Décidément, les femmes sont bien sottes. Comme si on pouvait mourir d’une injection de savon. Marie Louise fait désormais partie des initiées, celles qui savent. Point n’est besoin d’être docteur ou sage-femme. Un peu de savoir-faire et le tour est joué. C’est moins délicat qu’on ne le prétend. Elle se regarde dans la glace et se trouve belle. Emile sera fier d’elle.
Les faiseuses d’anges ont-elles pour autant disparu ? ce serait une erreur de le croire et en 1979, il restait pratiquement impossible de se faire avorter dans une quinzaine de départements, et cela relevait du parcours du combattant dans une trentaine d’entre eux, car les médecins, s’y refusaient, invoquant une clause de conscience que la Loi leur accorde légitimement.
Le monde de la justice n'est que le reflet du monde réel, parfois son miroir déformant. Certains procès, à eux-seuls, résument mieux une époque que bien des livres d'histoire. Ils sont le révélateur tragique des tensions de la société. Qu'importe alors le apparences. La Justice, la vraie, celle que nous ressentons au fond de nos coeurs, n'a que peu de chose à voir avec l'institution judiciaire. Notre langue, simplement, utilise le même mot pour désigner une vertue et une administration.
Elle était aidée dans son ignoble besogne par trois femmes qui lui servaient de rabatteuses et lui envoyaient des clientes. L’information a identifié 26 femmes qui ont reconnu avoir subi des manœuvres abortives consistant toujours en injection d’eau savonneuse poussée jusque dans la matrice à l’aide d’une poire à lavement et d’une canule. Une 27e femme n’a pu être identifiée, mais la femme Giraud a reconnu avoir pratiqué l’avortement de cette dernière
Mais quand Marie-Louise a le dos tourné, le voisinage colporte gaillardement des ragots sur cette femme vulgaire. Ne dit-on pas qu’elle n’hésite pas à payer de sa personne ?
Le monde n'était plus qu'un vaste cimetière. C'est le temps des disparus, des corps sans sépulture, des destins engloutis dans le nauffrage d'un monde.