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3.81/5 (sur 13 notes)

Nationalité : Serbie
Né(e) le : 29/08/1942
Biographie :

Gordana Kuić est une romancière serbe. Ana Gord, de son vrai nom Gordana Kuic, fille d’une des cinq héroïnes de ce roman, vit à Belgrade où une partie de sa famille, fuyant l’extermination oustachie, s’est réfugiée pendant la Deuxième guerre mondiale.
Elle est lauréate de nombreux prix de littérature dans les pays de l'ex-Yougoslavie. Son travail a été principalement inspiré par sa mère Blanka Levi et ses tantes, telles que Laura Papo Bohoreta, à qui elle a dédié deux romans, dont les héros étaient deux Juifs Sépharades. Kuić est surtout connue pour son premier roman Le parfum de la pluie dans les Balkans, un succès inattendu publié initialement par la communauté juive à Belgrade en 1986. Le livre a ensuite été transformé en ballet, pièce de théâtre et série télévisée.

Source : Wikipedia
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Bibliographie de Gordana Kuić   (1)Voir plus

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ici, on est conscient de la succession des saisons, des changements de temps et des intempéries. En ville, tout cela est atténué par les pavés et le confort. Les gens ne dépendent pas directement de la terre et de ses fruits capricieux. À la campagne, ces pauvres gens pouilleux prient Dieu sans cesse, maudissant tour à tour la pluie, la neige, la sécheresse, le vent, le soleil, ou les nuages. En vain ! Presque toujours, la nature leur donne ce qu’il ne faut pas : la pluie pendant les semailles, le vent et la grêle au moment de la floraison des fruitiers… Il en va toujours ainsi, toute la vie. Ils scrutent l’horizon avec inquiétude, hochent la tête et marmonnent, sans doute des paroles d’imploration, ou bien des jurons, selon qu’ils quémandent ou menacent. Quant à la nature, cette truie gloutonne et féconde, elle n’en fait qu’à sa tête. Comment dans ces conditions – je commence seulement à les comprendre – pourraient-ils consacrer du temps à apprendre l’alphabet, ou n’importe quel art excepté celui de la survie ? Ils y consacrent toutes leurs forces. Leurs pensées sont souvent mauvaises, leur humeur brusque et susceptible, leurs paroles méchantes. Comment pourrait-il en être autrement puisque ces caractères sont liés à la rudesse de la sécheresse, au vent d’orage, aux bourbiers après les inondations, aux champs gelés et aux pénibles levers matinaux, au piochage et au bêchage, au gavage des bêtes, à toutes sortes de maladies et d’épidémies ? Où trouveraient-ils cette hauteur d’âme alors qu’ils sont liés à cette terre bosselée d’où il faut arracher sa substance ? Ici, nulle trace d’opulence. Nulle trace de ces puissants seigneurs chevauchant des moreaux sauvages, comme dans nos romans, de bellâtres courant après les jeunes paysannes aux joues rouges et organisant des beuveries où ils dépenseraient leurs pièces d’or sans compter. Ici, les paysans sont rabougris et voûtés. Ils s’assoient sur des tabourets, le dos fatigué et les paumes calleuses, et boivent bruyamment l’eau-de-vie. Je commence à les comprendre.
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C’était la débâcle. Aussi longtemps que la guerre n’avait pas éclaté, il existait un certain ordre dans cet assemblage insolite et compliqué de quatre peuples confinés dans une petite cuvette, qu’on appelait les Bosniaques. Ils célébraient des fêtes différentes, mangeaient une nourriture différente, festoyaient et jeûnaient à des dates différentes et dépendaient des autres sans jamais l’avouer. Ils vivaient dans une haine latente, mais aussi dans un amour mutuel. Les musulmans avec le Ramadan, les juifs avec Pessah, les catholiques avec Noël et les orthodoxes avec leurs fêtes patronales – tous supportaient en silence et acceptaient les coutumes et l’existence des autres. Tandis que les cochons de lait tournaient sur les broches dans les maisons serbes, répandant une odeur qui faisait venir l’eau à la bouche, dans les maisons juives on mangeait de la nourriture casher, et chez les musulmans on faisait tout cuire dans du suif. Il existait une harmonie dans tout cela, bien qu’il n’y eût pas de mélange. Depuis des siècles, les odeurs se fondaient et donnaient une saveur extraordinaire à la ville. Tout était « selon les commandements de Dieu ». Cependant, il suffisait d’enlever une seule tesselle de cette mosaïque soigneusement construite pour que toute l’image se désagrège, se réduise aux morceaux dont elle était composée, et que ceux-ci s’unissent en des entités incompatibles et ennemies. Comme un marteau, la guerre avait fait sauter ce fragment et faussé l’équilibre. La guerre avait transformé les différences en haine.
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C'est par une averse et une décharge de foudre sur la croix de l'église orthodoxe que prit fin ce 28 juin 1924 pour Riki, Sarajevo et l'humanité. Riki obtient sa robe et sa moelle, Sarajevo, une croix tordue et un attentat, et l'humanité une guerre mondiale
Cette nuit-là, Buka nota : -Aujourd'hui on a eu l'impression qu'en ville, sous le mont Trebevic, une foule d'apparence insouciante et souriante, unique par sa diversité de religions, de coutumes et de langues, rafraichie par une agréable brise, flottait, insouciante, vers le temps de la mort. Cependant, sous cette apparente innocence vit un peuple différent : divisé, en général triste et désespéré, aspirant à la liberté et à l'indépendance. Il constitue un mélange à la fois de ceux qui participent à l'historie par leurs idées et leurs actes, et de ceux qui se limitent au quotidien et ne songent qu'à survivre au milieu des soubresauts de l'histoire.
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En s'enfonçant dans le sommeil au rythme du roulement du train elle voyait devant elle les yeux bleus de sa mère Esther. Ils signifiaient le foyer, la chaleur et le soutien dans les difficultés. Quand, dans le froid et l'étroitesse du monde extérieur on cherchait un refuge, quand la peur et les pleurs serraient le cœur, et que les genoux se mettaient à trembler, venait l'étreinte rassurante de maman Esther qui vous réchauffait, vous guérissait, vous attendait, vous écoutait, vous soutenait, avant de vous laisser tendrement repartir sur votre chemin.
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Nous devenons les témoins d'une époque (...) ou la vie humaine constitue le produit le moins cher sur le marché.
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