Rencontre avec Marie-Lazarine Poulle et Clara Arnaud / 5 juin 2021
Mais coudonc, qu'est-ce que t'es allée tataouiner dans le bois ?! Tu ne le sais donc pas que c'est plein de branches qui peuvent te crever un oeil ? Tu crois que je n'ai rien de mieux à faire que te secourir si t'es blessée ? Mais, maudit, toi t'en as qu'une de chose à faire : ne pas te faire mal ! C'est trop difficile à comprendre pour toi une affaire de même ? Il faut que je te l'explique comment ? Tu-ne-vas-pas-dans-le-bois. Tu-ne-te-crèves-pas-un-oeil. Tu-ne-me-compliques-pas-la-tâche, m'a-t'il asséné en détachant bien les syllabes. C'est-tu assez clair pour toi cette fois-ci ?!
Nous ne pouvions nous attarder. Les journées de janvier sont très courtes, la nuit arriverait vite et, avec elle, un froid encore plus intense. Moins quinze, -20 °C était supportable, mais -30 nettement moins. Les casse-croûte ont été rapidement engloutis, les thermos rebouchées, les affaires ramassées. Il a fallu remettre les couches de vêtements, éteindre le feu, fermer la porte de la cabane, enfourcher les motoneiges.
« Sais-tu quoi ? Ils ont parié entre eux que ça ne prendrait même pas une semaine pour que la maudite biologiste française rentre en braillant à Québec pleurer dans les jupes de Philou ! »
Charmante ambiance ! Cette remarque a cependant eu pour mérite de réveiller ma combativité jusque-là écrasée par l'appréhension. Ils s'attendaient à ce que je rentre en pleurant à Québec ? Eh bien, ce ne serait pas si facile de se débarrasser de moi. Je ne serais pas seule à brailler !
-Tu sais quoi ? Le mieux serait encore que tu te fasses oublier.