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3/5 (sur 1 notes)

Nationalité : Roumanie
Né(e) le : 16/04/1936
Biographie :

Diplômé en lettres (Faculté de philologie de l’Université de Cluj).
Début en poésie : Une Rose apprend les mathématiques (1968). Il a publié des dizaines de volumes, dont Trois nuages (1969), Le Fleuve incinéré (1971), Apologies (1975), La Rigueur de l’air (1978), Contemplations (1984), Le Miroir et le vide (1993), Une Rose apprend les mathématiques (anthologie, 2004).
Connu aussi comme critique littéraire et polémiste, il est l’auteur de nombreuses et importantes études sur la poésie roumaine. La plupart de ses poèmes sont très courts, la matière concentrée sur elle-même, donnant l’impression d’un axiome lyrique. La liberté d’association des images, le rythme indomptable, le mélange du banal et de l’irrévérencieux, de la sobriété et de la fantaisie, impriment au texte une vibration spéciale, ni onirique ni surréaliste, mais proche de la sensation, différente du sensationnisme de Pessoa, plutôt intériorisée, orgueilleusement repliée sur elle-même, comme si elle paraphrasait le foyer d’une lentille où toutes les choses du monde se rassemblent.


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Bibliographie de Gheorghe Grigurcu   (1)Voir plus

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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Parmi les signes invisibles

Un jour pendant que j’écrivais
je n’ai plus vu ni mon écriture
ni les phalanges de ma main
néanmoins j’étais là
parmi les signes invisibles entre des bras
invisibles
comme les bêtes
à bon Dieu parmi
des gouttes de sang.

(Ion Mircea, p. 140).
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Rien ne semble pouvoir arrêter leur production littéraire, ni la terreur de Ceauşescu, ni la tentation de la dissidence, ni l’éclat de la liberté retrouvée après 1989, y compris la volonté de tout dire d’autres écrivains devenus des journalistes.
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On se rappelle que l’engagement politique à gauche, bien qu’authentique pendant les années 30 et surtout pendant la guerre — la Roumanie était à l’époque conduite par un dictateur militaire de droite — est devenu après la prise du pouvoir par les communistes en 1946-1947, due à l’occupation du pays par l’Armée Rouge, une affaire d’opportunisme et a conduit dans toute la culture à l’apparition d’un simulacre nommé proletcultisme, ou « réalisme socialiste », d’inspiration soviétique directe, qui n’avait d’ailleurs rien ni du « réalisme », ni du « socialisme », au moins dans le sens qu’on donne à ces mots dans l’Europe occidentale.
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Le livre

Les signes d’exclamation des hirondelles
qui coupent le ciel de leurs ciseaux blancs et noirs
de couturières dorlotées qui accrochent d’immenses gerbes
sonores au cou des tours et lient
d’un double nœud les remparts et les campaniles
font sans doute partie du Texte
de la Création.
Le mince lézard qui la nuit guette
des insectes phosphorescents mais le jour se prélasse
sur les pierres tièdes du mur au Sud
et le train — crayon noir soulignant
le champ lourd du torrent de semences
et toi, patient lecteur, immobile voyageur,
et moi-même nous faisons partie du Livre.

(Adrian Popescu, p. 131)
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Ceux qui écrivent

Ceux qui écrivent sont pareils aux fougères
contournant
de leurs ailes froides les tiges et
la chair accomplie des
bouquets
ou sont-ils eux-mêmes le bouquet de fraîches
sensations en liberté ?
Les spores de fougère ressemblent
aux syllabes du poème. Les gens anonymes lisent rarement des vers
ils sont gais s’amusent
travaillent les métaux réparent les montres
taillent le verre avec un diamant
mais les désirs des poètes
survivent aux autres par leur incomplétude
temporelle
en acquérant un début d’éternité.

(Adrian Popescu, pp. 133-134)
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Parfois mort

Parfois mort je cherche mon ombre sur les choses sans savoir
que l’odeur du chien est dans ma paume
ou encore une fois trompé je m’endors
cueillant la beauté réfléchie dans le cerne rond
de l’œil inconnu mon propre œil de pierre
qui frappé contre l’argent ou l’eau jette des étincelles et allume
le tas de pourpre que le père revêt
avant de tuer

(George Almosnino)
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Un navire de branchages

Pour moi je suis depuis longtemps invisible
un navire de branchages seul dans le noir
une pèlerine blanche de pluie un torrent de cendre
une montre-bracelet se couvrant de feuilles près d’une carafe
d’eau.

par leurs approximations tes regards me créent
ils me parcourent et derrière moi
tombent sur le sol cheveux épars.

« l’univers n’est pas seulement une propriété publique
il en est une privée et personnelle »
pérore le coiffeur
près de la chaise déserte en face du miroir.
moi je pars et comme un chien près de la porte comme une chaîne de
moineaux
tes regards m’attendent.

de tes yeux verts tu vois tout en vert
tu as tout taché de vert
la terre et les feuilles
le soleil la nuit et l’invisible je ne me vois pas
mais je commence à
voir mon père et mon fils
les deux regardant vers moi
pour se voir l’un l’autre.

(Ion Mircea pp. 143-144)
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Printemps de la grive

Qui va ouvrir ? Qui va ouvrir ?
lorsque les messagers viendront
éclairer les murs de sel de la mer ?
Les chambres sont vides
et au-dessus du haut siège
la tête de la grand-mère, dévote toison,
n’annonce rien du printemps
de la grive morte.
Les messagers viendront,
ils viendront peut-être pendant la nuit
et la voix de la grive morte
la grand-mère ne s’en souvient pas.
En vain nous la nourrissons avec des grains
fixée sur son siège
le visage tourné vers le sud
et nous l’obligeons à chanter
sous la menace de nos pistolets-mitrailleurs.
Si la nuit venue
nous n’apprenons rien sur le printemps
de la grive morte
les messagers passeront devant la porte fermée
ils passeront à côté, passeront ailleurs
et nous nous resterons les doigts engourdis
sur le chien du fusil à jamais
devant cette grand-mère fixée sur son siège

(George Almosnino)
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La libellule

Le genou d’une libellule transparente a brillé
un instant sur la pellicule
gazeuse du marais.
À l’époque je n’avais pas d’enfant.

(Ion Mircea p. 138).
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De printemps

Lumières de l’esprit
ardeurs du corps où la rose s’épanouit on a déchiré l’étendue brumeuse
et les cris de l’unité
me parviennent comme la caresse
duvetée d’une branche les hanches restent dans l’attente de livres
la pudeur croissant comme l’herbe dans les lits juvéniles
qui ne cesse de prendre son œil pour mesure ?
la doctrine du paysage et deux silhouettes
la foudre du ciel blanc dans une coquille
est-elle vraiment brisée ?
des voiles de sang des paupières inertes
des doigt irrésistibles passent dans la crinière du vent
une mousse gutturale dans le feuillage
quelle couleur ont tes yeux fantomatiques ?
pépites d’or quelque part tamisées une chrysalide d’où naît la lumière promise
victime qui ne s’anéantit pas complètement
teinture accablante comme l’orage
jusqu’au marais où baigne le tonnerre
et le sable chante avec l’impuissance
des mésanges —
présageant des temps
qui se font des caresses le répit trop court est révoltant
(ni nuit ni jour)
mais le tréfonds se visse dans la terre
le printemps suinte sur les murs
le fleuve regarde dans les maisons à travers la vitre barbare
on arbore les étangs comme des pavillons
les moineaux chantent l’Ordre d’autrefois
ô combien tachée est la brise
des éphémères flegmatiques montent
sur les toits en les écrasant (mais personne ne le sent)
et reviennent calmement dans le champagne frappé qui te voit dans ta robe rococo
qui t’entend dans la mélodie de sève qui imbibe les doigts ?
le timide cynique te prend pour bracelet
pour l’inégalable verset caché l’ombre du faucon
couronne tes chevilles
la poussière se rassemble en la pupille de l’azur
pour larmoyer à ta place
la densité du soleil traîne sous ta peau
comme le verbe sous la perfection des sons mais tu es le pic jaloux du mouvement
l’effroi des choses qui s’écroulent chantées
cible (si légère) et transitoire
guide vaporeux : tu as déjà disparu ombre qui dessine sur le vent plat
sourire qui reflète tes propres épaules
vertigineux sourire instantané
partenaire de l’infini

(Gheorghe Grigurcu)
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