Peu à peu, l'expérience fit apparaître un inconvénient du donjon rectangulaire : les coins étaient vulnérables aux mineurs et au bélier, et offraient aux assaillants un abri, un "angle mort" que le feu de la défense ne pouvait atteindre. Les Byzantins et les Sarrasins furent les premiers à construire des tours circulaires ou multi-circulaires qui n'offraient nulle part de rideau à l'ennemi. Mais le plan rectangulaire restait plus commode pour organiser l'espace intérieur, et la transition en Europe, fut progressive. Les ingénieurs expérimentèrent un temps des donjons rectangulaires à l'intérieur et circulaires à l'extérieur.
Le statut du seigneur féodal imposait un mode de consommation ostentatoire, ce qui signifiait principalement, au Moyen Âge, beaucoup boire et beaucoup manger. Le seigneur était à la fois l'homme qui "mange toujours à sa faim", écrit Georges Duby, et surtout celui qui "faisait manger les autres", et il était admiré pour ses largesses. Son prestige se mesurait au nombre d'hommes qu'il nourrissait : domestiques, soldats, main-d'œuvre et invités.
Étienne menaça de pendre le petit Guillaume si le château ne se rendait pas. La menace n'eut aucun effet et Jean répondit froidement qu'il n'avait nul souci de ce fils puisqu'il avait par devers lui "l'enclume et le marteau pour forger des fils encore meilleurs".
Le lendemain, on conduisit donc le petit Guillaume au pied d'un chêne, mais son innocence joyeuse gagna le cœur du roi Étienne, un homme à l'étoffe plus douce que Jean le Maréchal. Il rentra au camp avec le garçon, défendant qu'on le pende ou - autre proposition de son entourage - qu'on le catapultât par-dessus les murs du château. On vit plus tard le roi et le petit Guillaume jouer aux chevaliers avec des branches de plantain et rire à gorge déployée quand l'enfant décapita l'arme du roi. Une telle tendresse dans un monarque était presque aussi peu admirée en son temps que la brutalité d'un Jean le Maréchal. Ainsi peut-on lire dans la Chronique anglo-saxonne, à propos du roi Étienne, que c'était "un homme doux, bon et tempéré, qui ne faisait pas justice".
En sortant de la chambre du malade, le médecin peut lui assurer qu'il sera guéri bientôt, grâce à Dieu ; mais avec la famille, il adopte habituellement un ton plus solennel, sous entendant, qu'il ne veux pas inquiété le malade, mais qu'il est heureux que l'on ait fait appel à la science et à ses services. Il peut laisser une ordonnance d'herbes et de médicaments, et recommander un régime : du bouillon de poule, du lait d'amande, du sirop d'orgeat mélangé à de la figue, du miel et de la réglisse.
La construction de châteaux forts ne fut pas sans avoir un effet profond sur la scène politique européenne. Non seulement un château fort pouvait arrêter une invasion dans une région, mais il pouvait aussi permettre de contrôler de façon efficace la population locale. Ces deux aspects furent bien compris en Europe continentale où les propriétaires des châteaux devinrent bientôt les détendeurs sans rivaux du pouvoir.
La peine de prison était pratiquement inconnue au Moyen Âge. Les tribunaux de l'Eglise condamnaient à des pénitences et des pèlerinages, les cours manoriales à des amendes et les tribunaux royaux à des peines capitales, à l'abjuration et à la mise hors-la-loi. Le hors-la-loi pouvait être capturé ou tué par quiconque et ses biens saisis. Mais il avait souvent des protecteurs puissants et s'attirait parfois la sympathie du peuple. Le prototype de Robin des Bois est sans doute apparu à la fin du XVIIIE siècle, et non pas à l'époque Richard Coeur de Lion, au XIIE siècle, comme l'imagine Walter Scott
La ville d'Europe occidentale, avec tout ce qu'elle sera dans l'avenir, est née au Moyen-âge. En 1250, elle était animée et prospère, pas seulement sur le littoral méditerranéen, mais aussi dans le nord-est du continent. Ce livre entend peindre la vie quotidienne qu' milieu du XIIIe siècle, dans une de ces villes d'Europe qui était alors en plein renouveau : Troyes, capitale du riche pays de Champagne, mais aussi siège d'un évêché et, surtout, de deux célèbres foires de l'époque.
Une autre source importante de revenu est la cause des luttes violentes entre les autorités rivales : la justice. Car les particuliers qui administraient la justice gardent pour eux le produit des amandes et saisis. Aussi les rois, les comtes, les barons, les évêques et les bourgeois se la disputent-ils jalousement. Une des dispositions de la Magna Carta protège les barons anglais contre la perte de leurs lucratives Cours de Justice au profit du roi.
L'élève d'une école cathédrale absorbe relativement peu de véritable savoir scientifique. On peut lui donner un vernis d'histoire naturelle à partir d'une encyclopédie populaire inspirée de Pline et d'autres sources romaines. Il peut par exemple y apprendre que l'autruche mange du fer, que l'éléphant ne craint que les souris et les dragons, que l'hyène change de sexe à volonté, et que la belette conçoit par l'oreille et enfante par la bouche.
Dans les rues, les hommes, les femmes et les enfants ressemblent forts à leurs voisins chrétiens, sinon qu'ils portent cousu sur la poitrine, un cercle ou une roue jaune. Ils parlent un français impeccable, mais utilisent pour écrire des caractères hébreux. Comme les chrétiens, les juifs gagnent leur vie en étant artisans ou marchands : orfèvres, artisans du cuir, tanneurs, souffleurs de verre, tisserands et teinturiers. Dans le Sud de la Franc, ils cultivent la vigne, même si l'agriculture leur est généralement fermée, comme de nombreux commerces. Certains princes éclairés, comme Louis IX de France et Edouard Ier d'Angleterre, sont en faveur de l'abolition des incapacités imposées aux Juifs mais le zèle du premier pour la religion chrétienne lui a fait brûler en place publique des exemplaires du Talmud.