Bien qu'elle n'est pas assez à manger elle-même, elle grandissait et commençait à ressembler à une femme. Elle avait des courbes aux bons endroits et elle était grande, mais pas tout à fait aussi grande que sa mère. Une fleur sauvage qui poussait sans être soignée, arrose par les pluies, réchauffée par les rayons du soleil, elle grandissait.
La vie dans les taudis lui avait appris à s’endurcir, à survivre seule et à subvenir aux besoins de sa fille.
Dans son bidonville, Mvelo fut identifiée comme vierge. Une proie facile, repérable, tel un zèbre courant par les springboks.
Elle avait pitié des filles qui avaient perdu leur virginité mais devraient se soumettre au test par peur de leurs parents. Parfois, elles trouvaient le moyen de tromper les testeuses, en usant d’un morceau de foie cru bien placé pour faire croire que l’hymen était encore intact. Certaines se servaient des craies du tableau noir de l’école. C’était une triste affaire car elles développaient des maladies. Les testeuses découvrirent la technique les filles furent humiliées devant les foules de spectateurs. Et puis il y avait aussi des prédateurs qui chassaient les vierges parce qu’une rumeur circulait selon laquelle un homme positif au VIH serait guéri s’il couchait avec une vierge.
Un génocide sexuel des enfants et des femmes débuta, le viol une arme pour des hommes qui n’avaient plus rien à perdre. Des filles se faisaient violer de tous côtés. Avant de rentrer chez elle, Mvelo apprit comment se protéger en effaçant le point blanc sur son front. Elle n’avait pas besoin de preuve extérieure pour être fière d’elle même.
Tous les trois mois, Mvelo allait faire un test. Le jour ou elle cessa de s’y rendre fut quand l’une des filles plus âgées s’avéra « abimée ». C’est ainsi que les testeuses faisaient référence aux filles qui n’étaient plus vierges. La fille était sur le point d’épouser un chef d’une église traditionnelle qui exigeait la preuve qu’elle était « préservée ».
L'amour qu'il portait à Zola était du genre sans danger, du genre que désirent la plupart des hommes. Ils choisissent une femme qui n'exigera rien deux, afin de se construire une vie confortable et prévisible. Ils choisissent quelqu'un qui fera la cuisine, prendra soin de la maison, pourvoira à leurs besoins physiques ; quelqu'un dont ils assurent la subsistance et qui se contentera en retour de les admirer et de les aimer. (p. 74)
« Quelqu’un qui n’a plus rien à perdre peut lutter au corps à corps avec Dieu, et même peut-être gagner ».