ACTE I, fin Scène VIII
...
Étienne
Monsieur, c’est un monsieur qui demande à vous parler. Voici sa carte.
Moulineaux, échangeant un sourire d’intelligence avec Étienne.
Voyons… ah ! parfaitement !… (À Bassinet.) Je vous demande pardon, monsieur Bassinet, c’est un raseur, mais je ne peux faire autrement que de le recevoir.
Bassinet
Un raseur !… Ah ! je connais ça, faites-le entrer !… (S’asseyant à droite.) Je vais rester là, ça le fera partir.
Moulineaux, à part.
Hein ? Comment, il va rester là ! quelle colle ! (Haut.) C’est qu’il veut me parler en particulier…
Bassinet
Ah ! c’est autre chose. Qu’est-ce que c’est que ce raseur ?… (Prenant la carte des mains de Moulineaux.) Chevassus !… Ah ! c’est Chevassus, je le connais très bien ! Je serai enchanté de lui serrer la main !… Je m’en irai après.
Moulineaux, interloqué.
Hein !… Non vous ne pouvez pas !… Ca n’est pas lui, c’est… son père.
Bassinet
Il n’en a jamais eu.
Moulineaux
Alors c’est son oncle, et il désire ne pas être vu. Allez ! allez !… Il le fait lever.
Bassinet
Ah ! très bien (Il fait mine de sortir au fond, puis, arrivé à la porte, il se dérobe, et se dirige vers la porte de droite deuxième plan.) Dites donc, je vais attendre dans la pièce à côté. Il sort.
Moulineaux
Comment ! il ne s’en ira pas ! Ah ! ma foi, tant pis, je l’y ferai droguer toute la journée !
Bassinet, reparaissant à la porte.
Au fait ! une idée. S’il vous embête, votre raseur, j’ai un moyen de vous en débarrasser. Je sonnerai, je vous ferai passer ma carte et vous direz que c’est un raseur que vous êtes obligé de recevoir !…
Moulineaux, Oui, oui, c’est bon, allez ! allez ! Si vous êtes fatigué, dormez, il y a une chaise longue.
Bassinet sort.