Maintenant que nous avons constaté l'existence de ce pouvoir transcendant de l'âme humaine, il est utile de chercher dans quelle mesure il peut servir pour l'explication des faits inconnus révélés par l'écriture automatique. Il faut d'abord éviter de tomber dans le travers de ces critiques qui prétendent attribuer tous les résultats à la même cause. L'expérience nous apprend que la clairvoyance naturelle se produit rarement, et lorsque l'on désire l'étudier expérimentalement pendant le somnambulisme provoqué, on s'aperçoit vite qu'elle n'est ni fixe, ni persistante, ni illimitée, ni exempte d'erreurs.
La doctrine des vies successives ou réincarnation est appelée aussi Palingénésie, de deux mots grecs Palin, de nouveau, génésis, naissance. Ce qui est très remarquable, c'est que, dès l'aurore de la civilisation, elle a été formulée dans l'Inde avec une précision que l'état intellectuel de cette époque lointaine ne faisait guère présager. En effet, dès la plus haute antiquité, les peuples de l'Asie et de la Grèce ont cru à l'immortalité de l'âme et, mieux encore, certains se sont préoccupés de savoir si cette âme était créée au moment de la naissance ou si elle existait antérieurement.
Il faut être affecté d'une cécité intellectuelle bien prononcée, pour ne pas se rendre compte que les phénomènes si variés de clairvoyance démontrent, avec évidence, l'existence en nous d'un principe spirituel différent de la matière. Examinons impartialement les faits, et nous constaterons que les hypothèses matérialistes ne peuvent plus se soutenir à la lumière de ces connaissances nouvelles.
La voix d’un Esprit se fit entendre, s’écriant : « Monsieur Cook, il faut débarrasser la gouttière, si vous ne voulez pas que les fondations de votre maison soient attaquées. La gouttière est engorgée. » Fort étonné, on fit un examen immédiat. C’était vrai! Il avait plu et la cour de la maison était pleine d’eau qui avait débordé. Personne n’était instruit de cet accident avant que l’Esprit ne l’eût annoncé de cette façon remarquable.
Les grands médiums, qui sont si rares, ne se produisent pas d’emblée. Il faut un certain temps pour arriver à obtenir des phénomènes physiques. D’un côté, le médium a besoin d’entrainement, et l’Esprit qui dirige les manifestations est obligé de s’exercer pour manier les fluides subtils avec la plus grande précision.
La plupart des somnambules voient un fluide lumineux brillant environner leur magnétiseur et sortir avec plus de force de sa tête et de ses mains ; ils reconnaissent que l'homme peut le produire à volonté, le diriger et en imprégner certaines substances. Plusieurs le voient non seulement pendant qu'ils sont en somnambulisme, mais encore quelques minutes après qu'on les a réveillés. Il a pour eux un goût qui est très agréable, et il communique un goût particulier à l'eau et aux aliments. Quelques personnes aperçoivent ce fluide lorsqu'on les magnétise, quoi qu'elles ne soient pas en somnambulisme ; j'en ai même rencontré qui le voient en magnétisant, mais ces cas sont extrêmement rares.
Le moi, écrit Taine, l'âme, ce sujet prétendu de la pensée, gardant son unité, son identité, sous le flot mouvant des sensations, des images, des Sentiments, c'est une illusion. Il n'y a rien de réel dans le moi, sauf la file des événements.
La vue spirituelle, vulgairement appelée double vue ou seconde vue, lucidité, clairvoyance, ou enfin télesthésie, et maintenant cryptesthésie est un phénomène moins rare qu'on ne le croit généralement; beaucoup de personnes ont cette faculté sans s'en douter; seulement elle est plus ou moins développée, et il est facile de s'assurer qu'elle est étrangère aux organes de la vision puisqu'elle s'exerce sans le secours des yeux pendant le somnambulisme naturel ou provoqué. Elle existe chez certaines personnes dans l'état normal le plus parfait, sans la moindre trace apparente de sommeil ou d'état extatique.
La vérité est tout autre. Les manifestations par lesquelles l’âme, après la mort, démontre sa survivance, sont nombreuses et très variées. Nous en avons fait l’historique dans d’autres ouvrages (i), nous n’y reviendrons donc pas ici. Il nous suffira de rappeler que les phénomènes peuvent avoir un aspect purement physique, comme les mouvements de table ou d’objets divers, avec ou sans contact ; les apports, les lumières produites dans l’obscurité, la lévitation, les matérialisations, etc., puis les manifestations intellectuelles présentées parles médiums voyants auditifs, écrivains, etc.
Il existe une parfaite ressemblance entre les manifestations extrasensorielles de l’âme pendant la vie, et après la mort. Un fantôme de mort est identique à un fantôme de vivant : et ceci n’a rien de surprenant. Un homme n’étant qu’un esprit revêtu de chair, lorsque cet esprit s’évade de sa prison charnelle, pour un instant ou pour toujours, sa situation dans l’espace est rigoureusement la même dans les deux cas, d’où résulte l’absolue similitude des apparitions des vivants et des morts.