" Comme un miroir, les ruines renvoient l'image de ceux qui les regardent : entre le souvenir de ce qui fut et l'espoir de ce qui sera, l'homme y contemple l'image familière du temps, son double. "
Michel Makarius
Si d'aventure un jour nos pas nous conduisent en de tels lieux, ne croyons pas qu'ils sont morts. Ils sont endormis. Venons-y en curieux, le yeux grands ouverts, l'oreille attentive, et par chance entendrons-nous le souffle des anges.
« La contemplation des ruines est plus qu’une promenade dans le passé ; elle est un appel, un contrepoids aux exigences de la vie en société, un espace propre aux sentiments, à la liberté de pensée et des sens. »
Diderot
Je suis originaire de Lorraine, du Pays Haut, cette région au bassin d'emploi sinistré qui compte plus de friches industrielles que de musées. Même si certaines sont devenues des musées depuis. Ce territoire et cette enfance si bien dépeints dans le roman de Nicolas Mathieu Leurs enfants après eux (Actes Sud, 2018). Un territoire vaut bien un Goncourt. Son titre est tiré d'une citation du Siracide, l'un des livres de l'Ancien testament, mise en exergue du roman :
"Il en est dont il n'y a plus de souvenir,
Ils ont péri comme s'ils n'avaient jamais existé;
Ils sont devenus comme s'ils n'étaient jamais nés,
Et, de même, leurs enfants après eux."
Ça a duré, selon moi, jusqu'à la grande tempête de 77, quand tant de bateaux ne sont pas revenus. On s'est sentis trahis. Oui, c'est bien ça, c'est à partir de 77 que le village a vraiment déserté la chapelle.