Car c’est le total des minuscules attentions dont on se souvient qui donne son pouvoir à l’amour. C’est l’accumulation de menus griefs ressassés qui rend la haine si puissante.
Mais ceux qui mentent aux autres se mentent rarement à eux-mêmes. (…) Les mensonges se fondent sur la vérité. Ils sont une déviation de celle-ci.
« L’écrivain demande aux lecteurs de son prochain roman de suspendre leur incrédulité et d’adhérer à une dystopie parallèle où les gens ont toute leur mémoire. Mais le concept à l’origine de l’histoire est tellement tiré par les cheveux que c’en est ridicule. Comment un tel monde pourrait-il exister ? Si les gens comprenaient le vrai sens de la haine (comme le prétend M. Evans), ils passeraient leur temps à s’entre-tuer sans retenue. (...) »
(un lecteur mécontent qui envoie une lettre à un journal suite à un article pour un nouveau roman).
L’amour et la mémoire sont-ils irrémédiablement liés ?
Cela fait des lustres que je n'ai pas écrit. Des mois, en réalité. Mais il y a peu d'intérêt à coucher sur le papier ce qui nous arrive de bien. La fonction cathartique de l'écriture ne vaut que lorsqu'on a de quoi se plaindre. D'un autre côté, un évènement réjouissant rend le processus beaucoup plus plaisant.
On dit que le jardinage a des vertus thérapeutiques ; ça doit être vrai, car le nœud dans mon ventre s’est évaporé. Ou bien est-ce parce que le volumineux tas de feuilles mortes témoigne que j’ai fait quelque chose d’utile ce matin ? Les femmes au foyer comme moi en sont réduites à mesurer leur accomplissement au nombre d’objets rangés ou nettoyés chaque jour.
Je me souviens de tout. Vraiment. Je suis la seule personne au monde capable de se remémorer son passé. Entièrement. Pratiquement dans les moindres détails. Je ne plaisante pas. Et ça fait de moi quelqu’un de très spécial.
Tu ne me crois pas ?
Ça aussi, ça se comprend. Comme cinq milliards de monos autour de nous, tu ne te souviens que de ce qui s’est produit la veille. Tu te réveilles chaque matin la tête pleine de faits. Des informations soigneusement sélectionnées te concernant toi et les autres. Tu titubes du lit jusqu’à ton iDiary posé sur le plan de travail impeccable de la cuisine. Jusqu’à cet appareil électronique, ce maigre filin de sécurité qui te relie au passé. Pressée de lire les quelques détails minables que tu y as consignés la veille au soir. Impatiente de les ajouter aux souvenirs de ce qui s’est passé hier — et aux autres faits stériles et froids que tu as appris sur toi.
Le spectacle qui s’offre à moi est décevant. Pas de corps — pas même dans une housse. Il n’y a là que deux hommes en combinaison blanche et gants de caoutchouc bleus. L’un d’eux est en train de sceller quelque chose dans un sac en plastique.
Comme cinq milliards de monos autour de nous, tu ne te souviens que de ce qui s’est produit la veille. Tu te réveilles chaque matin la tête pleine de faits. Des informations soigneusement sélectionnées te concernant toi et les autres. Tu titubes du lit jusqu’à ton iDiary posé sur le plan de travail impeccable de la cuisine. Jusqu’à cet appareil électronique, ce maigre filin de sécurité qui te relie au passé. Pressée de lire les quelques détails minables que tu y as consignés la veille au soir. Impatiente de les ajouter aux souvenirs de ce qui s’est passé hier — et aux autres faits stériles et froids que tu as appris sur toi.
Il y a trois types d’hommes en ce monde : les coureurs de jupons , les muffles sophistiqués et les escrocs qu’on voit venir de loin. J’ai une fois eu la malchance de rencontrer un homme qui s’est révélé être les trois à la fois.