Si nous voulons accompagner les parents dans leur fonction parentale, ce n'est donc pas en leur disant ce qu'ils doivent faire car, même si nous pouvons avoir un avis, nous n'avons pas la réponse. Celle-ci doit se construire dans la réflexion, et c'est cette réflexion que nous devons accompagner en mutualisant avec les parents nos connaissances, nos observations, nos questionnements, no analyses. De la même manière, les parents peuvent aussi enrichir notre réflexion éducative, pour nous permettre d'ajuster nos positionnements.
Poser qu'il ne faut pas réveiller un enfant qui dort, c'est tomber dans le piège de tout principe (le propre du principe est qu'il cherche à avoir une valeur généralisante) et oublier la singularité de chacun. C'est enfermer l'enfant dans un présupposé sans lui laisser la possibilité de nous surprendre et d'expérimenter. N'est-ce pas lui pourtant qui doit nous guider ?
Travailler en structure petite enfance, ce n'est pas accueillir et accompagner des enfants, mais des familles auxquels ces enfants appartiennent. L'idée d'appartenance peut heurter car un enfant n'appartient à personne. Il n'en reste pas moins que, parmi les liens affectifs qui unissent l'enfant à ses parents, le sentiment d'appartenir à une même famille existe, lui.
Cette non-reconnaissance des besoins différents (ou, autrement dit, cette non-écoute du sujet désirant) amène les professionnels à mettre en place des dispositifs répondant aux besoins attendus, au risque de mettre le parent dans une sorte d'injonction d'adhérer à ce dispositif, sous peine d'être considéré comme un mauvais parent.
Le parent peut aussi reconnaître ses difficultés, avoir besoin d'en parler, sans pour autant avoir envie que nous l'aidions, ou en tout cas que l'aide vienne de nous. Il peut y avoir quelque chose d'agaçant, voire de blessant, dans le fait de recevoir des conseils là où nous ne demandions que de l'écoute.
Ainsi, dans la relation professionnel-usager, une révolution est en marche. Elle nous oblige, et c'est tant mieux, à repenser le travail avec les parents de manière plus symétrique et à arrêter de croire que nous savons pour l'autre, et mieux que lui, ce dont il a besoin.
Car qu'est-ce que le véritable positionnement ? C'est notre capacité à "prendre position", c'est-à-dire à choisir une option parmi différentes possibles, en l'absence de certitudes sur celle qui serait la meilleure à adopter, donc en acceptant qu'on puisse se tromper.
Et ces stéréotypes peuvent être destructeurs, pas seulement pour les adultes que nous avons en face de nous, mais pour l'enfant, car ce qui est en jeu à travers le regard que nous allons porter sur ses parents, c'est sa propre construction identitaire.
[...] l'enfant n'existe pas de manière isolée, mais qu'il appartient à un système familial, et que ses besoins ne sont pas indépendants des besoins des autres personnes qui font partie de ce système, et même du système lui-même.
D'autre part, les transmissions, ce n'est pas forcément écouter, c'est aussi parfois juste observer. [...] Le temps des transmissions, c'est parfois ne rien dire, mais simplement accueillir.