Citations de Frédéric Denhez (47)
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Enfonçons le clou : quand il y a menaces de déchets alimentaires, c'est ou le compost, ou le méthaniseur, ou le ventre du prolo.
Lui qui en faisant son potager a durant la gloire industrielle française largement contribué à la dépollution des sols des corons, gavés de métaux lourds rabattus par les fumées d'usine, se retrouve aujourd'hui dans un rôle comparable, à éviter que le système ne s'intoxique sous ses monceau de surproduction.
Sans les pauvres, le gâchis serait partout.
[définition de la pauvreté]p42
En France, la pauvreté commence donc lorsque l'on gagne 60% de moins que le revenu médian. La médiane sépare deux parts identiques de la population : il y a celle qui gagne plus et celle qui gagne moins. En 2020, le revenu net médian dans le secteur privé est de 1789€. En conséquence, est pauvre un français ou une française qui ne gagne pas plus de 1073€. [...]. Soit 14,8% de la population selon une étude de l'Insee parue en septembre 2020.
Ce pourcentage avait chuté entre les années 70 et 90, il remonte depuis lors, en particulier depuis la crise financière de 2008.
Les lobbies ne font qu'occuper le terrain laissé libre par les politiques.
Pendant des siècles, nous nous sommes méfiés de l’eau, au point de lui préférer le vin, la bière et... les « eaux-de-vie » qui - comme leur nom l’indique - préservaient la vie, parce que leur degré d’alcool limitait le développement des germes.
En cas de forte chaleur, laisser ouvert un réfrigérateur ne rafraîchit pas la pièce. Au contraire, cela sollicite la grille, qui est un vrai radiateur !
Imaginons un monde dans lequel l’eau solide serait plus dense que l’eau liquide. La glace, sitôt formée, tomberait au fond des mers et des lacs. Toute la couche d’eau finirait ainsi par se transformer en glace. La vie marine et lacustre serait condamné à mort.
L’eau est l’un des corps chimiques les plus essentiels de notre planète. Elle doit cette prééminence aux propriétés exceptionnelles, et parfois inattendues, de sa molécule.
Un corps singulier
L’eau rend soluble à peu près tout. Ses propriétés physiques sont étonnantes : elle conduit très bien la chaleur, par exemple, et flotte à l’état solide. Sans elle, la vie n’aurait pu naître sur Terre.
L’exclamation d’un général israélien, par exemple - « Pour le prix d’une semaine de combat, on peut s’offrir cinq usines de déssalement » -, montre que d’autres scénarios que celui d’une crise de l’eau généralisée sont possibles.
(...) des études scientifiques (...) ont démontré un risque de développer un cancer d'un quart moins élevé pour la population qui ne mange que bio par rapport à l'ensemble du pays. Mais est-ce dû uniquement à l'absence de pesticides ? Les chercheurs reconnaissent eux-mêmes que les biais de jugement sont nombreux, car les personnes qui ne mangent que bio ont aussi une hygiène de vie qui correspond aux canons fixés par les autorités sanitaires : elles avalent beaucoup de légumes, peu de viande, boivent peu d'alcool, ne fument pas, consomment très peu de produits ultra-transformés, font rarement d'excès, mangent en calories un bon 20% de moins que le reste de la population, roulent à vélo et marchent, font du sport, ont un niveau de vie et un capital culturel et éducatif élevés, cotisent à de bonnes mutuelles.
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Du milieu du XIVe siècle au milieu du XIX, la température moyenne de l’Europe est de 1 °C inférieure à celle d’aujourd’hui, peut-être à cause d’un ralentissement de 10% de la vitesse du Gulf Stream imputable à une trop grande salinité. Au cours de ce « petit âge glaciaire », nos ancêtres ont subi un climat instable, aux manifestations extrêmes : hivers plus longs et humides, étés plus courts et froids. Deux conditions essentielles pour éclaircir l’extraordinaire avancée des glaciers alpins, le pourrissement des récoltes sur pied, les hivers terribles (1364, 1408, 1435, 1565, 1684, 1789, 1830), des étés parfois caniculaires (1326, 1420, 1422, 1473, 1540, 1556, 1781, 1783, 1846) et l’embâcle régulier des fleuves européens.
En fait, le bio arrive de lui-même dans un esprit éveillé. C'est l'aboutissement d'une cohérence, celle qui fait rimer l'assiette avec la planète. La nourriture a une âme, celle de la valeur que chacun de nous lui donne.
La monoculture sur grandes parcelles est l'ennemie de la biodiversité, autant que le labourage systématique.
L'outil finit par échapper à son maître qui devient son serviteur : quand on peut labourer un sol détrempé, pourquoi se priver ? Dès lors, on ne fait plus que travailler sans s'arrêter, en oubliant que l'agriculture dépend des éléments naturels et que le sol aussi a besoin de repos. À ce stade, l'agriculteur n'est plus qu'un ouvrier mécanicien.
Le bon produit, au bon moment, cuit de la bonne façon, voilà les principes du bon écosystème culinaire. Le choix du bio peut ensuite arriver, et c'est ainsi que la Bio s'installe. Un aboutissement, pour un joli final en bouche.
Bref, si vous voulez du goût, il faut impérativement privilégier les produits de saison. Évitez la cerise bio en hiver, qui a été transportée sur des milliers de kilomètres dans un conteneur réfrigéré. Indépendamment du bilan carbone, un légume ou un fruit hors saison, c'est tout simplement moins bon !
La Bio, c'est avoir cela en tête : pour en savourer tout le goût, il s'agit d'aller jusqu'au bout. C'est-à-dire, vous l'avez compris, finalement pas très loin.
Le goût, c'est d'abord du temps. Ce n'est pas un acte réflexe, celui de McDo et du marketing. C'est une culture et une curiosité, les papilles.
Le goût est facile à leurrer, le dessin d'une église ou d'un pêcheur à pipe suffit sur une étiquette aux tons sépia pour orienter la perception. Néanmoins, il est avant tout le résultat d'expériences personnelles. C'est une culture, qui a besoin d'une bibliothèque de saveurs.
Le goût, c'est notre histoire de vie. Son reflet. Une éducation faite par nos parents et grands-parents à laquelle il est quasi impossible d'échapper, car manger ce qu'on a mangé est l'occasion de se rappeler de tendres moments.
Le goût, c'est comme le beau, c'est une affaire personnelle.
Après l'invention de la cuisson, de l'agriculture, de la conservation, nous sommes donc entrés dans l'ère de l'ultra-transformation, c'est-à-dire l'addition de substances aux produits alimentaires pour en imiter, en exacerber ou en restaurer les propriétés sensorielles supprimées par les procédés industriels.