….dans de nombreuses villes surpeuplées ,comme Tokyo, Jakarta ou Mexico, il y avait eu le cas de personnes qui se rappelaient la vie d’autres personnes. Il ne s’agissait pas de souvenirs de vies passées mais de vies d’inconnus que l’on avait croisés dans la rue ou dans le métro. Il s’agissait d’une épidémie qui se répandait de manière chaotique et dont les conséquences devenaient préoccupantes ….Selon le psychiatre, les souvenirs restaient dans un nuage virtuel qui constituait le subconscient collectif et une erreur quelconque était en train de provoquer un échange hasardeux d’information .
…je crains qu’ils puissent entrer dans tous les systèmes….Ils sont en mesure de décrypter n’importe quel code et d’entrer sans être détectés dans n’importe quelle base de données : banques, gouvernements, entreprises…Ils pourraient mettre le monde sens dessus dessous en quelques minutes.
Si comme tu dis tu as été élevé dans Terra, tu dois savoir que le mensonge et la trahison sont les armes les plus subtiles des puissants.
Peu importe aussi que tu travailles jusqu'à l'épuisement ou que tu renonces à la vie pour poursuivre ta recherche, car tu n'as rien entre les mains. Tu n'as même pas l'assurance qu'il y ait quelque chose sous la terre que tu creuses.
Samuel posa son regard sur les pages du livre. Le sol de planches, secoué par des rafales de vent, vibrait sous ses pieds. Et les signes du livre se mettaient en mouvement mais, loin d'échapper à son regard de myope, ils prenaient vie dans ses yeux.
Et à peine eut-il commencé à lire que ce texte lui apparut sous un jour nouveau. Il ne voyait plus des signes mais des sensations qui, dans sa bouche, se transformaient en paroles parfaitement compréhensibles pour Decelis. Il fut surpris de reconnaitre aussi clairement la voix et les mouvements de Dora Uzelay tandis qu'il lisait le livre. À présent, il pouvait les interpréter avec fluidité, presque inconsciemment, malgré leur sens abstrait et parfois énigmatique.
Qu'est-ce qu'un artiste, d'après toi ? Ce n'est rien de plus qu'une accumulation de mots venus des autres, un tas de sottises et de vérités de La Palisse qui pourraient aussi bien le condamner à l'anonymat que le porter aux nues.
Il n'est question d'aucune image (...). Je te parle de l'air que nous respirons, des cellules et gènes qui nous constituent et nous font être ce que nous sommes. Je parle de sang et de pensée et de douleur, car c'est cela que je perçois dans tout son. (...) Et tu n'ignores pas, même si tu essaies de te le cacher à toi-même, que chaque son est une blessure qui laisse une cicatrice, de même que nous ne sommes qu'un ensemble disharmonieux de bruits, de rumeurs et d'échos. .. Sinon, approche ton oreille de ma poitrine, et écoute mes poumons, et écoute le bouillonnement de mon sang et de mes nerfs... Le musique est une blessure, et nous sommes des blessures, et notre voix est une blessure dans le corps de notre Dieu mort.
Quand quelqu'un se contente de plagier, poursuivit-il, toutes les portes lui sont ouvertes car il est en terrain connu et les gens s'attendent à ce que les oeuvres qu'ils aiment soient reproduites plusieurs fois sous des aspects légèrement différents. Mais quand quelqu'un fait tabula rasa et travaille en plein chaos pour trouver quelque chose qui n'existait pas auparavant, il s'expose à l'égarement et au rejet.
Ces portraits sont morts. Ils n'ont pas d'âme (...) Mais que reste-t-il d'eux ? J'y réfléchis et je ne trouve qu'une seule réponse : il reste leurs maladies, leurs vices et leurs obsessions (...) ce furent précisément leurs défauts et leurs déformations qui les rendirent humains, tout comme nous. C'est curieux mais parfois l'idée me vient que la notion d'âme humaine n'est rien d'autre qu'un mirage pour suppléer à notre nudité et à note vulnérabilité face à la nature. A notre désarroi face à l'écoulement du temps.
La notion d’âme humaine n’est rien d’autre qu’un mirage conçu pour suppléer à notre nudité et à notre vulnérabilité face à la Nature... À notre désarroi face à l’écoulement du temps...