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2.45/5 (sur 10 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Bologne , le 15/8/1942
Biographie :

Journaliste et auteur italien.
Lauréat du prix Scerbanenco pour Notre agent en Judée.
Franco Mimmi, né le 15 août 1942 à Bologne dans la région de l’Émilie-Romagne, est un journaliste et écrivain italien. Il est principalement connu en France pour son roman Notre agent en Judée, lauréat du prix Scerbanenco en 2000. Franco Mimmi a travaillé en tant que journaliste pour les principaux journaux italiens, tels que Il Resto del Carlino, La Stampa, Il Mondo, Italia Oggi, Corriere della Sera, L'Espresso, Il Sole 24 Ore et L'Unità. Son travail d’écrivain révèle sa volonté de s’attaquer aux grands problèmes de société de notre époque. Certains de ses livres ont été traduits en français, en allemand et en espagnol.

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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
— Sais-tu qui était Samson ?
Pilate s’assit à son tour, sans chercher la protection de l’ombre : il garda les yeux fermés et le visage levé vers le soleil, comme s’il voulait se laisser étourdir par la chaleur. Les terribles démangeaisons s’étaient atténuées et le préfet savourait ce soulagement, disposé à la bienveillance et même à s’intéresser à une des sempiternelles histoires que les Juifs se racontaient en discutaillant et se chamaillant à n’en plus finir. Il fit un signe à un esclave pour qu’il apporte du vin et dit :
— Non, Caïphe, je ne le sais pas. Je t’écoute.
Le grand prêtre lui raconta brièvement l’histoire d’un héros qui avait vécu il y avait mille ans et qui avait tué tout seul, armé d’une mâchoire d’âne, plus de mille Philistins. Si Samson était si fort, c’était parce qu’en laissant pousser ses cheveux par fidélité à son vœu de naziréen, il avait vu aussi grandir sa force. Mais son amour pour une femme vendue aux Philistins le perdit : elle lui coupa les cheveux dans son sommeil, ses ennemis purent alors le capturer et lui crevèrent les yeux.
— Une bien triste fin, dit le préfet en goûtant le vin et portant à ses lèvres quelques dattes.
Caïphe accepta les fruits sucrés mais refusa le vin.
— Triste pour tout le monde, dit-il, parce que ses cheveux repoussèrent et Samson fit s’écrouler les colonnes du temple de Dagon sous lesquelles il fut enseveli en même temps que des milliers de Philistins.
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— Menahem est ici et il veut te parler, dit Jacques. Il savait que le Sanhédrin t’avait relâché et que tu allais arriver. Il a dit qu’il voulait te voir tout de suite.
— Quelles sont les autres nouvelles ? demanda Jésus.
— Il y a de plus en plus de gens qui vont dans le désert, dit Simon.
— Et chaque jour plus d’attaques contre les soldats romains, dit Judas, le plus jeune, qui portait le même prénom que son oncle.
Ses yeux brillaient. Son frère aîné le regarda et devant cette passion juvénile il ne put réprimer un sourire qui creusa les rides de son visage. Il secoua la tête.
— Ce n’est pas comme ça que tu accéderas au royaume de Dieu.
Judas bondit sur ses pieds. Ses longs cheveux noirs ondulèrent, accompagnant le saut agile.
— Mais les légionnaires se méfient de plus en plus, s’exclama-t-il, ils ne quittent les garnisons que lorsqu’ils ne peuvent pas faire autrement. Les Romains ont peur de nous !
— Eux ? peur de nous ? demanda Jésus, ironique.
L’adolescent rougit.
— Ils craignent les zélotes, dit-il en baissant la voix, et il s’accroupit à nouveau sur le sol.
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À peine quelques minutes s’étaient-elles écoulées qu’un jeune homme de haute taille et à la forte carrure entra dans l’atelier, appelant le dormeur à grands cris.
Jésus soupira, contrarié. Il se retourna péniblement et se redressa pour recevoir le nouveau venu. Il se passa les mains sur les yeux et sur les joues deux ou trois fois pour chasser le sommeil qui lui engourdissait les paupières et la mâchoire. Enfin, il leva la tête. En face de lui se tenait Menahem, le fils de son oncle, Judas le Galiléen.
— Tu ne pouvais pas attendre ? demanda-t-il.
L’autre avait l’air menaçant. Il frémissait d’une telle rage qu’elle l’empêchait presque de parler.
— Attendre quoi ? dit-il enfin, que tu nous trahisses tous ? Ou est-ce que tu nous as déjà trahis ? C’est pour cela que les Romains t’ont laissé libre ?
— Tu as été mal renseigné, dit Jésus tranquillement. Ce ne sont pas les Romains qui m’ont arrêté, mais la police du Sanhédrin.
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— Tu vas m’expliquer à nouveau ton plan si subtil et le rôle de ce Jésus. Mais d’abord, que signifie « Naziréen » ?
Sans y avoir été invité, Caïphe prit un siège. Il poussa un long soupir. Il n’était pas facile d’être ami des Romains, ou du moins de ce Romain qui paraissait incapable d’assimiler les notions les plus élémentaires sur le peuple qu’il devait administrer. Pour la énième fois depuis qu’ils avaient noué leur épuisante mais indispensable collaboration, il se mit en devoir de donner au procurateur de César une leçon sans que celui-ci ait l’impression d’en recevoir une.
— Nazara signifie vérité, dit Caïphe, et naziréen, celui qui porte en lui la vérité. Les naziréens sont des gens simples et austères : ils veulent parvenir à un état de pureté et de sanctification et pour cela ils se contentent d’une nourriture frugale, ne boivent pas de vin et ne se coupent jamais les cheveux. Sais-tu qui était Samson ?
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— Tu penses vraiment que je pourrais trahir les miens, Menahem ? Oublies-tu que mon père s’est battu au coude à coude avec le tien et qu’ils sont morts ensemble pendant la révolte du recensement ? Oublies-tu qu’ils ont donné à deux de leurs fils – tes frères et les miens – les mêmes prénoms, Jacques et Simon ? Oublies-tu que plus d’une fois ces jeunes gens ont été arrêtés et accusés de subversion ?
Menahem accepta finalement la cruche que lui tendait Jésus.
— Je n’oublie rien, Jésus, dit-il après avoir bu une longue gorgée. Mais nos pères sont morts depuis plus de vingt ans, tes frères ne sont plus arrêtés et toi, embarqué par les gardes du Sanhédrin, te voilà libéré au bout de quelques jours. Qu’est-ce que je dois en penser ?
Dépliant son impressionnante carcasse, il se leva et, sans laisser à son interlocuteur le temps de répondre, il poursuivit :
— Je crois que si, Jésus : je crois que tu peux nous trahir.
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Il marcha une heure encore à travers un paysage d’oliviers en rangs serrés, s’arrêta une nouvelle fois et leva les yeux vers le sommet de la montagne. Il reconnut l’éperon bossu en forme de dos de chameau qui se détachait de la masse rocheuse et avait donné son nom au gros village qui s’agrippait à ses flancs : Gamala. Le ciel était limpide comme un miroir. Il était encore trop tôt pour les grands vautours qui le sillonnaient paresseusement pendant la journée puis allaient se jeter brusquement sur quelque proie dans une des nombreuses vallées fleuries qui alternaient avec les plateaux escarpés de Gaulanitide. Pourtant, quand il arriva devant sa maison, une des premières du bourg, il trouva sa mère déjà levée, occupée à raviver la flamme pour allumer le four.
Marie leva les yeux et sourit.
— Ainsi ils t’ont laissé partir, dit-elle. La nouvelle est arrivée hier, mais je ne savais pas si je devais y croire.
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Jésus s’adressa à Jacques, plus jeune que lui de deux ans. Tous deux se ressemblaient tellement – même silhouette, même traits – que les habitants de Gamala qui les connaissaient depuis toujours les confondaient parfois.
— Y a-t-il autre chose ? demanda-t-il.
Jacques baissa la tête, comme s’il s’apprêtait à donner une nouvelle déplaisante.
— Menahem veut te voir tout de suite, se contenta-t-il de répéter.
Jésus se leva, étira ses longs bras musclés que sa tunique laissait découverts.
— Maintenant laissez-moi me reposer, dit-il. Pendant ces six jours de marche, je n’ai presque pas dormi.
Il alla au fond de l’atelier, envoya promener ses sandales et s’étendit sur une natte. Il se drapa dans une mince couverture et tourna son visage contre le mur. Ses frères se levèrent et partirent en silence. Lui dormait déjà, indifférent aux bruits du bourg déjà en pleine activité.
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Tes gens avaient besoin d’eau, ils me suppliaient de leur trouver de l’eau, mais ils ne voulaient pas la payer. Aurais-tu préféré les voir mourir de soif, ou renoncer à vos copieuses ablutions rituelles et à celles des autels du temple ? Qu’y puis-je, Caïphe, si ici personne ne veut payer l’impôt ?
Cette fois, ce fut le grand prêtre qui resta muet, parce qu’il savait que le reproche du préfet était fondé. Il renonça à lui faire comprendre que ce n’était pas un problème économique mais religieux : les Juifs ne voulaient pas payer l’impôt à César parce que tout ce qui existe est à Dieu, seulement à lui, et pas à un roi qui prétend être aussi un dieu. Au roi, on ne paye que ce qui lui est dû, sinon on commet un sacrilège. Ainsi il s’en retourna à Jérusalem et expliqua au Sanhédrin et au peuple que, cette fois, il n’y aurait ni excuses ni réparations.
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Menahem haussa les épaules, l’air crâneur.
— Qu’est-ce que ça fait ? s’exclama-t-il. Romains ou sadducéens, ils sont tous du même bord, contre Israël. Et tu ne m’as toujours pas dit pourquoi ils t’ont relâché.
— Je ne te l’ai pas dit parce que je ne le sais pas, Menahem. Tu veux un peu d’eau ?
Tout en parlant, Jésus s’était levé et s’apprêtait à sortir pour aller chercher une cruche d’eau fraîche. Menahem, hésitant, lui fit signe qu’il n’en voulait pas. Jésus sortit et revint avec l’eau. Il le trouva assis sur l’unique tabouret, la tête basse, les doigts plongés dans ses cheveux bouclés. Il lui passa alors la main dans les cheveux, les ébouriffant encore un peu plus, comme on fait avec les enfants pour jouer ou pour manifester sa tendresse. Il dit :
— Tu penses vraiment que je pourrais trahir les miens, Menahem ?
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Souvent les instigateurs étaient des Galiléens dont Pilate avait appris à reconnaître la langue, l’araméen, à son accent rocailleux, bien qu’il en parlât à peine quelques mots. Cependant, le foyer de la révolte n’était pas cette région fertile mais le désert de Judée qui semblait exercer sur les rebelles une attraction dont le préfet ne parvenait à comprendre ni l’origine ni la raison. La guérilla était incessante et, naturellement, à part quelques victoires dans des embuscades que les rebelles tendaient aux légionnaires, elle était bien plus meurtrière pour les Juifs que pour les Romains, lesquels n’hésitaient pas à réprimer dans le sang le chahut le plus insignifiant et à infliger le supplice de la croix à ceux qui avaient échappé à leurs épées.
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