Tout un courant de pensée cultive cette tendance à transférer sur des boucs émissaire étrangers à la nation les frustrations et les aigreurs engendrées par une succession de déceptions historiques.
Chaque système contient en lui-même les germes de sa propre mort.
Les doctrines totalitaires ont sans exception appuyé essentiellement leur crédit, leur capacité de mobiliser leurs partisans, non sur leur référence théorique à la source des valeurs, mais sur la diabolisation de l'Autre qui devenait le foyer principal de leur action, de leur dynamique, de leur expansion.
A travers les ruptures idéologiques, les crises financières, les chutes des dictatures et les avancées de la démocratie, on voit se dessiner la continuité d'un déclin de l'humanité qui est à la mesure des progrès technologiques, des performances boursières et des discours biaisés. (p.14-15)
Tous les totalitarismes du XXè siècle ont été des spiritualismes inversés, les vecteurs d'une théologie négative. (p.20).
Les marginaux sont désormais les critères de la nouvelle normalité; les minorités soudent le consensus. (p.24).
L'essence de la provocation est dans l'inversion des valeurs. (p.17).
Toute révolution se défait pour recréer les conditions de l'aliénation qu'elle voulait détruire.
L'une des leçons de l'expérience totalitaire vécue sous le régime soviétique a été celle du "tiers inclus", à savoir l'espionnage des âmes exercé par un pouvoir inquisiteur qui s'installait à l'intérieur même des consciences. (Incipit, p.11).
L'ordre capitaliste libéral utilise le principe du tiers inclus afin de faire passer la nécessité la plus impitoyable pour la liberté inconditionnelle et illimitée dont il se réclame. (p.31).