Extrait 1/2
Je porte de nom des poissons
qu'on pêche au filet
Για τον Γιώργο Λάλο
La monnaie de bronze nous y reviendrions gaiement
Si seulement si seulement
Le chant du ferrailleur
Avec la vendeuse de mouchoirs voûtée
Avec la goutte au nez
Le chant du ferrailleur
C’est le matin qu’on l’entend
…
6. OUVÉA
La fête du Waé battait son plein
Des hommes cassaient des noix de coco
Et des femmes dansaient avec entrain
En flottant dans leurs robes missionnaires
Le Christ crucifié était noir et beau
Il y avait l’eau l’air le ciel la terre
Nous dormions tous dans la case une voix
Au-dehors chantait à n’en plus finir
J’ai un amour qui ne veut pas mourir
Toute chose semblait aller de soi
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Photographie
Vous n'étiez pas nés je flânais en Chine
À Mutianyu sur la Grande Muraille
Le soleil et la lune en vis-à-vis
J'envisageais ma vie par les épines
Le soir je mangeais du chien et du riz
Qu'on avait fait revenir dans de l'ail
Il arrivait qu'on me photographie
Pour la simple raison que j'étais Blanc
C'est une chose qui parfois suffit
Pour ressembler à quelqu'un d'important
Extrait 4
J’ai perdu mon panama
sur le port,
cette négligence m’a
fait du tort.
On n’est rien sans couvre-chef
aux abords
des femmes, j’ai des griefs
depuis lors.
Extrait 3
Il est tard. Je me trouve bien loin déjà. Qu’êtes-vous devenues mes
petites bougresses ? J’ai trouvé un
métier à tisser, un fusil qui flotte comme un chat dans la mer. Je me rappelle
vaguement cette berceuse : « J’ai perdu mon panama
sur le port », nos « Dam di dou da » ; ces amours astringentes
que vous partageâtes. Vos Tombeaux, les avez-vous bâtis ?
Je cultive la Joie des Apiculteurs.
Extrait 2
Le Tombeau, toujours le Tombeau ! Je la couvre
de légumes de mère et d’assurance ligaturée,
rien n’y fait. Ma petite Grupetta,
comment te faire entendre ceci ?
Tu me parles encore d’ancre et de gigot, d’arbalète pubienne ; tu t’accroches
aux tartines d’antan, aux rites des luettes. J’ai perdu aux jeux
de la phalène, je suis un bien mauvais parti, un jour, je te
conterai l’histoire de celle du dernier tour de Piste, de celle qui me fit
comme on se fait dans son entièreté, qui roulait délicatement dans ses doigts
Extrait 1
Je mangeais une banane sur la dune aux Outrages. Seul.
J’avais pris mon paratonnerre préhistorique, trouvé
dans un surplus de l’Est.
C’était un temps où j’avais encore le regain nécessaire
pour me mouvoir en période de ponte.
Sur ma carapace on inscrit maintenant des graffitis.
Ce cargo de bananes…
Ce cargo de bananes
n’arrivera jamais du côté de chez moi,
c’est peine perdue d’attendre livraison de régimes.
Quand bien même arriveraient-elles, nous ne saurions qu’en faire,
elles ne seraient que bananes sans teint ;
bananes bonnes à bannir.
Ce cargo de bananes, dont on me parle
depuis l’enfance,
n’arrivera jamais du côté de chez moi.