou une voiture.
Les mêmes qui dénombrent les miracles de la science dans le Coran et sont dénués du plus petit savoir capable de faire reculer les maladies.
— Ces prêcheurs pleins d’arrogance qui vomissent l'Occident, bien qu’ils ne puissent se passer de ses portables, de ses médicaments, de ses progrès en tous genres.
— Et la cacophonie de ces "révolutions" qui tombent entre des mains obscurantistes comme le fruit de l’arbre.
— Ces islamistes qui parlent de démocratie et n’en croient pas un mot, qui clament le respect des femmes et les traitent en esclaves. — Et ces gourdes qui se voilent et se courbent au lieu de flairer le piège, qui revendiquent le statut de coépouse, de complémentaire, de moins que rien !
— Et ces "niqabées" qui, en Europe, prennent un malin plaisir à choquer le bon Gaulois ou le bon Belge comme si c’était une prouesse de sortir en scaphandrier ! Comme si c’était une manière de grandir l’islam que de le présenter dans ses atours les plus rétrogrades.
Ces jours, enfin, où je cherche le salut et ne le trouve nulle part, même pas auprès d’une élite intellectuelle arabe qui sévit sur les antennes et ignore le terrain, qui vitupère le jour et finit dans les bars la nuit, qui parle principes et se vend pour une poignée de dollars, qui fait du bruit et qui ne sert à rien !
Voilà, c’était mon quart d’heure de colère contre les miens...
Souhaitons que l'Occident ouvre les yeux...."
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Je grandissais seule. Dieu était là, mais Il était affairé ailleurs. Les adultes étaient présents, mais ils s’occupaient des affaires de Dieu. La nature m’entourait, me traversait, m’impressionnait, mais elle ne m’enlevait pas le sentiment d’être sans compagnie. Si bien que je pense parfois l’enfance comme une solitude avant tout. Un territoire de confinement situé au milieu de l’indifférence adulte.
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Écrivez, vous voilà au rang des traîtres. Je comprends maintenant pourquoi maman, qui a concédé des youyous à mes réussites scolaires, et consulté les voyantes sur mon destin de futur épouse, ne m'a jamais félicitée pour aucun de mes livres, ni éprouvé le besoin de se renseigner sur mes éventuels succès d'auteur.
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Elle savait sûrement qu'une fois sortie de chez elle, elle ne serait plus que...ce que tu as vu à l'hôpital !
C'est-à-dire une chose simple à manipuler, une peau à inciser de piqûres, des veines branchées à des tuyauteries, un morceau de chair estampillé de plaies, comme des bêtes de boucherie .
Comment peut-on laisser faire ça à sa mère ?
p.78
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C'est ainsi que la femme qui avait l'allure des reines, qui sentait le henné et le musc, perdit peu à peu de sa présence charnelle. Telle une silhouette accrochée à la corde du souvenir, elle se déplaça partout avec le couffin à médicaments, quelle finit par vider de son contenu pour y mettre sa boîte à tabac, son dentier et sa ceinture en coton glissée sur son bassin désormais sans contours.
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La ville n'a pas de goût depuis que maman est sur un lit d'hôpital. L'odeur des épices et du cuir tanné ne semble charrier que des effluves de vies secrètes échappées par les portes des anciens harems. 
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Je m'étais faite à l'idée que maman souffrait depuis des années de diabète et de cécité, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle tombe aussi soudainement dans le coma. Je savais qu'à quatre-vingt douze ans elle pouvait à tout moment rendre l'âme, j'ignorais que c'est à son corps que j'allais être confrontée.
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C'est ici dans la Méditerranée - il faut le répéter - que le monde a été créé. Ici sont nés et se sont diffusés la pensée et l'art, les religions monothéistes se sont développées et le virus de l'écriture - toutes les écritures - s'est répandu, pour porter la mémoire et porter témoignage. La Méditerranée est la mémoire primitive et sa littérature la voix de l'homme, mais aussi de Dieu. Nous devons tout à la Méditerranée, même si nous ne sommes pas toujours à sa hauteur. Comme en ce moment.
José Carlos Llop- Sur la route des gambas
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« Mes parents choisissaient la France. Acceptaient de mélanger les destins, pas le sang. »
« Monsieur l'imam, est-ce qu'on a le droit d'avaler sa salive pendant le ramadan? » Djamel : « Je travaille dans un restaurant de roumis; servir le vin à mes clients équivaut-il à le boire ? » Et l'imam de répondre, sans ciller : « Si vous êtes en train de courir et que vous avalez votre sueur, ce n'est pas comptabilisé. Si, par mégarde, vous avalez une mouche alors que vous jeûnez, Allah vous pardonnera. Quant au vin, il est prohibé pour celui qui le boit, le sert, ou se trouve en compagnie de buveurs. »
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Il peut arriver qu'on perde en une nuit son enfance comme d'autres perdent leur virginité.
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A défaut d’images, l’aveugle recourt sans tri à tous les registres du parler. Et mésestime la portée du mot, dans la mesure où il n’en voit pas l’effet sur son interlocuteur.
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Vous n'aidez pas non plus à réconcilier la République avec ses musulmans. Non seulement vous sapez les efforts d'intégration de générations soucieuses de vivre en paix avec leur pays de naissance, d'adoption ou d'accueil, mais vous portez atteinte aux principes qui fondent ce même pays et qui furent acquis au bout de luttes acharnées, voire au prix du sang: je parle de l'égalité des sexes et de la laïcité.
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Je m’en veux de n’avoir pas été témoin de la passion de ma mère. De son dernier chant de vie. De ses maximes indéchiffrables. De ses expressions qui fleuraient le désir et charriaient des rimes arabes à profusion. Je m’en veux d’être partie loin d’elle. L’exil, c’est peut-être ça : vivre en dehors du temps de sa mère.
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Du couloir, j'observe la configuration des lieux. L'hôpital s'est transformé en théâtre. Le personnage principal, ma mère, est installé dans les coulisses, tandis que le public a déjà pris place de part et d'autre de la scène, les tribus du Nord observant de biais les tribus du Sud, lesquelles regardent en chiens de faïence les gens de la ville qui, eux, sont persuadés d'avoir droit aux loges supérieures.
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Fawzia Zouari
Jour de colère ... http://www.jeuneafrique.com/133421/politique/jour-de-col-re/

Il y a des jours où je regrette d’être née arabe. Les jours où je me réveille devant le spectacle de gueules hirsutes prêtes à massacrer au nom d’Allah et où je m’endors avec le bruit des explosions diffusées sur fond de versets coraniques. Les jours où je regarde les cadavres joncher les rues de Bagdad ou de Beyrouth par la faute des kamikazes ; où des cheikhs manchots et aveugles s’arrogent le droit d’émettre des fatwas parce qu’ils sont pleins comme des outres de haine et de sang ; où je vois des petites filles, les unes courir protéger de leur corps leur mère qu’on lapide, et les autres revêtir la robe de mariée à l’âge de 9 ans.

Et puis ces jours où j’entends des mamans chrétiennes confier en sanglotant que leur progéniture convertie à l’islam refuse de les toucher sous prétexte qu’elles sont impures. Quand j’entends pleurer ce père musulman parce qu’il ne sait pas pourquoi son garçon est allé se faire tuer en Syrie. À l’heure où celui-ci parade dans les faubourgs d’Alep, kalachnikov en bandoulière, en attendant de se repaître d’une gamine venue de la banlieue de Tunis ou de Londres, à qui l’on a fait croire que le viol est un laissez-passer pour le paradis.

Ces jours où je vois les Bill Gates dépenser leur argent pour les petits Africains et les François Pinault pour les artistes de leur continent, tandis que les cheikhs du Golfe dilapident leur fortune dans les casinos et les maisons de charme et qu’il ne vient pas à l’idée des nababs du Maghreb de penser au chômeur qui crève la faim, au poète qui vit en clandestin, à l’artiste qui n’a pas de quoi s’acheter un pinceau. Et tous ces croyants qui se prennent pour les inventeurs de la poudre alors qu’ils ne savent pas nouer une cravate, et je ne parle pas de leur incapacité à fabriquer une tablette ou une voiture. Les mêmes qui dénombrent les miracles de la science dans le Coran et sont dénués du plus petit savoir capable de faire reculer les maladies. Non ! L’Occident, ces prêcheurs pleins d’arrogance le vomissent, bien qu’ils ne puissent se passer de ses portables, de ses médicaments, de ses progrès en tous genres.

Et la cacophonie de ces "révolutions" qui tombent entre des mains obscurantistes comme le fruit de l’arbre. Ces islamistes qui parlent de démocratie et n’en croient pas un mot, qui clament le respect des femmes et les traitent en esclaves. Et ces gourdes qui se voilent et se courbent au lieu de flairer le piège, qui revendiquent le statut de coépouse, de complémentaire, de moins que rien ! Et ces "niqabées" qui, en Europe, prennent un malin plaisir à choquer le bon Gaulois ou le bon Belge comme si c’était une prouesse de sortir en scaphandrier ! Comme si c’était une manière de grandir l’islam que de le présenter dans ses atours les plus rétrogrades.

Ces jours, enfin, où je cherche le salut et ne le trouve nulle part, même pas auprès d’une élite intellectuelle arabe qui sévit sur les antennes et ignore le terrain, qui vitupère le jour et finit dans les bars la nuit, qui parle principes et se vend pour une poignée de dollars, qui fait du bruit et qui ne sert à rien !
Voilà, c’était mon quart d’heure de colère contre les miens. Ouf !
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Je n’avais jamais vu une femme fumer et j’étais subjuguée. Entre ses doigts, ce n’étaient plus de vulgaires cigarettes, ni de la simple fumée, c’était le monde nouveau qui roulait dans les volutes échappées de ses lèvres, et il exhalait une odeur de folles escapades.
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Mon récit est un rendez-vous avec l’enfance, tout simplement. Il tient par la substance miraculeuse du souvenir. Et court sur une trame filant mes histoires, Ebba en fond de toile, avec ses collines et ses vallées, son silo de blé et ses amandiers en fleur, son train, toujours, qui traverse mes récits en passant sur le corps de mes protagonistes écrasés par la souffrance ou le poids du péché. Ma maison de jadis, avec son toit en tuiles rouges, ses dessous de matelas piqués d’amulettes, ses tiroirs remplis de secrets.
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