— Madame veut des violons à présent ! Madame veut qu’on la courtise comme « au temps jadis » ! Je crois rêver…
— J’ai besoin d’amour, Bernard, pas seulement de sexe.
En pleine période de gloire du féminisme, j’avais enfermé la femme que j’étais dans une boîte sans jamais, par la suite, prendre le temps de l’ouvrir. Quand les enfants ont grandi, j’ai retrouvé de nombreuses plages horaires libres. L’habitude, la banalisation de mon travail, l’attitude assurée de Bernard et sa façon de se charger de tout avec jovialité entraînaient un poids trop lourd sur le couvercle de cette boîte, je n’ai donc jamais réussi à la soulever.
Il l’entraîna alors jusqu’au divan, et, sans un mot, sans une caresse, il la pénétra. Sonia se sentit comme un butin qu’on s’approprie. Il la chevaucha ainsi trois fois, quatre fois et, à chaque coup de boutoir, avec la même fureur.
Quand il fut rassasié, il lui adressa cette tirade qu’elle ne pouvait ne pas connaître : « Et Vénus à sa proie attachée… »
Il se leva et s’offrit le repos du guerrier.
Après l’avoir repéré sur Meetic, elle l’avait d’abord harponné par des mails, ensuite, elle lui avait donné rendez-vous, histoire de vérifier si l’individu correspondait au profil annoncé. Bien sûr, comme beaucoup, il s’était catalogué « divorcé », avait pris la précaution de ne joindre aucune photo, mais en mentionnant « professeur d’université », il avait appâté l’enseignante qu’elle était.
Avec l’âge, la femme jeune et belle avait perdu de son éclat. Elle n’inspirait plus le désir : elle était devenue « la mère ». Et ce qui devait arriver un jour arriva. Jean-Philippe se dénicha une autre partenaire, plus compréhensive, plus sensuelle. Et qui n’avait pas d’enfant.
Elle qui ne s’était plus caressée depuis l’adolescence, se surprit à se masturber avec acharnement, imaginant la violence d’un soc qui lui labourait le bas-ventre.