Mais surtout il y avait l’activité interlope très dense de cette zone tampon : des vaisseaux tapis dans l'ombre mouvante, les fuyards, les contrebandiers, les aventuriers, les scientifiques en marge, les Exbalteiens faisant le guet, les Terriens en affaire... Autant de personnes que la structure de la ceinture pouvait empêcher de voir longtemps à l'avance. Les radars étaient rendus fous par l'irrégularité des pierrailles en pesanteur.
Traverser cette ceinture c’était un peu passer de Charybde en Scylla, puis affronter un Cap Horn aux airs de la côte somalienne dans sa grande période de piraterie. On y guettait guet-apens et naufrageurs de l’espace. C'était davantage que franchir l'équateur et de se faire baptiser par Neptune. C’était un embarquement sur le Styx sans Charon pour vous guider. On ne savait vraiment quel cercle des enfers l'on atteindrait. Puisque de l’autre côté, c’était le non droit, l’inconnu, c’était une autre humanité.
Il devinait le vide intersidéral qui dérivait autour de lui. Les vents solaires lui apportaient comme le bruissement du vent iodé de ses lointains souvenirs, le doux murmure de la rumeur venue du centre lointain de la galaxie, aussi lointain que son premier âge.