- Cornedieu ! Je conjecturai bien l'issue de ce massacre ! Des bas de poil ! Des couards ! Des parjures incapables de faire une braverie pour transformer ce royaume acéphale ! Et puis celle-là. (Il fixa l'épouse de l'apothicaire). Voyez comme elle s'est pimplochée ! D'épouse exemplaire, la voilà transformée en caillette ! N'a-t-elle pas appris que l'excès de fard et la superfluité du vêtement sont le lot des femmes perdues ? Ah, que je suis dépité de ce comportement ! Et son seigneur et maître... N'a-t-il poins appris que, si mauvais cheval vaut l'éperon, mauvaise femme vaut le bâton ?
Ne te lasse pas de crier ta joie d'être en vie et tu n'entendras plus d'autres cris.
Martin ne comprit pas ce qui lui arrivait. Il resta collé sur ses tuiles jusqu'à ce que la magie s'interrompît bien après la fin de la ballade et la fermeture des fenêtres. La nuit était tombée depuis longtemps et, comme un sommanbule, il regagna sa couche pour s'y tourner et retourner jusqu'au matin, sans pouvoir y trouver le sommeil. Et pourtant, il ignorait à quel point cette rencontre allait modifier le cours de sa vie.
Sans qu’ils en eussent conscience, ils se retrouvèrent nus, l’un contre l’autre. Élise fit l’offrande de son cas, Martin osa montrer son guilleri. Ils se palpèrent, se caressèrent, atteignirent les limites du jeu amoureux, mais ne franchirent pas le Rubicon. Ils avaient encore trop soif d’absolu et savaient bien que leurs ébats étaient provisoires. Tout s’arrêta d’un commun accord et ce fut le corps inassouvi mais le cœur léger qu’ils regagnèrent le moulin.
Chapitre 14
Les laideurs les plus graves sont celles qui ne se voient pas !
Faute d'avoir côtoyé la mort, ils ignoraient le plaisir qu'il y avait à se sentir simplement vivant.
- La peur, on l'a tous au creux du ventre, mais tu verras, dans l'action elle disparaîtra.
Tout cela était répétitif et son intelligence n'y trouvait pas son compte.
Il saisit l’ouvrage avec délicatesse et le porta près de la fenêtre à la lumière déclinante du jour.
– Voyez-vous, ma fille, l’homme capable d’exécuter un tel travail, d’y mettre autant de cœur et de talent ne peut qu’être doux et bénin. Je vous connais bien, Françoise… Vous êtes comme votre mère, une fleur fragile qui ne pourra s’épanouir que dans la tendresse, l’affection, la bienveillance… Eh bien, vous trouverez tout cela auprès de celui qui a été capable de réaliser cette petite merveille.
Chapitre 3
Martin connut un hiver et un printemps lourdement chargés en tâches et corvées, largement assaisonnées de reproches et de punitions, mais en revanche vide de rencontres affectives, car pas une seule fois il n’aperçut l’élue de son cœur. Au demeurant, moins il la voyait, plus il l’idéalisait, et ce fut plein d’une espérance quasi religieuse qu’il attendit l’ouverture du lucarneau donnant accès au paradis.
Chapitre 7