Certes, après son veuvage, elle apparaît comme une femme âpre au gain, qui défend sans relâche ses terres et ses intérêts, et administre ses biens avec le souci d'une saine gestion. En bref, elle est la digne fille de cette maison de Savoie ancrée dans une contrée si propice aux affaires. Mais elle est loin d'être la seule veuve abusive de ce siècle, et, sur ce point au moins, ne fait que suivre l'exemple de Blanche de Castille, sa rude belle-mère.
Louis IX contribue à modeler la royauté et lui donne pour longtemps ses traits caractéristiques.
En prévision de ces journées (ndr : de mariage), on a acheté d'abondantes victuailles. Le pain revient à 98 livres 9 sous 6 deniers parisis, soit environ le prix de 48 000 kg, de quoi nourrir 15 000 personnes pendant 3 jours.
À Melun, le légat commence par prendre la parole et demande au prince Louis de renoncer à son projet de débarquement en Angleterre, annoncé dans une lettre expédiée quelques semaines auparavant à ses partisans londoniens. Galon le supplie de ne pas s'emparer du patrimoine du Saint-Siège et recommencer que son père lui interdise un tel forfait. Avec une très grande habileté Philippe Auguste répond qu'il a "toujours été fidèle et respectueux envers le seigneur pape".
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Ce livre n'est pas une nouvelle histoire de Saint Louis. On a, en effet, beaucoup écrit sur ce roi depuis Guillaume de Nangis, Saint-Pathus et Joinville. Mais trop de ces ouvrages ne font que se recopier les uns les autres précisément parce qu'ils ne connaissent le trou qu'à laisser presque exclusive des chroniques ou des biographies écrites à l'occasion de sa mort ou de sa canonisation, présentant une image stéréotypée du roi.
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Au début de l'année 1203, elle [la Reine Ingeburge] souffre si fort des brimades qu'elle écrit une sombre lettre au pape. Elle se plaint de son époux qui ne vient pas vers elle et s'efforce de la dégoûter de la vie. Il l'a fait tourmenter par des envoyés de mauvaise foi qui l'injurient, disent du mal d'elle afin de lui faire affirmer qu'il n'y a pas eu de véritable liaison charnelle. Elle n'a pas la moindre consolation.
Si l'instruction du prince Philippe se solda par de sérieux échecs, au point que beaucoup craignaient de lui voir appliquer la célèbre et lapidaire formule forgée au xiiè siècle par Jean de Salisbury : " un roi ignorant n'est qu'un âne couronne ", son apprentissage chevaleresque rencontra un franc succès en plusieurs de ses aspects, notamment dans l'aptitude à la dépense, dans l'art de l'équitation et dans le goût de la chasse où il montra beaucoup d'adresse. Il fut en effet un excellent cavalier et un chasseur acharné. Après sa décision impromptue de mettre fin à l'expédition qui devait régler la succession de Castille au profit des enfants de sa sœur Blanche,ne parcourut-il pas en 1276 une grande partie de son royaume, de Sauveterre-de-Béarn jusqu'au vous de Vincennes, en chassant dans toutes les forêts rencontrées lors de la retraite dans gloire de la grande armée royale?
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Ne serait-ce que grâce a sa cour littéraire et aux enfants qu'elle donnait au royaume, Blanche commençait à s'affirmer. Son prestige fut encore accru par l'épopée victorieuse de son père dans la péninsule Ibérique. Avec les rois de Navarre et d'Aragon, Alphonse VIII de Castille ,que des chevaliers français et portugais avaient rejoint, vainquit les Maures à Las Navas de Tolosa le 16 juillet 1212.
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Remarquons d'ailleurs que, chaque fois que le pouvoir s'approcha de Louis, ce ne fut pas tellement de son fait. En 1209, les adversaires de Guérin le propulsèrent en avant. Les barons anglais lui offrirent ensuite la couronne et ce fut Blanche de Castille qui lui redonna courage et s'efforça de retarder l'échéance.
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