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Critiques de Gérard Mauger (8)
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La sociologie de la délinquance juvénile

« La chronique médiatique de la délinquance juvénile est à la fois discontinue et récurrente. »



Gérard Mauger insiste dès son introduction sur la capacité des médias à porter sur la place publique des problèmes de sociétés.



Afin de ne pas se tromper de débat, il convient de faire un rappel des définitions : délinquance (ce que mesure les statistiques judiciaires et policières), délinquance juvénile (la part de la délinquance des jeunes, juridiquement ou sociologiquement définis) et bandes de jeunes (la délinquance des jeunes des classes populaires). « Le monde des bandes peut-être défini comme le répertoire des formes de sociabilité propres aux jeunes des classes populaires qui font l’objet, à tort ou à raison, d’une présomption de délinquance. »



Le premier chapitre est consacré à la construction de l’objet délinquance juvénile. Il s’agit tout à la fois d’une construction juridique (ordonnance de 1945) et d’une construction sociale.



Trois éléments soulignés par l’auteur me semble centraux : la variabilité de la définition sociale de la déviance, le couple déviance norme et la non étanchéité entre déviance et délinquance.



Sans entrer dans le détail de l’analyse et des modifications essentielles des années 2000 (définition judiciaire de la responsabilité), il ressort des études « la forte corrélation entre la pauvreté d’un quartier et le taux de délinquants juvéniles qui y résidaient.» Mais, faut-il le préciser, corrélation ne veut pas dire effet mécanique, ni encore moins que délinquance et pauvreté serait un couple naturel. Il s’agit ici d’étudier des structures et relations sociales.



En citant des travaux publiés, l’auteur précise que « la délinquance d’appropriation des mineurs ne progresse plus que faiblement, alors que les violences et la délinquances expressive des mineurs sont en forte croissance. »



Le second chapitre parcourt les théories de la délinquances juvéniles et offre « un inventaire raisonné des schèmes d’interprétation. »



Des années 50 aux années 70, les médias stéréotypent les blousons noirs puis les loubards. Au début des années 80 est créée la figure des jeunes des cités.



Le troisième chapitre traite « des blousons noirs aux loubards », le suivant « des loubards aux jeunes des cités » Les descriptions de Gérard Mauger me semblent toujours très pertinentes. En insistant sur les modifications sociales, en détaillant le monde des bandes entre « inaffection, virilité et bizness » en précisant les évolutions avec l’âge, l’auteur nous offre une véritable réflexion politique, même s’il ne se reconnaitrait peut-être pas sur ce vocable.



Je ne peux cependant cacher mes irritations sur l’usage d’un certain vocabulaire sociologique et ma réticence plus forte encore à l’usage de la notion de capital (symbolique, culturel, etc). Le capital reste pour moi, avant tout un rapport social et non simplement une ressource.



Quoiqu’il en soit, ce petit livre offre des analyses, historiquement situées, loin des simplifications et des naturalisations médiatiques.



Un livre aussi utile pour argumenter contre les dérives et délires répressifs, sœur et frère du libéralisme économique.
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Les bandes, le milieu et la bohème populaire

Aujourd'hui un peu daté (2006) , On apprends ici finalement pas grand chose que l'on sache déjà .Un ouvrage qui présente néanmoins l’intérêt d'offrir une généalogie précise des différents modes d'expression de la déviance de la jeunesse des quartiers populaires avec notamment une approche assez fine de la figure du loubard, prégnante dans la décennie 70.Appréciable également l'humilité du chercheur qui relativise le matériau recueilli à l'aune du dialogue nécessairement biaisé avec des interlocuteurs, tentés de surjouer et d’offrir le personnage attendu. Concernant la période récente, l'auteur se contente d'un service minimum et peine à entrevoir la dimension néocoloniale et politique propre aujourd'hui à la situation dans les quartiers populaires. Frilosité qui confère à son travail l'image d'une sociologie sans grande perspective ni enjeu véritable.
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Histoires de lecteurs

Un très solide cadre méthodologique (sociologique) ainsi qu'une culture impressionnante des auteurs quant aux connotations sociologiques et psychologiques des innombrables ouvrages cités (cf. les notes de bas de page) rendent ce volume un classique incontournable pour tous ceux qu'intéresse la question de savoir les multiples motivations de la lecture d'autrui et la variété de leurs bibliothèques. Un nombre limité d'entretiens en profondeur avec des lecteurs (souvent des couples), suivis sur plusieurs mois jusque dans l'intimité de leur domicile, donne un aperçu profond et détaillé des rapports entre l'"itinéraire de lecteur" et la "trajectoire biographique", entre les "événements biographiques" et le contexte historique national, notamment post-Mai 68.

Certes, la question se pose de la représentativité d'un échantillon, surtout réduit (malgré les quelque 450 p. de l'ouvrage); la réponse en est donné par une cit. p. 376: "Le singulier acquiert une valeur scientifique quand il cesse d'être tenu pour une variété spectaculaire et qu'il accède au statut de variation exemplaire". Certains choix particuliers sur les enquêtés ont en outre été opérés: le groupe d'âge et souvent une nette politisation (gauchiste), ont la fin d'augmenter l'effet produit par l'évolution biographique relative à l'après 68.

L'on retiendra comme éléments théoriques les plus remarquables la distinction sexuelle lecteur/lectrice, jamais assez analysée, ainsi que "les usages sociaux de la lecture", ch. appartenant à la Conclusion générale.

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L'émeute de novembre 2005 : Une révolte protopo..

Gérard Mauger soulève, dans son introduction, les difficultés d’une sociologie de l’actualité, de soumettre l’actualité aux exigences ordinaires de la connaissance scientifique.



Grâce à une très riche documentation et à une grand rigueur dans les réflexions, l’auteur fait œuvre de référence, en nous présentant les différents discours sur les émeutes de novembre 2005.



Dans une première partie, seront ainsi décryptés, le caractère inédit de l’émeute par son ampleur et sa durée, son déclenchement et sa propagation (avec exposition des théories du complot, du rôle des médias), les pratiques et les propriétés sociales des émeutiers. Lire et relire les propos et les déclarations des uns et des autres, avec un peu de recul, fait ressortir les constructions idéologiques, les théorisations sans base, les abus comparatifs, etc.



La second partie du livre « L’émeute de papier » décline le répertoire de prises de position.



Sont, en premier lieu, présentées les entreprises de disqualifications politiques « Cette criminalisation de l’émeute et des émeutiers vise explicitement à creuser le fossé entre les jeunes des cités et le peuple, quitte à distinguer, chez les premiers, le bon grain de ivraie. Ces entreprises de disqualification sont juridiques morales, culturelles et ethnico-religieuse. »



Suivent les entreprises d’habilitation politique se déployant dans deux registres « L’émeute est politique parce que ces effets ou ses cibles le sont. » et « L’émeute est politique parce que ces causes le sont » Ce deuxième registre pouvant s’ancrer dans trois discours autour de « la révolte du précariat, celle des ghettos et celle des minorités visibles ».



L’auteur examine et détaille l’ensemble des discours et de leurs contradictions, éclaire le situations par la prise en compte de multiples dimensions, ce que tronquent souvent les uns et les autres, dans leurs volonté de dénigrer ou de soutenir les émeutiers. Dans sa conclusion Gérard Mauger, avec prudence mais engagement, explicite et formule des questionnements sur les possibles évolutions.



Une confrontation des faits et des interprétations, un livre utile par sa méthode et son ouverture.



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Lectures numériques

Je peux dire que pour une novice en matière de lecture non-fictive, j’ai été agréablement surprise de la facilité à suivre un fil conducteur. Les parties sont bien organisées et très complètes, les témoignages sont convaincants et assez détaillés pour que l’on comprenne le point de vue abordé. Point mitigé selon moi : les témoignages, enregistrés de manière audio, sont reportés tels quels sur le papier. Et la différence entre le style des auteurs et celui, parlé, des témoins, est trop importante et m’a déconcentrée plusieurs fois. Ce report fidèle peut toutefois être un avantage pour être certain de ne pas altérer les propos originaux, c’est pourquoi mon avis reste mitigé.



Aussi, ayant sélectionné ce livre car je m’intéresse aux pratiques des lecteurs et en partie car mon projet professionnel porte sur ce thème, j’ai pu trouver nombre d’informations intéressantes concernant les supports papiers dans l’introduction, et les liseuses et documents numérisés au sein des chapitres. Une grande partie des paramètres flottant autour de la lecture numérique sont abordés, allant des services de presse aux conséquences sur les chaînes de production. Il s’agit, au bout du compte, d’une longue dissertation à quatre mains (préface de Christophe Evans), mais une dissertation bien rédigée et référencée. En même temps, à quoi s’attendre d’autre lorsque l’on a affaire avec des organismes tels que l’enssib et la BPI ? Une lecture sur la lecture, sa pertinence est presque une évidence… pourtant, suis-je la seule à voir de l’ironie dans l’usage d’un support papier pour traiter des pratiques numériques en hausse ?
Lien : https://pagenco.wordpress.co..
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Une génération sacrifiée ?

Fondé sur une approche ethnographique, un ouvrage collectif étudie les mutations subies par les jeunes issus des classes populaires : la précarité, le sentiment de déréliction et l’espoir de promotion individuelle s’associent chez eux à une vision ethnicisée des rapports sociaux.
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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Lectures numériques

Ayant déjà travaillé sur la question (voir la critique complète sur mon blog), j'ai été ravie, mais aussi déçue de voir et revoir certains noms de chercheurs et les mêmes citations. Cependant, à la décharge des auteurs, l'ebook est trop récent pour accumuler une bibliographie aussi étoffée que sur le livre papier et ses pratiques de lecture. Surtout, avec le recul nécessaire pour apporter des analyses toute en nuance. Car force est de constater, et cette étude le signale à plusieurs reprises, que nombre de prophètes pro ou anti-ebooks ont annoncé, pour les uns la fin apocalyptique du livre papier et ses pratiques de lecture telles que nous les connaissons, pour les autres l'ouverture d'une bibliothèque universelle tant rêvée… À l'heure actuelle, aucune de ces prophéties n'ont eu lieu… ou du moins, jamais totalement. Mais le problème de toutes ces analyses est bien plus général : pourquoi opposer le papier et l'ebook ?



[...]



Au-delà de ce point de vue semblable au mien, j'attendais de ce livre qu'il m'ouvre d'autres portes, pour comprendre mieux les lecteurs du numérique. La retranscription des réponses des enquêtés fut donc très instructive pour moi [...] J'ai ainsi été particulièrement attentive sur la partie concernant les lecteurs de science-fiction et de fanfiction.



Je peux toutefois regretter un manque d'approfondissement sur certains sujets, sur les prescripteurs par exemple. Beaucoup de points ne sont que survolés et j'avoue être restée sur ma faim. Peut-être est-ce parce que je connaissais déjà le sujet et que je m'attendais à plus de détails sur la question centrale de l'étude, à savoir les pratiques de lecture ? J'ai eu l'impression que les auteurs cherchaient plus à justifier leur analyse qu'à les démontrer.



Autre point négatif de ce livre : il semble être parfois en décalage avec aujourd'hui, sans doute parce que l'étude a commencé en 2012 et qu'un sujet comme l'ebook évolue constamment. [...]



Au final, j'ai hésité à mettre 3 étoiles pour les raisons évoquées plus haut. Globalement, je reste sur ma faim et je n'ai pas l'impression d'avoir appris beaucoup plus que je ne savais déjà. Je souhaitais aussi approfondir le sujet via les notes de bas de page (lecture hypertextuelle), mais les textes cités sont pour moi déjà trop anciens pour que je puisse y accorder du crédit.



Malgré tout, je trouve que ce livre vaut 4 étoiles car en plus des points positifs déjà cités, je ne peux que saluer cette approche qualitative et comprendre la difficulté d'écrire sur un tel sujet.



N'hésitez pas à lire la critique complète sur mon blog :) !
Lien : https://wallivres.wordpress...
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Lectures numériques

Tout d’abord, merci à Babelio et aux éditions de la Bibliothèque Publique d’Information pour ce livre reçu dans le cadre de la Masse Critique de rentrée.



Comment l’apparition du numérique, de la lecture sur écran et l’arrivée de nouveaux supports a-t-elle modifié les habitudes de lecture des grands lecteurs ? C’est la question à laquelle les auteurs cherchent à répondre dans cet essai qui mêle étude qualitative, chiffres de l’Insee et étude de cas particuliers.



Deux thèmes sont approfondis : la presse lue par des lecteurs professionnels et la lecture de loisirs, notamment à travers les exemples de la science-fiction et de la fanfiction.



Les conclusions sont intéressantes : le numérique ne change pas fondamentalement nos habitudes de lectures, en fait nous transposons nos habitudes sur un autre support.



Ce qui change en revanche :

- Tout le monde peut devenir producteur de contenu, qu’il s’agisse de contenu d’actualité (presse) ou de contenu fictif (fanfiction)

- La chaîne du livre devient plus courte entre le producteur et le lecteur incitant les différents acteurs à évoluer pour répondre à ce changement

- De nouveaux formats émergent intégrant texte + image + son pour une « hyperlecture » intégrée. J'y vois personnellement là une ouverture extraordinaire du champ des possibles littéraires !



Un autre point crucial qui ne m’a pas du tout surprise et auquel j’adhère complètement : pour les grands lecteurs, tous les supports ne se valent pas. Le différentiel de prix entre un même livre au format papier ou au format numérique est perçu comme trop faible et les grands lecteurs marquent une opposition forte au DRM qui « est [perçu] comme une négation d’une fonction sociale importante du livre : le partage ». On apprend par ailleurs que les plus gros consommateurs de contenus piratés sont aussi ceux qui ont les budgets librairie les plus importants (à bon entendeur...). En résulte que « les lecteurs légitiment souvent leurs pratiques illégales par l’absence d’une offre légale ». MERCI !!



Editeurs français, entendez cet appel : NOUS VOULONS ACHETER NOS LIVRES NUMERIQUES ! S'il vous plaît, proposez-nous des offres qui nous permettent de le faire sans nous prendre pour des pigeons !
Lien : http://leclubdesnatifsduprem..
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