… je suis curieuse de voir comment tout ça va finir. J’espère une épiphanie, ou un twist ending, parce que rien me fâche autant qu’une oeuvre d’auteur pompeuse avec une fin ouverte et aucun clôture. Le temps est trop précieux pour des histoires de marde qui t’apprennent rien.
(Le Cheval d’août, p.75)
J’étais rien d’autre qu’un brouillon triste sur le point de virer au drame, et il m’a donné une raison de vivre. Le Roi a remplacé l’angoisse pis l’envie de briser des choses par des après-midis entiers à le regarder explorer joyeusement le même carré de pelouse, jour après jour. Il a été le seul être à m’aimer, pendant une éternité, et sa longue face rousse de loup précieux mangeur de kleenex a endormi le monstre un bon bout de temps.
(Le Cheval d’août, p.60)
Quand t’as vu naître et mourir assez de jours pour constater que les couleurs de la nature s’agencent à la perfection, que les patterns des nuages se trouvent aussi dans l’eau, l’air et le sang, que des ouragans habitent nos iris et que la peau du dos de nos mains se fendille comme la surface des déserts. Je croyais savoir ce que ça signifiait d’être dépassée par la beauté des choses, quand j’étais plus jeune, de m’étouffer sur elle comme on mange une vague en pleine face, mais j’avais pas encore appris que, derrière le chaos, il y avait l’harmonie.
Je me sens aussi seule et tragique qu’une ampoule qui brûle dans une pièce vide, au dernier étage d’une maison abandonnée sur un sommet que personne gravit jamais, dans le pays désert d’un continent mort.
Faire la paix avec l’urgence de vivre le plus de jours possible, avec la mort qui arrive sans qu’on y puisse quoi que ce soit, et les années qui passent comme autant de portes qui se ferment, avec tout ce que je comprendrais jamais, genre jusqu’où va l’univers, et pourquoi les framboises goûtent les fleurs.
C’est facile de discuter avec ma mère, surtout si t’as rien de spécial à dire. Il suffit d’insérer des mots-clés sur un sujet donné au moment opportun, et elle s’arrange toute seule.
J'aurais pas cru que vieillir me rendrait aussi cynique. Avant, j’arrivais à apprécier la beauté sans me mettre des bâtons dans les roues.