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Estelle Flory (Traducteur)
EAN : 9782264079589
186 pages
10-18 (17/03/2022)
3.96/5   71 notes
Résumé :
La vie n'a pas toujours été aussi rude pour Mvelo, quatorze ans, et sa mère Zola, qui vivent dans les bidonvilles de la périphérie de Mkhumbane, en Afrique du Sud.
Autrefois, auprès de Sipho, l'amant de Zola, un avocat aisé, elles connaissaient de bons moments. Autrefois, Zola était championne de course à pied dans son école, et promise à un bel avenir. Jusqu'au jour où elle est tombée enceinte et où son père l'a reniée, l'exilant chez sa tante qui tient le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Histoire de femmes dans l'Afrique du Sud pauvre et ségrégationniste, « Enrage contre la mort de la lumière » nous entraine dans les bidonvilles de Mkhumbane.
On fait connaissance avec Mvelo, adolescente que sa mère Zola élève seule dans un bidonville ; Il y a bien eu Sipho l'avocat, amoureux de Zola, il s'est occupé de Mvelo comme si c'était sa fille. Oui mais voilà, le destin, tragique rattrape les deux femmes. Zola apprend sa contamination au VIH tandis que sa fille se retrouve enceinte suite à un viol. Malgré les vicissitudes de la vie, elles gardent la rage de survivre dans des conditions précaires. Il ne fait pas bon être une femme noire et pauvre dans cette Afrique du Sud où règne l'apartheid.
On croise tout au long de ce roman plusieurs figures féminines dont celle de Nonceba, Fille d'une amérindienne et d'un blanc, elle est écartelée entre la culture afro-américaine et la culture africaine. Où se trouvent ses racines ? Avocate de la cause noire, son destin va se trouver intimement mêlé à celui de Mvelo.
Les personnages sont nombreux dans cette saga sociale et féministe, et l'on s'y perd parfois quand l'auteur nous raconte par le menu l'histoire de chacun, provocant des longueurs au détriment de l'action. On a envie de savoir comment survivre dans un township, comment combattent ces femmes maltraitées qui doivent élever seules leurs enfants. On aimerait que les questions de l'apartheid, de la domination patriarcales et du combat de militants abolitionnistes soient davantage développées tout au long de ce récit qui sombre trop souvent dans le sentimentalisme. L'effort est louable mais j'ai eu l'impression que l'auteure, obnubilée par ses personnages et leurs relations compliquées, est passée un peu vite sur des sujets sociétaux importants comme les ravages du sida ou encore l'extrême pauvreté et l'absence d'éducation chez ces jeunes filles vulnérables face aux prédateurs sexuels.
Je n'ai pas accroché au style, assez convenu, qui trahit souvent l'effort.
Je reste sur ma faim, dommage car l'histoire m'avait attirée.
Je remercie les éditions 10/18 et Lecteur.com pour cette lecture



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Ce que j'ai ressenti:

Je ne sais ce qui est le plus grave, la mort de la lumière dans les yeux d'une enfant ou son silence devant tant d'injustices…Rager, s'enrager est souvent, pour tous ses oubliés, la seule manière de faire, quand les larmes de colère et de désespoir coulent sur leurs joues… Mevlo et sa mère Zola auraient pu être des espoirs pour leurs pairs, mais la fatalité en a décidé autrement. Elle a collé sur leurs lignes de vies, un karma de déceptions et d'épreuves redoutables…Or, ces deux-là sont fortes et déterminées à mener leurs vies comme elles l'entendent. Elles décident de lutter coûte que coûte, de ne pas éteindre le feu vivant qui les anime même si leurs sacrifices seront considérables. Les suivre, c'est au moins un peu sentir, ce que peut être une vie en marge de la société, mais être aussi subtilement ébloui d'amour. L'amour maternel, l'espérance, la foi et l'esprit de famille vont leur permettre de dépasser les drames et de tendre vers une plus grande sagesse…Et c'est beau de lire cet élan d'amour qui ne semble jamais s'épuiser…

Je ne sais pas ce qui est le pire, la mort de la lumière dans le coeur de ses femmes ou leur silence devant tant de violences. Rager, s'enrager est souvent inenvisageable pour elles, qui subissent autant de malheurs…Cette vie de misère dans les bidonvilles de l'Afrique du Sud est effarante. La condition feminine est alarmante dans tous les secteurs. le problème est, qu'elles sont exploitées, maltraitées, reniées dans l'indifférence la plus totale. Pourtant, Futhi Ntshingila apporte une lueur d'espoir avec ce roman, puisque il fait ressortir la valeur de leur courage. En mettant en lumière, les caractères bien trempés et les belles actions de ces personnages féminins, et parce qu'elles sont unies entre elles et indépendantes aussi, elles en deviennent puissantes et redoutées…Ces femmes souffrent de la pauvreté, de la précarité ou encore des discriminations en tout genre, et pourtant, certaines sont encore pleines de lumière en elles, et donnent à leur prochain sans compter…Et comme c'est doux de lire, cette générosité…

Ce que je sais, en revanche, parce que j'ai vu de la lumière dans ce roman malgré la mort qui s'invite un peu trop, c'est qu'il est plein d'émotions. Il est intense et troublant. Et je ne vais pas rager, m'enrager, non, je vais juste faire fuir le monstre et vous inviter avec cette chronique, à découvrir cette histoire bouleversante, qui vient d'ailleurs…


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Quel livre lumineux malgré des destins chaotiques et brisés.
Mvelo est une petite fille joyeuse qui s'attache au gens mais qui va devoir affronter de nombreuses épreuves.
Pauvreté, maladie, agression, malnutrition, trahison, lâcheté, saleté et va petit-à-petit perdre son innocence.
Mais sur sa route, il y a aussi une mère aimante, un beau-père qui saura lui donner de l'affection, une avocate féministe qui lui montrera le chemin, une grande tante accueillante, un vagabond solidaire, un couple bienveillant et altruiste et les autres.
Les personnages sont attachants avec des femmes fortes et résilientes.
Le rythme est fluide, l'écriture simple et élégante.
Ce premier roman de l'auteure est beau, intelligent et bouleversant.
Un prix des libraires encore largement mérité.
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Février 2021. La prochaine publication de Belleville Édition sera sud-africaine avec l'auteure Futhi Ntshingila originaire de Pietermaritzburg. C'est aussi l'un de mes coups de coeur de ce mois de janvier, l'une de ces lectures qui vous passent le coeur et l'esprit au rouleau-compresseur, parce qu'on a beau se dire, et le crier à grands coups de crayons de bonne conscience, que nous somme des privilégiés, il est difficile de prendre la dimension de l'abîme des difficultés dans lesquelles sont plongés les personnages de l'auteure. Et si l'on regarde son sourire, qu'elle porte grand comme le talent qui est le sien, on ressent immédiatement que c'est aussi grâce où à travers la tendresse de son regard que ces personnages abimés bénéficieront le temps de son roman d'un moment de répit. Il s'agit bien sûr d'une fiction mais on se doute que des Zola et des Mvelo, des filles et femmes reniées, abandonnées, rejetées, exploitées, abusées, maltraitées, il y en a à foison dans les bidonvilles sud-africains. Ce qui ne résoudra en rien la situation qui est la leur, mais qui aura l'avantage de peut-être mettre un frein à certaines attitudes agaçantes et inadaptées de ces sauveurs opportunistes, j'y reviendrai plus loin.

Le titre, issu d'un poème de l'auteur gallois Dylan Thomas, et l'épigraphe sont suffisamment explicites, l'auteure incisive se veut être le miroir sinon exact, plutôt grossissant de ces citoyens, en marge de la société, qui passent leur temps à se dé-battre et à trimer. D'abord les adultes, surtout les enfants. C'est une plongée en apnée dans le dénuement le plus complet, ou le mince fil d'espoir qui relie Zola la mère et Mvelo sa fille au monde est tissé par l'espérance portée par le renouveau du jour. Faim, maladie et froid ainsi que désillusion se battent pour gagner cette guerre engagée contre le corps et l'esprit des deux femmes. Chaque jour c'est un peu plus de terrain qu'elle grignote peu à peu, qu'elle asphyxie leur victime en s'emparant de leur souffle vital.

L'attachement aux personnages, en ce qui me concerne, s'est fait instantanément, et au-delà des personnalités de Mvelo et de Zola, c'est ce lien indéfectible qui relie les deux femmes, seules au monde, qui m'a profondément marquée. le seul lien qui leur soit resté après la maladie, la trahison, l'abandon, après que toutes les galères du monde leur soit tombé dessus. L'auteure dessine au couteau de grandes figures féminines, mère, grand-mère, fille, belle-mère, j'ai incontestablement été fascinée autant par Zola que par Mvelo et Nonceba, qui endosse le rôle de belle-mère, ainsi que par Petra. Ce sont elles, les combattantes, les véritables héroïnes, car les hommes, lorsqu'ils ne sont pas victimes d'accidents malencontreux, sont les modèles du pleutre dans toute sa splendeur, lorsqu'ils ne sont pas des violeurs.

Même si du temps à passer depuis l'Apartheid, les mécanismes de domination qu'il a impliqués ne se sont pas pour autant abolis, la domination des hommes et des blancs s'exerce toujours à travers toutes les formes de violence possible. Il y a ceux qui n'ont qu'à se servir pour asservir leurs pulsions, la forme sexuelle est l'une de ces armes perverse et redoutables qui cause des dommages irréversibles, psychologiques, physiologiques, maladie, et grossesse. Et ce qu'on nomme généralement white saviorism, ce complexe du sauveur blanc, qui permet à certains, d'ailleurs l'auteure est tout à fait transparente là-dessus, de se racheter une conscience à peu de frais, à coups de distribution de bonbons, et de monter de toute pièce la vision idyllique qu'ils voudraient garder intact, paravent d'un océan de dénuement.

Enrage contre la mort de la lumière. C'est un magnifique plaidoyer pour la vie alors même qu'elle est impitoyable avec ceux-là même qu'elle maltraite le plus durement, c'est un livre de rage, celle-là même qui leur reste au fond des tripes pour les faire tenir debout, si le combat est présent, c'est davantage un combat contre les aléas de la vie, pour retrouver cet élan vital, mais surement pas un livre de guerre. Bien au contraire, dans cette rage contre leur destin, j'y ai ressentis une volonté d'apaisement et c'est un peu cette résilience-là, cette force qui est la leur de pouvoir passer pardessus ce qui les a atteints dans leur chair, qui est également la force de ce touchant roman.

J'ai aimé découvrir cette entraide, cette solidarité intrinsèque, cette intimité naturelle, cette affection qui lie entre eux tous les personnages de ce roman, qui prennent soin les uns des autres au milieu de cet enfer ou ils vivent, où même s'ils sont les victimes des politiques ségrégationnistes, ils parviennent à surpasser, finalement, cette séparation, l'héroïne, s'il y a bien un personnage de roman qui mérite cette appellation, c'est bien Mvelo, a la capacité de dépasser l'horreur dont elle a été victime et de retrouver la paix. Même si l'Apartheid n'est pas vraiment le coeur du sujet, ses conséquences restent indéniablement en toile de fond, l'auteure y démonte cette société sud-africaine totalement fractionnée

J'ai appris beaucoup de choses de ce roman, en plus de l'Afrique du Sud et de ses différentes ethnies, du courage et de la volonté de ces femmes, dotées d'un caractère, et surtout de leur dignité face aux circonstances qui les ont menées en lisière d'une existence qui leur a laissé bien peu de chance de sortir des taudis ou quatre bouts de tôles leur sert d'abri face au reste du monde, de trouver la force de continuer, de célébrer et respecter la vie des leurs au-delà même leur mort. J'ai découvert avec plaisir l'écriture de l'auteure, qui possède un talent de conteuse hors-pair, et a su créer des personnages tellement proches du réel et mettre en place une narration dont sont nées de percutantes images dans mon imaginaire à mesure que je tournais les pages électroniques du livre.

Voilà mon premier coup de coeur de l'année, aussi fort que l'intensité de cette histoire issue des mots qu'aligne l'auteure sud-africaine au cours de ces 200 pages et aussi flamboyant que la couverture du livre, illustrée par la dessinatrice sud-africaine Agrippa M Hlophe, aussi éblouissante que le récit qu'il renferme. Je ne lis jamais de littérature sud-africaine, pour le coup je me suis totalement fiée à l'avis de Belleville Editions, je suis très heureuse d'être sortie de ce que l'on peut appeler ma zone de confort et d'avoir pu découvrir ce poignant mais magnifique roman.




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La littérature sud-africaine est féconde depuis longtemps, y compris pendant les temps honnis de l'apartheid, mais elle a le plus souvent été blanche et masculine. Avec Enrage contre la mort de la lumière, Futhi Ntshingila donne enfin une voix aux héroïnes invisibles de son pays, maltraitées par la vie, la société et les hommes mais courageuses, obstinées et résilientes. Dans les trente premières pages du livre, une adolescente est violée (Mvelo) et sa mère décède du Sida (Zola) : mort de la lumière et entrée dans le désespoir ? Forcément, le lecteur a peur d'avoir devant ses yeux un lourd mélodrame à tendance misérabiliste. Mais c'est ne pas connaître l'auteure qui va alors entreprendre un retour vers le passé et revenir aux racines de son histoire. Au fil des pages, l'on retrouvera Mvelo et Zola mais aussi d'autres personnages magnifiques et fiers, des femmes principalement, victimes mais combattantes. C'est bien d'un mélodrame qu'il s'agit mais proche de la réalité, dans les bidonvilles de la banlieue de Durban, et conté avec un sens aigu du rythme et un style percutant. Après nous avoir plongé dans le noir, Futhi Ntshingila fera finalement entrer la lumière et l'émotion dans ses derniers chapitres, n'hésitant pas à convoquer hasards et coïncidences pour mieux conjurer le sort. Impossible de ne pas l'accompagner vers la renaissance, lessivé et ébahi par sa puissance narrative. Les éditions Belleville ont pris l'habitude de défricher des territoires littéraires peu courus des grandes maisons françaises (Iran, Arménie, Slovaquie, Slovénie, Croatie ...). Enrage contre la mort de la lumière confirme cette ardeur à promouvoir des textes qui sortent des sentiers battus. Et avec quel éclat !
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critiques presse (1)
LeMonde
15 février 2021
L’écrivaine signe le roman convaincant et habité des femmes pauvres de Durban dans l’Afrique du Sud du début du siècle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Bien qu'elle n'est pas assez à manger elle-même, elle grandissait et commençait à ressembler à une femme. Elle avait des courbes aux bons endroits et elle était grande, mais pas tout à fait aussi grande que sa mère. Une fleur sauvage qui poussait sans être soignée, arrose par les pluies, réchauffée par les rayons du soleil, elle grandissait.
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Dans son bidonville, Mvelo fut identifiée comme vierge. Une proie facile, repérable, tel un zèbre courant par les springboks.

Elle avait pitié des filles qui avaient perdu leur virginité mais devraient se soumettre au test par peur de leurs parents. Parfois, elles trouvaient le moyen de tromper les testeuses, en usant d’un morceau de foie cru bien placé pour faire croire que l’hymen était encore intact. Certaines se servaient des craies du tableau noir de l’école. C’était une triste affaire car elles développaient des maladies. Les testeuses découvrirent la technique les filles furent humiliées devant les foules de spectateurs. Et puis il y avait aussi des prédateurs qui chassaient les vierges parce qu’une rumeur circulait selon laquelle un homme positif au VIH serait guéri s’il couchait avec une vierge.

Un génocide sexuel des enfants et des femmes débuta, le viol une arme pour des hommes qui n’avaient plus rien à perdre. Des filles se faisaient violer de tous côtés. Avant de rentrer chez elle, Mvelo apprit comment se protéger en effaçant le point blanc sur son front. Elle n’avait pas besoin de preuve extérieure pour être fière d’elle même.

Tous les trois mois, Mvelo allait faire un test. Le jour ou elle cessa de s’y rendre fut quand l’une des filles plus âgées s’avéra « abimée ». C’est ainsi que les testeuses faisaient référence aux filles qui n’étaient plus vierges. La fille était sur le point d’épouser un chef d’une église traditionnelle qui exigeait la preuve qu’elle était « préservée ».
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La vie dans les taudis lui avait appris à s’endurcir, à survivre seule et à subvenir aux besoins de sa fille.
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L'amour qu'il portait à Zola était du genre sans danger, du genre que désirent la plupart des hommes. Ils choisissent une femme qui n'exigera rien deux, afin de se construire une vie confortable et prévisible. Ils choisissent quelqu'un qui fera la cuisine, prendra soin de la maison, pourvoira à leurs besoins physiques ; quelqu'un dont ils assurent la subsistance et qui se contentera en retour de les admirer et de les aimer. (p. 74)
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« Quelqu’un qui n’a plus rien à perdre peut lutter au corps à corps avec Dieu, et même peut-être gagner ».
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