C’est son ultime voyage présidentiel, comme le dernier tour de piste d’un vieux cheval de manège.
À bientôt soixante ans, il est conscient d’avoir passé l’âge de courir d’Asie en Afrique et d’Afrique en Amérique du Sud dans le sillage de chefs d’État qu’il a toujours exécrés. Mais ce qu’il ne supporte pas, c’est d’avoir été mis au rancart sans préavis et sans motif valable, comme une chemise sale !
Il se sent, vous savez, comme ces vieux chimpanzés pouilleux et acariâtres que l’on chasse à coups de dents.
« Il faut partir, Michel, cela fait trop longtemps que tu es là. », lui a expliqué son rédacteur en chef. Tu parles ! Comme s’il ne coulait pas de source que l’ordre venait d’en haut, de la présidence !
Tout le monde a remarqué que le chef de l’État le battait froid. Pas un bonjour, pas un regard et, surtout, le refus obstiné de répondre à ses questions, que ce soit en petit comité ou lors des conférences de presse.
Veut-il lui faire payer son fichu caractère ? Sa réputation de journaliste politiquement incorrect ? Ou obéit-il à d’autres motivations plus secrètes, plus personnelles ?
Toujours est-il que, dans moins de deux mois, Michel Brouwer se retrouvera au mieux chômeur, au pire retraité avec une pension réduite à la portion congrue. Et encore ! Si l’État n’a pas implosé d’ici là et, avec lui, le versement des retraites.
Brouwer l’a toujours dit : bien qu’elle soit plus discrète qu’en Sicile ou au Mexique, la corruption est une spécialité française, et la classe politique un nid de vipères. S’il exagère ? Allons donc ! Ne traite-t-on pas depuis des décennies le pays des droits de l’homme de république bananière ?
Elle s'appelait Marta Cage. Dès ses premiers mots, prononcés avec un léger accent, je sentis son embarras. C'est qu'il lui arrivait quelque chose de si particulier qu'elle ne savait pas par où commencer. Comment dire. Elle avait épousé un Australien qui partageait sa vie à Sampa depuis plus de quatre ans. Jusqu'à ce qu'en juin dernier, il disparaisse.
― Il a disparu comme ça, d'un coup.
― Disparu ?
― Oui, volatilisé, désintégré ! dit-elle d'une voix tendue comme un fil sur le point de rompre.
C'est un Etat dans l'Etat , le linge sale s'y lave en famille .
Tous ont été abattus froidement , systématiquement , et achevés d'une balle dans la tête .Un travail méthodique , digne d'une équipe d'exterminateurs de blattes .
Cavalier, lui, ne peut s'empêcher de penser que ce gouvernement n'est pas pire que les précédents et que la France souffre d'un mal chronique : la dérive monarchique. A ses yeux, elle n'est qu'une démocratie en trompe l’œil, avec des lois d'exception, et un scrutin majoritaire que fausse complètement l'expression populaire. Sans parler de la toute puissance de l'État, une espèce d'hydre qui étouffe les politiques et impose ses règles.
A tort ou à raison , il c'était mis dans la tête qu'il n'avait pas la manière avec les femmes .