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Citation de enkidu_


— Vous avez été fous, tous les deux. Elle, de vouloir arrêter le temps, de prétendre user du corps d’un adolescent comme d’un filtre magique, pour rejoindre sa propre adolescence : toi, d’organiser ce ménage à trois, avec ce gosse. Vous avez commis là un contre-sens absolu, une atteinte fondamentale à votre relation érotique. Je le répète, de la folie pure. Un jeu satanique, entre la partouze et le voyeurisme, où chacun caressait et tenait la chandelle. D’où la réaction de Véro qui jusque dans les bras d’Anthony ne se sentait pas libre, autonome, puisque c’est sous ton œil, avec ta bénédiction, que cela se passait. Elle ne pouvait que se mettre à te détester, à te jalouser, à haïr ta présence, ton contrôle et cette complicité du lit qu’elle vivait comme une surveillance. Certainement, elle t’a souhaité mort ou à mille kilomètres, ce qui est la même chose, et Anthony serait resté à Paris quinze jours de plus, elle aurait peut-être tenté de t’assassiner. D’une certaine manière, vous vous êtes, en effet, assassinés. Le seul qui s’en sortira, c’est Anthony, délicieusement flatté, encensé, choyé, masturbé. Un joli souvenir d’enfance. Quant à vous… socialement, c’est Véro qui dans cette histoire laissera le plus de plumes, mais ontologiquement, c’est toi le plus fortement interpellé : sur Dieu, sur l’amour, sur l’Eglise… ce drame doit être pour toi l’occasion d’un éveil, d’un dépassement, d’un approfondissement de ta vision de l’éros. Le mal, ce serait la recherche de l’oubli dans des étreintes sans amour, la régression. Surtout, tu ne dois pas succomber au seul péché irrémissible qui est la perte de la foi en soi (à ne pas confondre avec la confiance en soi). Nos fautes les plus graves font partie de notre enfantement ; elles ne nous coupent pas de Dieu. Aujourd’hui, toi, le séducteur, le conquérant, tu es rejeté par la femme que tu aimes, trahi, nié, humilié, tu fais l’expérience de l’échec, de la dépossession. Que cette épreuve t’apprenne à ouvrir les mains. Songe que la vie du Christ n’a été qu’une série d’échecs, que les quatre premières Béatitudes sont de pauvreté, de dépouillement, et que ce n’est qu’après cette descente aux enfers qu’elles parlent de lumière, de paix. Ad lucem per crucem. La seule théophanie, c’est la croix. Et, puis, ne t’abandonne pas à la mauvaise conscience : qu’elle ait trente-six, vingt-six ou seize ans, chaque âme est libre, et la responsabilité de Véro, celle d’Anthony, sont aussi fortes que la tienne. Cette toile ambiguë, vous avez été trois à la tisser…
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