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2.97/5 (sur 35 notes)

Nationalité : Maroc
Né(e) à : Fés , le 03/09/1946
Biographie :

Après une vie de crimes et dix-huit années de prison, Gérard Fauré tourne la page et raconte ce qu'il a vécu.

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Alors, c’est toi le mec dont on me vante les mérites ? Bien. Tu vas reprendre du service dès aujourd’hui, avec tes amis, si tu veux bien. J’ai une mission de la plus haute importance, que tu ne peux pas te permettre de refuser, ni de rater. Compris ?
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À Paris, j’étais tellement connu du monde de la nuit que des mannequins, des chanteuses, des écrivains et des actrices parmi lesquelles Fiona Gélin, Jeanne Moreau, Annie Girardot, Françoise Sagan et d’autres dont le nom « m’échappe », s’asseyaient à mes côtés avant que les danseuses de cabarets ne viennent les bousculer, dans l’espoir de glaner un petit paquet de coke que je ne manquais jamais de leur offrir, pour accompagner le champagne qui coulait à flots à ma table. Que pouvait m’importer de distribuer l’argent facilement gagné, du moment que cela me permettait d’être sous tous les projecteurs et convoité par les plus belles femmes de Paris, tout autant que par les patrons de boîtes huppées, tel Hubert Boukobza, des Bains-Douches, qui m’attendaient avec impatience pour me prendre entre cinq et dix grammes à prix d’ami : 400 francs le gramme au lieu de 800, ce qui était ce que je payais à l’achat. En retour, je ne payais pas, en général, les bouteilles que je commandais et que j’offrais à volonté, ni les copieux dîners. Les patrons des boîtes les plus en vogue étaient tous mes « amis », quand ils n’étaient pas mes complices. Tous en effet encourageaient la vente de coke, que je confiais aussi à mes lieutenants et à quelques revendeurs « agréés ». Ils étaient persuadés à l’époque que la cocaïne était synonyme d’ambiance folle et qu’elle ne pouvait que populariser leurs discothèques.

La vie était belle. Les meilleurs restaurants de Paris. Les magnifiques danseuses de cabaret. Le show-business qui me faisait la cour, de jour comme de nuit. Les vêtements de grandes marques que j’arborais volontiers histoire de frimer un peu plus encore. Les belles voitures. L’argent qui coulait à flots, et tous les faux amis, lèche-culs et autres pique-assiettes que je m’étais faits… Que demander de plus au bon Dieu ? Ou au diable ?

Rien ! J’étais un homme comblé, doté par ailleurs d’une santé de fer et d’un cerveau qui fonctionnait bien. Cela était-il suffisant pour faire de moi un homme heureux ? J’en doutais. Car j’avais conscience que ce monde qui m’entourait était artificiel, quand il n’était pas pourri et vil. Quand je prenais de la distance, ce que je faisais était à mes yeux stupide et pathétique. La femme de mes rêves ? Je ne l’avais pas trouvée dans ce petit monde glauque corrompu par la drogue, la luxure et l’argent. Des filles prêtes à tout pour une ligne de coke, oui. Des perles de cultures qui se faisaient passer pour d’authentiques perles sauvages. De la contrefaçon, de pures imitations qui se la jouaient femmes du monde. Des femmes avec lesquelles je n’avais vraiment pas envie de faire de la poésie. Des femmes à qui je n’avais pas la moindre envie d’offrir des fleurs. Loin de la perle avec laquelle j’aurais voulu construire ma vie…
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Charles Pasqua, c’était une autre histoire. Lui, j’en suis sûr, n’était certainement pas consommateur de drogue, mais il avait protégé de nombreux gros trafiquants. Je pense à quelques bandits corses, mais aussi
marocains.

Il ne l’avait pas fait pour l’argent, il n’en était pas vraiment friand. Il était plutôt axé sur la sécurité du territoire. C’est pourquoi le trafic de cannabis l’intéressait particulièrement. Le marché permettait de se mettre dans la poche les caïds des cités, qui le revendaient en toute impunité, faisant en contrepartie régner le calme dans leurs quartiers. Son obsession, depuis toujours, c’était la sécurité dans le pays en général, et en Corse en particulier.
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Page 163 :
En parlant de J.L. Delarue :
il demandait à quelqu'un de mettre une petite pierre de cocaïne dans une sarbacane de sa fabrication et de la lui souffler dans la gorge... Après quelques années de ce genre de consommation, mon ami s'était chopé un cancer de l'estomac... La cocaïne, il ne faut pas l'oublier, c'est fait d'acide chlorhydrique, un produit très corrosif, alors forcément les dégâts sont inévitables avec le temps...
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Aucune coke ne ressemble à une autre. Certaines, comme la colombienne, vous donnent envie de danser, de faire l’amour, mais rendent très agressif, parano et méfiant. La bolivienne rend morose, triste, et pousse parfois au suicide. La meilleure est la péruvienne, qui augmente votre tonus, votre joie de vivre et pousse à la méditation, au questionnement. La vénézuélienne a des effets uniquement sur la performance sexuelle. Les autres, brésilienne, chilienne ou surinamienne, ne sont que des pâles copies.
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Les voyages que je faisais vers Gibraltar, port franc à l’époque, pour y acheter de l’alcool et des cigarettes, s’ils me rapportaient beaucoup moins, étaient bien moins périlleux et m’évitaient d’avoir à mes trousses les Britanniques, qui étaient sans pitié pour les trafiquants de cannabis, mais très tolérants, voire inexistants, lorsqu’il s’agissait de produits vendus chez eux. Les Espagnols quant à eux, véritables prédateurs de contrebandiers, étaient moins virulents quand il ne s’agissait que d’alcool et de cigarettes allant en direction du Maroc, ce qui m’enlevait deux épines du pied. Restaient les Marocains, qui lorsque l’on faisait entrer chez eux des produits illicites comme l’alcool et les cigarettes, avaient les dents bien aiguisées, la gâchette facile et redoublaient de vigilance, de méchanceté et de rapacité. D’une part parce que le Maroc étant un pays musulman, l’alcool y était interdit, d’autre part parce que la cigarette faisait de la concurrence au cannabis qui à lui seul représentait un marché sans équivalence dans le royaume : il faisait vivre toute la région du Nord, soit plusieurs millions de Marocains, et surtout il enrichissait les douaniers tout en assurant une vie confortable au reste du Rif. Voilà ce à quoi j’étais confronté.

C’était quand même bien moins dangereux qu’à l’époque où j’avais les trois marines du service des douanes – britannique, espagnole et marocaine – contre moi, chacune avec des intérêts divergents et chacune mettant beaucoup d’ardeur à me coincer quand je les croisais. Alors, si je ne voulais pas terminer dans le ventre des requins qui traînaient dans la région ou dans les geôles sordides d’un de ces trois pays, il ne me restait qu’une solution : changer de cap.
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Après quelques années, j’étais devenu l’incontournable « Gérard le Français », connu et respecté de tous les criminels, fussent-ils serbes, croates, arabes, turcs, français, sud-américains ou hollandais, et par toutes les jeunes femmes de Rotterdam, de La Haye et d’Amsterdam pour lesquelles j’étais devenu une idole. Certaines utilisaient mon nom comme faire-valoir, surtout parmi les prostituées, dont beaucoup prétendaient être sous ma protection lorsqu’elles étaient ennuyées par des petits voyous. Le respect que j’inspirais à ces gens était né le jour où j’avais criblé de balles, sans le tuer, une petite fripouille de mac français qui malmenait les jeunes Françaises qu’il faisait trimer dans les vitrines plus de quinze heures par jour, en ne leur laissant pour vivre qu’un cinquième de ce qu’elles gagnaient. Les gens de la prostitution se connaissant d’une ville à l’autre, et même d’un pays à l’autre, cela me valut d’être adoré par toutes les prostituées de classe et d’être craint par leurs macs. D’autant que j’avais aussi balafré et presque égorgé un Serbe qui voulait faire travailler de force une Française de La Haye enfermée dans un bordel contre son gré.

Les policiers et les grands voyous, j’avais définitivement forcé leur admiration en tirant une balle dans l’abdomen d’un des hommes les plus dangereux de Hollande. Un Gitan borgne sans foi ni loi. Un jour, se voyant refuser l’entrée d’une boîte de nuit par la patronne, ce Gitan cassa une bouteille qu’il tenait à la main et la planta dans les yeux de la dame pour en faire une borgne comme lui. À la demande « tarifée » de son mari, j’intervins aussitôt et lui tirai dessus. Cette histoire aurait pu me valoir dix ans de prison : comme je lui avais tiré dans le dos, je ne pouvais pas invoquer la légitime défense. Pourtant, je n’ai pas fait un jour de prison pour cette affaire. Mieux ! Jamais les policiers ne se sont présentés chez moi alors que tout La Haye savait que j’étais celui qui avait mis le Gitan dans un sale état. Si la balle ne l’avait pas tué, elle avait endommagé son foie au point que pendant les six mois qui lui restaient à vivre, il a vécu avec un sac en plastique pour recueillir ses excréments et son urine. Ce n’est que le jour de sa mort que les policiers ont débarqué chez moi, non pas pour m’arrêter, mais pour me féliciter d’avoir débarrassé la société d’un être aussi nuisible. Incroyable mais vrai ! Pour couronner le tout, le roi des Gitans en personne est venu me féliciter d’avoir débarrassé sa communauté de cette crapule notoire et m’assurer de son indéfectible amitié. Qui pouvait faire mieux ?
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À l’âge de 15 ans, en obsédé sexuel que j’étais, je m’étais enfui du domicile familial à Tanger pour aller en Scandinavie, en falsifiant des documents pour sortir du pays. Mon unique objectif : sauter de belles blondes aux yeux bleus, à la peau blanche et douce. J’y allais pour me faire trois ou quatre nanas en quelques semaines. Mais arrivé au Danemark, à ma grande surprise, cela ne se passa pas comme je l’avais prévu.

Des filles, il y en avait à foison. Par contre, les beaux mecs étrangers bronzés étaient rares. Du coup, dès le premier jour je fus littéralement pris d’assaut. Mais si des jeunes filles venaient s’installer à côté de moi dans le parc où j’étais assis, elles ne le faisaient ni pour ma beauté ni pour mon atypisme, c’était pour mon sperme ! Comme si j’étais un étalon.

Je m’explique. Dans les années 1960, pour pallier le déficit démographique dans leurs pays, les gouvernements de Suède, du Danemark et de la Norvège avaient instauré la politique de la « fille mère ». Le but était d’inciter les jeunes filles qui ne voulaient pas continuer leurs études après l’âge de 16 ans à procréer et à devenir mères au foyer, moyennant un salaire, un appartement, un vélo avec siège-enfant, et toutes sortes d’aides… Pour beaucoup d’entre elles le projet était alléchant. Elles n’avaient qu’une chose à faire, trouver le géniteur de leur choix – dans mon genre si possible, moi qui semblais en être un excellent pour ces demoiselles. Ce qui fait que mes vacances ne m’ont pratiquement rien coûté, car les demoiselles ne venaient jamais les mains vides… Puisque je n’étais pas très friqué, je ne voyais pas pourquoi refuser leurs dons, car dons il y avait, pas en argent mais en victuailles.
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La recette Pasqua consistait à constituer des "mouvements patriotiques", en vérité violents, avec des voyous peu recommandables. Comment les rémunérer ? Tout simplement avec l’argent provenant de gros braquages de banques et de bijouteries, commis en toute impunité. Avec Pasqua, tout était possible, du moins pour les membres du SAC. Patriote, certainement prêt à mourir pour son pays, il gardait en revanche un œil attentif sur les caisses du parti. Moyennant la moitié de nos gains, il nous garantissait l’impunité sur des affaires juteuses et triées sur le volet, sachant exactement là ou il fallait frapper.
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On a découvert avec indignation une des facettes de Jeffrey Epstein, ce richissime esclavagiste sexuel qui recevait la fine fleur du business international, de la politique et même un membre de la famille royale d’Angleterre, et leur offrait des mineures en pâture. Choquant, bien sûr… Mais ce qui me choque, moi, c’est que l’on a connu pire en France et que cette affaire n’est jamais sortie au grand jour.

Bernard L. était un odieux proxénète qui vendait des enfants aux pédophiles de la haute société parisienne, au vu et au su de son protecteur, le commissaire du VIIIe arrondissement. Ce dernier lui demandait, pour fermer les yeux sur ces activités nauséabondes, des parties de jambes en l’air avec des enfants, de la coke et bien sûr des « enveloppes » mensuelles, bien grasses. Cet homme-là, qui a trahi honteusement sa fonction, ne mériterait-il pas de passer en justice ? Et Bernard L., propriétaire ou gérant d’un hôtel cinq étoiles, le Beverly Hills, situé près des Champs-Élysées, près de Chez Régine, ne méritait-il pas d’être mis hors d’état de nuire ?

Pourtant il avait pignon sur rue, « importait » allègrement et sans scrupules de jeunes enfants issus de la misère, qui venaient le plus souvent du Brésil et parfois de pays voisins, avec leurs mères et parfois leurs pères. Avec la complicité de membres de la police de l’air et des frontières de Roissy-Charles de Gaulle, il faisait venir, tous frais payés, des mères dans le besoin avec leurs enfants. Il les faisait entrer en France « par la grande porte » avec un soi-disant contrat de travail de femme de ménage, et à Paris il les installait dans des chambres de bonne qui lui appartenaient.
[...]
L. était protégé par toute une clique de puissants pédophiles qui s’en mettaient plein le nez avec la coke que je leur apportais. Moi je fournissais en coke tous ces salopards, en toute impunité, qui me la payaient grassement et cash, sans jamais discuter le prix. Même des réceptionnistes étaient de mèche avec le patron, car en échange d’un bon salaire, d’un peu de coke de temps en temps et parfois la permission d’abuser d’un enfant gratuitement une fois par semaine, ils fermaient les yeux sur tout ce qu’ils voyaient et entendaient. Les femmes de ménage, elles, étant souvent les mères des petits que Bernard destinait à l’abattage, devenaient par force les complices de ses activités illicites et nauséabondes.
[...]
Ce n’est plus un secret aujourd’hui, que l’on retrouve parmi les serviteurs de Dieu de grands pédophiles, tel l’évêque de Chartres qu’un de mes amis avait mis à l’amende pendant des années parce qu’il avait violé son jeune frère. Mon beau-père, Léon Noël, qui fut ambassadeur de France au Vatican, m’a raconté des histoires de cérémonies occultes au cours desquelles de jeunes prêtres se faisaient « introniser ». À la parution du récent livre d’enquête Sodoma, j’ai compris qu’il ne m’avait pas menti.

En France, dans les années 1980, la pédophilie ne se limitait pas à quelques figures dévoyées du show-biz. Je pense notamment à un pervers sexuel, ministre de François Mitterrand, que l’on trouvait pratiquement tous les soirs à l’Adams Club, un club échangiste huppé. Dans une ville de province, dans les années 1970, cet homme était déjà connu très défavorablement des RG locaux pour ses dérives, la cocaïne aidant, avec des mineurs. Ma source est un homme des RG, un cocaïnomane invétéré, qui recevait de ma main entre 2 et 5 grammes par jour selon les renseignements qu’il m’apportait.
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