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Critiques de Gérard Lefort (29)
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Les Années déclic

Un très beau livre que j'ai adoré de la première à la dernière ligne, de la première à la dernière photo. On y croise énormément de (beau) monde : Piccoli, Truffaut, Koudelka, BB, Malraux, La Callas, Pelé, Montand, Romain Gary, parmi des dizaines d'autres. Les reproductions sont de très belle qualité, la mise en page élégante. Et les photos sont commentées par Gérard Lefort avec humour, avec un art du détail pour insister sur un détail que l'on aurait peut-être pas perçu. On sent tout à la fois une passion pour cette époque et pour les photos de Depardon, mais également un regard contemporain qui interroge ce passé à la lumière de notre regard, sans tomber dans le procès, on est plutôt dans la distance ironique et cela m'a beaucoup plus. Que signifie ce geste de Mastroianni dans le bas du dos de Brigitte Bardot ? Ces badauds qui regardent une troupe de danseurs noirs, que regardent-ils vraiment ?

Le livre restitue à la fois un air du temps, celui des années 1960-1970 en particulier (mais quelques photos sont postérieures), mais c'est l'occasion de regarder une expo photo particulièrement réussie. Je découperais bien quelques pages pour les accrocher au mur : Truffaut et Léaud riant aux éclats, Antonioni marchant dans la rue à Paris, et par-dessus tout une photo du tournage des Choses de la vie, vraiment sublime.

Entre la légèreté d'un pas de danse entre Aznavour et Dario Moreno, et le beau sourire de Gilles Deleuze, un livre de photo d'une grande profondeur et d'une plaisante légèreté. Bref j'ai adoré, mais il me semble que je me répète...
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Daho l'aime pop !

« Il n’est pas de hasards, il est des rendez-vous, pas de coïncidences » affirmait il y a quelques années un certain Monsieur Daho,, dans ce qui est sans doute une de ses plus belles chansons « Ouverture ».



Le Rendez-vous qu’Etienne Daho, dont les tubes dansants ou mélancoliques font partie partie prenante de l’existence de tout un chacun, a donné à tous ses fans à la fin de l’année 2017, quatre ans après Les Chansons de l’innocence retrouvée était de surcroit aussi attendue qu’explosive.



Sur tous les fronts de l'actualité son exposition à la Philharmonie, Daho l'aime pop !, retourne sur son parcours agrémenté de clichés personnels.



Dans cette expo, Étienne Daho déplie l'histoire de la pop. L'artiste se fait guide et narrateur de 70 ans de pop française. " L'exposition revient sur cet univers musical en 200 photographies, dont une bonne partie du chanteur lui-même. Tout au long de sa carrière, en multipliant hommages, reprises et collaborations, Etienne DAHO a montré qu’il était un exceptionnel passeur d’histoires et d’images. Il est aussi un photographe méconnu.



Je n’ai pas pu voir l’exposition mais j’ai plongé dans le catalogue d’exposition, livre au format relativement petit (24,5 x 1,8 x 19 cm)



À l'aide de photographies dues à de très divers mais talentueux artistes - dont, en fin d'ouvrage, Daho lui-même -, de courtes biographies et d'essais parfois un peu lourds rédigés par divers auteurs, il s'agit d'approcher une idée de la pop musique française telle qu'imaginée par le chanteur rennais désormais sexagénaire.





Un très grand nombre de chanteurs et chanteuses, auteurs-compositeurs ou seulement interprètes, est présenté, dans des clichés plutôt iconiques, très fréquemment noir et blanc.



De sublimes compositions qui montrent à quel point l’expression artiste complet prend tout sens sens avec Daho.
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Les amygdales

C'est l'histoire d'un garçon qui observe sa famille à la loupe, la dénigre à tour de bras : " Aux aguets perpétuels, je suis tout ce que je vois ".

Cet enfant , le narrateur, entre neuf et douze ans n'épargne personne.

Il grandit dans une maison pleine de domestiques, entre une mére fantasque, déjantée, vaguement mondaine et alcoolique , un pére insomniaque, mou et faible, deux frères encombrants et une petite soeur au prénom "à la noix" ;tous enfermés , cloîtrés dans une province ennuyeuse........

C'est un roman d'apprentissage foisonnant d'anecdotes drôles, une plongée dans l'intime ironique et vacharde ,dans l'histoire des faiblesses humaines.



Le narrateur se fait acide, essaie de jouer tous les rôles, même comprendre le monde à travers les albums de Tintin! se console avec la beauté de jardins extraordinaires.

Les chapitres sont des récits d'apprentissage qui pourraient figurer au cinéma comme de courts métrages ou des nouvelles fourmillantes d'idées burlesques à la Tati ........

Un roman bien écrit à part les "la maman "le papa ", mal venus , à mon goût .........

Un ouvrage original Petri et nourri d'aventures éclectiques, forcément inventées et portées par une imagination débordante pour décrire les rencontres amicales, les scènes de vie familiale, les aventures et tentations anarchistes aux marges ou aux détours d'une scolarité houleuse et les rêves de cinéma ..........
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Ce qu'ils font est juste

En 2015, suite à l'émoi international suscité par l'affaire Aylan Kurdi, l'enfant syrien noyé et échoué sur un rivage en Turquie, l'éditeur Points avait publié Bienvenue !, un recueil de nouvelles rédigées par « 34 auteurs pour les réfugiés », tous bénévoles, dont les droits seraient reversés au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). Des noms célèbres avaient participé à cette publication, par des nouvelles très courtes.

En 2017, l'éditeur Don Quichotte (groupe Seuil) repropose une initiative semblable, au bénéfice des associations La Roya citoyenne et Terre d'errance, par un recueil de nouvelles sur le thème de l'accueil et de la solidarité aux migrants. Le titre : « Ce qu'ils font est juste » se réfère à la désobéissance civile à l'ignoble article L 622-1 qui, depuis un décret-loi de 1938 (antérieur donc à Vichy et jamais révoqué), instaure un « délit d'hospitalité ou de solidarité », indépendamment de la nature onéreuse ou gratuite des actes d'accueil – instrument juridique, donc, qui n'est pas utilisé uniquement pour la lutte contre les réseaux de passeurs clandestins, comme le prouve encore récemment l'affaire Cédric Herrou (étudiant aujourd'hui agriculteur à Breil-sur-Roya) et qui pourrait à tout moment rendre hors la loi et justiciables (sans modification législative) les centaines d'associations, organisations caritatives et de collectifs français qui portent assistance et secours aux migrants.

Cet ouvrage collectif, sous la dir. de Béatrice Vallaeys, comporte, après une section les planches du dessinateur Enki Bilal, les nouvelles de 27 auteurs. Par rapport à l'ouvrage de 2015 (en format poche), et malgré un nombre inférieur de participants, le nombre de pages de ce livre est pratiquement doublé : les nouvelles sont généralement beaucoup plus longues, et la « liberté fictionnelle » par rapport à la thématique impartie est également plus grande. Sans doute, la thème de l'hospitalité envers l'étranger se prête-t-il à une élaboration plus métaphorique que celui de la migration, peut-être le lectorat, en quelques années, s'est-il préparé à entendre des voix encore plus disparates et hétérogènes sur ces sujets. Toujours est-il que, grâce aussi à deux nouvelles traduites de l'italien et une de l'anglais, l'éventail des genres littéraires (y compris l'humour, la science-fiction, la mythologie antique, la poésie etc.), les cadres historiques et géographiques des récits, outre les styles s'avèrent très variés.

Ma préférence personnelle, pourquoi le dissimuler ?, va quand même aux nouvelles qui ont un ancrage dans le réel – contemporain ou historique.

Pour nommer quelques textes qui m'ont marqué, je mentionnerai : « Les étoiles de Platon » de Fabienne Kanor, « Laissez passer les loups » de Serge Quadruppani et « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » de Pascal Manoukian, qui met en scène un certain Pal, refoulé de France en 1948, et son fils Nicolas, qui naîtra (en 1955) et grandira en Hongrie, et sera donc décoré parmi les cadets du Parti, plutôt que d'accéder au Palais de l'Élysée...

La postface de Béatrice Vallaeys, « L'immigration, ça fait toujours des histoires », qui retrace l'histoire du fameux article L 622 en citant abondamment Patrick Weil – dont les essais sur les politiques françaises de l'immigration sont absolument essentiels – est également très appréciable.
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Libération : 40 ans, le livre anniversaire : ..

Je vous l'ai déjà dit plusieurs fois, je suis un gros consommateur de presse écrite, et notamment de mon Libération que je reçois chaque matin dans ma boite aux lettres.



Forcément, et après avoir été sous le charme du voyage que proposait Mathieu Sapin, dans les coulisses du journal, j'ai eu envie de prolonger le voyage dans l'histoire du journal par le biais d'une autre forme littéraire



A l’heure où le journal ne cesse de décliner à petit feu, perdant de ses salariés (encore 93 ont été licenciés l’an dernier) et de sa qualité éditoriale ( à part le journal du week end, le quotidien papier n’a jamais été aussi mince et peu intéressant), j’ai eu envie de me voiler la face en me plongeant dans ce beau livre ( paru chez Flammarion) que Libération a consacré l’an passé à l’occasion de ses quatre décennies de journalisme avec un beau livre aux éditions Flammarion.



Me voilà parti dans plus de 300 pages d'enquêtes, de témoignages et de photos inédites....suite de ma chronique sur le blog
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Les amygdales



L'ancien journaliste de Libération, Gérard Lefort sort son premier roman cette rentrée. Assez amateur de ses écrits ainsi que de feux ses émissions sur France Inter il y a fort longtemps, j'ai même failli le voir cet été au festival d'Avignon dans un one-man-show. Failli, car, le spectacle réservé à la va-vite juste sur son nom, s'est révélé non pas un nouveau défi de cet esprit curieux et caustique mais celui d'un homonyme antillais et paraplégique dont l'humour potache fait passer Patrick Sébastien pour un émule de Jules Renard.

C'est donc encore plus assoiffé de Gérard Lefort, que je me suis jeté sur "Les amygdales" récit aux apparences auto-biographiques et centré sur cet âge délicat de l'enfance situé juste avant de verser dans cet âge ingrat de l'adolescence. Le jeune héros, jamais nommé, vit en province dans une grande maison ostentatoire avec ses parents, bourgeois en parfaite adéquation avec leur demeure. Bien sûr, il n'est pas fils unique (enfin quoââ), deux frères plus âgés et une jeune soeur, Corinne, la seule nommée même si le prénom est à la noix. (ça c'est le narrateur qui le dit...), complètent cette fratrie pas mal dépareillée. Vont se succéder des chapitres qui pourraient être presque des nouvelles, relatant différentes anecdotes de cette enfance qui a la politesse de ne pas jouer sur la corde sensible et gnangnan du moment le plus merveilleux de la vie ( vous savez ces clichés bien pensants auquel on peuvent s'ajouter celui du mariage et de la naissance du gosse).

La facilité du livre aurait été de rester sur la description de ce milieu bourgeois de province. La mère, personnage grandiose, ridicule et haut en couleur, figure hautement comique et croquée avec une acidité réjouissante pouvait nous réjouir sur 200 pages sans problème. Pas maternelle pour deux sous, on a des enfants parce que ça fait bien dans le cadre et pour le voisinage, sa préoccupation première sont ses mondanités. La progéniture doit bien se tenir et surtout se faire oublier. Ca tombe bien pour le jeune narrateur c'est dans ces interstices ainsi libérés par cette envie de vivre selon un rang, qu'il va appréhender la vie, ses dangers, ses expériences, ses joies. Ainsi le roman va prendre des chemins plus ambitieux, mêlant souvenirs croquignolets et peinture de ces instants d'ennuis où l'on s'invente des mondes et des histoires dans la tête. Tel un petit rebelle silencieux, l'enfant non nommé va se glisser hors de la sphère familiale, assez toxique faut bien le dire, pour découvrir un monde pas plus rassurant. Prêtre exhibitionniste, camarades de classes tortionnaires dans le pire des cas, moqueurs dans le meilleur. Il découvrira que la différence qu'il pressent est et sera dure à vivre. Il découvrira le mensonge mais aussi quelques amitiés, souvent des égarés des normes en cours comme lui. Et indispensables bulles de survie il va, comme tous les enfants, jouer, jouer à inventer des mondes et des histoires.

La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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Les amygdales

L’auteur, journaliste puis rédacteur en chef au quotidien Libération, raconte à la première personne les souvenirs d'enfance d’un jeune garçon. Cette autofiction se présente sous forme de courts chapitres qui se lisent comme des nouvelles.



Le narrateur est un enfant solitaire, en marge de cette famille bourgeoise qui vit en province dans une vaste demeure. Le personnel y est nombreux, au service de « La maman » mère fantasque et entichée de mondanités. Elle ne s'embarrasse pas de sentiments maternels et confie son fils malade aux soins de la bonne afin de se consacrer à sa "garden party".

Le narrateur est cet enfant affabulateur qui se réinvente un monde parce que celui où il vit ne lui plaît pas. Il dissimule sa vraie personnalité pour mieux se faire oublier dans un monde hypocrite et méchant.

« ...je passe beaucoup de temps à dissimuler mon cas, à faire semblant d’être un bon garçon comme un autre, souriant et gracieux, qui ne pense qu’à ses études et le soir, à faire ses devoirs. C’est indispensable, c’est crucial. S’ils savaient, les pauvres ! »

J'ai suivi les divagations échevelées d'un garçon imaginatif qui se réinvente un monde bien différent de celui où il vit. Observateur narquois, il se joue de cette famille qu'il aurait sans doute souhaitée plus aimante et plus conforme à celles de ses copains. Il épingle les travers de ses parents qu’il nomme « Le papa » et « la maman » ainsi que ses deux frères, jamais nommés, et la petite sœur Coco « au prénom à la noix »

Son humour caustique lui permet de supporter les difficultés.



Il y a aussi quelques passages poétiques quand il est question de bord de mer, de tempêtes et de nature sauvage.





Ces souvenirs d'enfance sous forme de courts chapitres se lisent avec facilité. Chaque chapitre « le polio », « les amygdales » ou « le camarade » raconte une histoire différente. Le lecteur rentre facilement dans l'ambiance de cette famille bourgeoise et dans l’univers, réel ou rêvé, du jeune garçon.

L’auteur a un vrai talent d’écrivain. Il décrit avec délectation les personnages et des paysages naturels, réels ou rêvés.



L’intérêt de ce roman est aussi son aspect sociologique, car l’auteur brosse le portrait d'une famille bourgeoise dans les années 50-60, ainsi que l’école secondaire et l’internat.



Malgré ses qualités d’écriture indéniables et le plaisir de la lecture, ce roman ne m’a pas fait grande impression.



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Le Poulpe : Vomi soit qui malle y pense

Au fin fond de l'Ouest armoricain, Michel Gourlaouen, un local décalé, se fait dessouder au bazooka. Parce qu'il en savait trop ou pas assez sur certains trafics indigènes qui vont de malle en pire. Gabriel est assurément très perspicace : le récit de cette mort banale dans les pages faits divers d' Ouest France éveille immédiatement ses soupçons. Il quitte le XIe arrondissemnt de Paris pour la Bretagne profonde. Ici tout le monde s'en fout de la mort du bonhomme pire on dirait que ça les arrange. Tout ceci excite la curiosité de notre détective. Aussi a-t-il se fourvoyer alors dans des situations des plus rocambolesques.

Un Poulpe en Bretagne, il était pour moi celui-là. Et bien m’en a pris car j’ai découvert là un nouvel auteur à la plume gouailleuse, à la langue fleurie et aux dialogues incisifs. Un Poulpe bien dans les clous qui tient toutes ses promesses. Un bon cru, une belle surprise.


Lien : https://collectifpolar.com/
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Les amygdales

On savait que l'ex-critique de cinéma à Libération avait de la plume et aucune pitié pour les médiocres, il réussit haut la main le passage à la fiction et n'oublie pas les scènes de films ou les chapitres de livres qui firent son éducation.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Le Poulpe : Vomi soit qui malle y pense

Des jeux de mots très travaillés … parfois un peu alambiqués … parfois bien trouvés.

Une histoire fidèle aux canons du Poulpe … toutes les recommandations sont appliqués sans que ce soit tiré par les cheveux.

Un scénario recherché, sophistiqué … qui ne laisse rien au hasard et nous ballade dans la plus grande incertitude …on ne sait pas trop où on en est ni où on va mais on y va quand même … en plus de bon cœur.

Les lieux de l’action sont sympathiques et nous aident à nous rappeler ce coin de Bretagne à l’ouest de l’ouest et quand même un peu au sud.

Du bel ouvrage qui donne envie de découvrir un peu plus l’œuvre de Gérard Lefort.

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Ce qu'ils font est juste

Ce recueil commence avec des dessins de Enki Bilal et comprend 27 nouvelles, toutes d’auteurs différents et très variées que ce soit dans le style ou le thème mais elles ont toutes un point commun et mettent en avant : l’étranger, la solidarité et l’hospitalité.

Quelques-unes peuvent déconcertées par le style, d’autres vous happées mais aucune ne m’a laissée indifférente. De plus, cela m’a permis de découvrir des auteurs.

Ma préférée : Laissez passer les loups de Serge Quadruppani.

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Les amygdales

C'est la première fois que je lis cet auteur et cela ne m'a pas "emballée".

Il écrit pourtant bien, même très bien mais j'ai eu l'impression que cette virtuosité tournait un peu à vide, que les mots s'alignaient, s'agençaient bien mais sans signification profonde.



J'ai pourtant bien aimé certaines nouvelles, celle de son amitié avec Avril, par exemple, mais je n'ai pas compris sa haine de sa famille.

Il se dit mal aimé mais je n'ai pas réussi à appréhender les éléments de ce sentiment. Est-ce sa place dans le milieu de la fratrie qui l'explique? Sa mère semble traiter les deux autres fils de la même façon mais comme ils sont très proches tous les deux, ils l'ont moins ressenti? Est-ce la compréhension de son homosexualité qui lui donne l'impression d'être rejeté dans cette famille "très comme il faut"?



De plus, je n'ai pas trouvé du tout attachant son personnage de petit "monsieur je sais tout, j'ai tout compris". Et j'ai toujours du mal à aimer les livres dont les personnages m'énervent.

J'aime pourtant beaucoup les histoires d'enfance et celle du narrateur est mouvementée, parfois pleine de rêverie, parfois pleine de violence (ah, la façon dont Godefroy est traité par ses condisciples)



L'aspect sociologique de son roman est, malgré tout intéressant: même s'il n'y a aucune référence historique, on a là le portrait d'une famille bourgeoise (voire aristocratique du côté de la mère) dans les années 50-60, la description d'un monde révolu, une sorte de témoignage d'un moment de l'histoire de la société française.



Bref, j'avoue n'avoir pas été convaincue par ce roman auquel je reconnais pourtant bien des qualités dans son écriture.

Je prendrais probablement un autre livre de l'auteur, histoire de me faire vraiment une opinion.
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Les amygdales

L'auteur de ce livre, autobiographie ? Autofiction ?, fait montre d'un véritable talent d'écrivain. On y ressent une gourmandise dans le plaisir pris dans les descriptions des personnages et des paysages naturels, réels ou rêvés.

Ce plaisir d'écriture, on le retrouve à lire cette succession de courts chapitres qui reflètent ce que voit, pense et imagine un enfant ou pré-adolescent.

J'aurais, toutefois, des réserves, sur certaines tournures ( "la maman", "le papa") qui alourdissent le style, et, plus importantes, sur la difficulté à adhérer à "la haine" qu'il a pour sa famille ( compte tenu de l'âge présumé du narrateur) et qui trahit, plutôt, la très haute estime en laquelle, inconsciemment, il se tient.

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Les amygdales

N°973– Octobre 2015



LES AMYGDALES – Gérard Lefort – Éditions de l'Olivier.



Un jeune narrateur en opposition plus ou moins frontale avec sa famille, des bourgeois provinciaux établis, nous la raconte au quotidien avec une certaine causticité. D'évidence, il ne l'aime guère mais ne le montre pas, préférant, sainte nitouche, faire ses coups par en-dessous. Il nous présente les membres de cette tribu les uns après les autres. Ses deux frères aînés, des jumeaux, dont il ne dit pas de bien (et même pas les prénoms) mais qu'il supporte, sa petite sœur, Corinne (un prénom à la noix selon lui), une flagorneuse qu'il ne manque pas de faire souffrir (s'il pouvait la tuer il le ferait volontiers), mais l'air de rien évidemment. Il ne va pas jusqu'à dire  « Père » ou « Mère » mais « le papa » et « la maman », c'est presque pire ! Il faut dire qu'il n'est guère gâté, enfin, c'est lui qui parle. La mère est à moitié folle, aux anathèmes faciles, un peu nymphomane oubliant son âge avancé surtout quand elle croise un jeune maître-nageur sur la plage et surtout pas mal dépensière et fantasque, le père est à la fois insomniaque et maladroit. Toute maison bourgeoise se doit d'être grande, de sacrifier aux mondanités et bien entendu d'avoir du personnel, des « bonnes » dont on disait à l'époque qu'elles étaient «à tout faire » ce qui laissait l’imagination galoper, enfin pour ceux qui en avait. Elles défilent dans cette maison au gré des humeurs de « la maman » qui, bien entendu ne manque pas de faire savoir à ses amies, qui bien souvent n'en ont pas, combien il est difficile d'être obéi par « ses domestiques ». Il ne s'oublie pas non plus dans ce catalogue familial, confie ses phobies dont celle de l'instituteur, ses obsessions, ses maladies infantiles qui avaient pour avantage d'être maintenu au lit en évitant l'école et d'être chouchouté par la bonne, mais c'était aussi l'occasion de faire connaissance avec les cataplasmes à la moutarde, considérés à l’époque comme la panacée (l'auteur est né 1952). Sans parler de l'incontournable opération des amygdales ! Il se montre volontiers roublard, tricheur permanent, menteur, et pas mal imaginatif donnant volontiers libre court à un esprit créatif parfois surprenant d'originalité. Un marrant aussi mais aussi qui savait et avec talent circonvenir son auditoire... Et pour que le décor soit complet, il va nous le décrire par le menu, à la manière d'une antique photo de classe, comme une sorte de tour du propriétaire d'une contrée maintenant disparue, évoquer cette enfance en allée dont on ne sait pas trop s'il la regrette où s'il s'en souvient avec effroi. Il évoque de ses aimables plaisanteries de potache mais aussi ses méchancetés de futur adulte. Le narrateur a heureusement un copain, Jacques Avril, un chic type de son âge mais pas de sa « condition », un déconneur qui cependant cite Clément Marot et qui seul est capable de le rassurer, de le sortir de cette jeunesse cloîtrée !



C'est vrai que j'ai bien ri, mais pas toujours cependant, l'auteur s’inscrivant dans cette grande tradition littéraire que sont les souvenirs d'enfance, c'est sans doute là le côté « solipsisme » propre à tous les écrivains. C'est délicatement drôle mais aussi dramatique, les deux pôles de la condition humaine. Mon sourire, même partiel, est plutôt bienvenu dans ce monde où tout fout le camp mais derrière la dérision et l'humour, j'ai surtout lu une enfance tourmentée, un enfant mal aimé, mal dans sa peau qui, malgré le décor familial qu'on voudrait idyllique, fait l'apprentissage de la vie, découvre la méchanceté, l’hypocrisie et la trahison de ceux qui l'entourent, ce qui est somme toute le quotidien de notre société. J'ai lu des divagations échevelées d'un garçon affabulateur qui se réinvente un monde parce que celui où il vit en lui plaît pas. Avec un talent certain, il se joue de cet état qu'il aurait voulu différent, de cette famille qu'il aurait sans doute souhaité plus conventionnelle. Rire de tout à toujours été une manière de supporter les difficultés. C'est une thérapie efficace. Alors rire de son enfance où, pour paraphraser Émile Ajard, ou si vous préférez Romain Gary, on a « la vie devant soi », avec ses projets, ses fantasmes, ses illusions, pourquoi pas ? Surtout si au bout du compte il ne reste de tout cela que bien peu de choses. Rire du temps qui passe, de la mort vers laquelle nous allons tous, oui pourquoi pas ? Puisque se lamenter ne sert et que c'est une arme comme une autre pour se défendre dans ce combat perdu d'avance. Rire de cette vie qui s'impose à nous parce qu'elle n'est pas forcément belle contrairement à ce qu'on nous affirme, parce qu'à travers les hasards, les malheurs, les rencontres, les deuils, elle fait de nous ce qu'elle veut et la liberté individuelle dont on nous rebat les oreilles est bien souvent laissée pour compte. C'est comme cela et nous n'y sommes pour pas grand chose, alors autant en rire !



Dans mon panthéon personnel, j'ai bien sûr trouvé des références en lisant ce roman mais surtout j'y ai pris un plaisir certain. J'y ai aussi lu des évocation bucoliques et poétiques quand il est question de bord de mer, de tempêtes et de nature. Je ne connaissais pas l'auteur comme romancier puisque son nom était plutôt attaché à «Libé » et à la télévision mais j'attends volontiers son prochain roman.



Hervé GAUTIER – Octobre 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Daho l'aime pop !

Daho l'aime pop ! est un très bel ouvrage de photographies illustrant la riche et inépuisable histoire mouvante de la pop française. Sur un papier glacé de belle qualité s'affichent d’innombrables icônes de la chanson françaises ainsi que d'illustres inconnus qui nous donnent envie après lecture de nous en mettre plein les oreilles pour (re)découvrir tous ces noms qui ont traversé le temps. La maquette est également très réussie, et on prend beaucoup de plaisir à lire les petits textes réunis pour expliciter les photos. Chaque découpage chronologique est accompagné d'un texte plus pointu et conséquent de différents auteurs, ce qui est très appréciable.

Bref, que ce soit la forme ou le fond, ce beau livre de photos est un régal à parcourir, tout comme l’œuvre musicale protéiforme et éternelle de notre Etienne Daho national.
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Le Commun des mortels

Pour être dans le commun, nous y sommes. Ancien journaliste culturel, Gérard Lefort fait preuve d’un grand talent d’observateur et d’analyse. Pudiques, ses personnages s’étalent rarement sur leurs sentiments, leurs fêlures et leurs joies. Mais ce sont leurs gestes, leurs impressions, leur tenue qui nous racontent leur histoire, un souvenir fugace en deux ou trois lignes qui nous fait comprendre les ressorts essentiels de leur vie : la quête d’amour, l’absence, la volonté de bien faire, l’échec.



Sans doute pour accroître encore le sentiment que ces quidams pourraient vraiment être n’importe qui, ils portent tous des prénoms assez courants, pas très marqués au niveau régional ni générationnel. Plus étrange : d’un texte à l’autre, car chaque chapitre se présente comme une nouvelle intitulée par le prénom du personnage qu’elle présente, les mêmes prénoms ressurgissent, parfois assortis de caractéristiques communes. Mathilde, par exemple, est toujours brune. Pour autant, s’agit-il des mêmes personnages qui réapparaîtraient d’un texte à l’autre, construisant ainsi une fresque romanesque à partir des récits juxtaposés ? J’ai eu beau essayer de les faire correspondre, il me semble qu’il ne faut pas chercher à retrouver les mêmes identités, car certains éléments ne collent pas. L’effet est plutôt celui d’un flou, d’un tourbillon, dans lequel tout le monde finit par porter le même nom qu’un autre, par être un peu similaire et un peu différent. Le point commun entre tous ? Leur indéfectible humanité, avec ce que cela comporte de qualités et de faiblesses.



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Le Poulpe : Vomi soit qui malle y pense

J'ai délaissé quelque temps Gabriel Lecouvreur alias le Poulpe, le personnage créé par Jean-Bernard Pouy et qui est le personnage récurrent d'une saga policière dont chaque opus a la double particularité d'être écrit par un auteur différent et de posséder un titre détenant un jeu de mots en son sein.



Il était temps de revenir faire un petit coucou au Poulpe, c'est chose faite avec « Vomi soit qui malle y pense » écrit par Gérard Lefort.

Gérard Lefort est un critique cinéma, journaliste et animateur radio dont « Vomi soit qui malle y pense » est le premier et unique roman.



Cependant, on sent dans l'écriture de Lefort qu'il maîtrise très bien, les codes du « Poulpe » qu'il mâtine les aventures du héros de ses propres inspirations, notamment cinématographiques.

L'homme est indéniablement un admirateur d'Audiard et l'on sent, dans son écriture, l'envie de rendre hommage au Maître. De ce désir découle une plume gouailleuse qui malmène la langue française souvent pour le meilleur, parfois pour du moins bon, mais, dans l'ensemble, pour un excellent plaisir de lecture pour ceux qui apprécient Michel Audiard et Frédéric Dard.



En ce qui concerne l'histoire, Lefort respecte bien plus le personnage que beaucoup d'autres auteurs, et nous livre un court roman dans la veine des meilleurs de la série. Les passages obligés sont présents et Gabriel Lecouvreur a fort affaire dans cette enquête démarrant par un meurtre explosif, c'est le moins que l'on puisse dire.



Effectivement, se faire exploser au Bazooka dans un coin paumé, quand on est au volant d'une voiturette électrique, voilà qui n'est pas commun et, même si l'évènement ne semble intéresser personne, il a au moins l'avantage d'attiser la curiosité du Poulpe.



Mais, une fois sur place, rien n'est simple. Quand on n'a pas la queue d'un indice et, qu'en plus, on se fait tirer dessus et enterrer vivant, le tout par une personne à l'apparence pourtant inoffensive, il y a de quoi être énervé.



Au final, Gérard Lefort nous offre un court, mais agréable moment en compagnie de son « Poulpe » et en profite pour nous livrer une vision un peu clichée de la Bretagne avinée. Mais le trait grossi et l'humour omniprésent sont en plus servis par un Gabriel Lecouvreur que l'on reconnaît dans son attitude, ce qui n'a pas toujours été le cas dans la série et le tout sous une plume débridée et plaisante.
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Les amygdales

Chapitre après chapitre nous revivons les souvenirs d'enfance de l'auteur, réels, embellis ou inventés tels des minis scénarios de film comme Gérard Lefort, critique cinématographique, les aurait aimés.

Il nous fait revivre le Titanic, les aventures de Tintin, la vie dans un pensionnat, les vacances en bord de mer ou en cure thermale avec en héro incarné l'auteur lui même, vilain petit garçon, rebelle et fantasque dans une famille bourgeoise des années 50/60.

Très belle écriture, raffinée, où le moindre mot est décliné en synonyme, ce qui devient à la longue agaçant.

Je n'ai pas trouvé grand intérêt à ce livre malgré les souvenirs qui correspondent à ceux de ma génération et la belle rédaction.
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Les amygdales



: On connaît Gérard Lefort pour ses critiques cinéma ou ses articles commentant une photo parue dans Libe (regarder voir) .....Belle plume journalistique, iconoclaste et caustique.Que nous réserve l'écriture de son premier livre? Eh bien c'est franchement plutôt bien réussi . Gérard Lefort nous livre ses souvenirs d'enfance sous forme de courts chapitres . On rentre facilement dans l'ambiance de cette famille bourgeoise qui vit en province dans une vaste demeure tenue par des bonnes. La mere tout à fait fantasque , et entichée de mondanités ne s'embarrasse pas de sentiments maternels: elle préfère donner une "garden party" pour inaugurer la toute nouvelle piscine plutôt que de s'occuper de son fils malade. Les enfants vont ainsi vivre leur vie et ce sera l'occasion pour l'auteur d'exercer ses talents d'observateur caustique du monde des adultes. Une jolie découverte!
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Le Poulpe : Vomi soit qui malle y pense

Je retrouve avec plaisir Le Poulpe. Certes l’auteur est différent, mais rien ne m’a manqué dans ce roman au titre encore une fois haut en couleurs, tout comme le langage utilisé par Gérard Lefort. On se croirait chez Audiard. La Bretagne qui est décrite dans le livre donne envie d’y aller, même si, ici, nous sommes en présence de « nationalistes bretons » assez durs. On pourrait résumer ce livre en disant qu’il s’agit ici d’une lutte de factions entre nationalistes opposés… Quant au Poulpe, il reste égal à lui-même, se met dans des situations inextricables, est parfois nigaud voire maladroit, le langage coloré, et charmeur avec ces dames. On en apprend même un peu plus sur son passé…
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