Une claque, ce livre ! Sigmund Freud (avant la période de la "neutralité", Wilhelm Reich à Vienne, Vera Schmidt à Moscou, la clinique de la Borde... les psychanalystes intégraient la misère sociale dans le processus de d'établissement du diagnostic. Et étaient conscient.e.s des limites de leurs remèdes sans la mise en place d'une politique structurelle luttant contre les oppressions. Il est impossible de s'arrêter à sa lecture, j'ai retrouvé pour la suite les livres de Wilhelm Reich et ses critiques et de Frantz Fanon (bien qu'il ne soit pas traité ici). Merci, Florent Gabarron-Garcia.
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La psychanalyse est-elle une discipline réactionnaire et bourgeoise ? Non, nous dit Florent Gabarron-Garcia qui documente sur un siècle une tradition révolutionnaire au sein de la psychanalyse, ses alliances avec les mouvements anarchistes et communistes, ses remises en cause fécondes de l’autorité médicale. D’où vient alors cette ambition de la neutralité psychanalytique, cette prétendue position hors le monde qui demeure à ce jour l’image qu’on se fait de la psychanalyse ? Gabarron-Garcia relie cette pseudo neutralité au contexte des années 30 en Allemagne et en Autriche, à la montée des fascismes et à l’échec de la révolution russe, qui fait basculer Freud dans un pessimisme anthropologique. Ernest Jones sera l’artisan principal de ce re-positionnement de la psychanalyse, en dehors du politique : en ces temps d’autoritarisme, le psychanalyste britannique à la tête de l’IPA préférera sauver la discipline, au détriment de sa substance et de sa portée créative, en excluant nombre de ses membres engagés politiquement ou juifs (comme l’illustre la trajectoire passionnante et trop peu connue de Wilhem Reich). C’est passionnant, c’est nécessaire, c’est inspirant.
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