L'histoire de l'Habitude représente le retour de la Liberté à la Nature, ou plutôt l'invasion du domaine de la liberté par la spontanéité naturelle.
Enfin la disposition dans laquelle consiste l'habitude et le principe qui l'engendre ne sont qu'une seule et même chose; c'est la loi primordiale et la forme la plus générale de l'être, la tendance à persévérer dans l'acte même qui constitue l'être.
La victoire couronnant l'esprit qui s'est assujetti la nature inférieure, c'est le résumé en un expressif symbole des grandes époques de la Grèce, c,est celui de la pensée dont elle vécut et qui la fit ce qu'elle fut.
L'habitude, dans le sens le plus étendu, est la manière d'être générale et permanente, l'état d'une existence considérée,soit dans l'ensemble de ses éléments, soit dans la succession de ses époques.
L'habitude acquise est celle qui est la conséquence d'un changement.
Mais ce qu'on entend spécialement par l'habitude, et ce qui fait le sujet de ce travail, ce n'est pas seulement l'habitude acquise, mais l'habitude contracté, par suite d'un changement, à l'égard de ce changement même qui lui a donné naissance.
Or, si l'habitude, une fois acquise, est une manière d'être générale, permanente, et si le changement est passager, l'habitude subsiste au-delà du changement dont elle est le résultat. En outre, si elle ne se rapporte, en tant qu'elle est une habitude, et par son essence même, qu'au changement qui l'a engendrée, l'habitude subsiste pour un changement qui n'est plus et qui n'est pas encore, pour une changement possible; c'est là le signe même auquel elle doit être reconnue. Ce n'est donc pas seulement un état, mais une disposition, une vertu.
La loi universelle, le caractère fondamentale de l'être, est la tendance à persister dans sa manière d'être.
Comme l'effort entre l'action et la passion, l'habitude est la commune limite, ou le terme moyen entre la volonté et la nature; et c'est un moyen terme mobile, une limite qui se déplace sans cesse, et qui s'avance par un progrès insensible d'une extrémité à l'autre.
L'Habitude est donc pour ainsi dire la différentielle infinitésimale, ou, encore, la fluxion dynamique de la Volonté à la Nature. La Nature est la limite du mouvement de décroissance de l'habitude.
Par conséquent, l'habitude peut être considérée comme une méthode, comme la seule méthode réelle, par une suite convergente infinie, pour l'approximation du rapport, réel en soi, mais incommensurable dans l'entendement, de la Nature et de la Volonté.
La nature est tout mouvement, et "le mouvement est une sorte de vie". Pour expliquer les êtres, ce n'est pas l'idée ou le nombre qu'il fallait invoquer, mais l'âme.
La symétrie est la correspondance des parties qui les rend commensurables les unes avec les autres, car tel est le sens du mot. De tous les êtres l'homme est celui où la symétrie est la plus parfaite, les parties y étant les plus proportionnées entre elles et avec le tout.
Lorsque Ravaisson mourut, sa table était couverte de notes écrites au jour le jour pour un dernier ouvrage, dont la maladie qui devait l'emporter si rapidement interrompit brusquement la réalisation. C'est à M. Xavier Léon que fut confié le soin d'en tirer parti. Il en a composé l'article publié dans la Revue de métaphysique et de morale de janvier 1901.
Tous les doutes qu'on a élevés sur le grand poème de l'antiquité, on les a élevés pareillement sur le plus grand monument, peut-être, de la philosophie ancienne; la Métaphysique a eu le sort de l'Iliade. La Métaphysique a-t-elle pour auteur Aristote, ou du moins est-elle de lui tout entière? N'est-ce qu'un assemblage de traités différents réunis, à tort ou à raison, sous un titre commun? Est-il vrai enfin, si c'est un seul et même livre, et un livre authentique dans toutes ses parties, que diverses circonstances, du vivant d' Aristote ou après lui, soient venues en altérer le plan originel, et qu'on y puisse rétablir un ordre plus conforme au dessein de l'auteur? Les critiques se sont posé tous ces problèmes, et ne les ont pas encore complètement résolus : nous devons en chercher à notre tour la solution
La haute philosophie date de l'époque, fort reculée encore et pourtant récente, où l'on reconnut que, pour expliquer l'être et l'unité, il ne suffit pas de la matière conçue comme ce dont les êtres sont composés, mais de quelque chose encore qui donne matière une forme ou manière d'exister.