— Je deviens fou, hein ?
Ses paupières se serrent. Il prie, comme jamais il ne l’a fait, mais il prie, il prie n’importe quoi, n’importe qui pour ne pas entendre de répliques à cette question. Il prie si fort que si un Dieu existe, il est entendu. Il supplie, il conjure le silence de rester derrière ses mots.
La solitude se poursuit alors, si personne ne lui répond, personne n’est là, n’est-ce pas ?
Il ouvre les yeux, il sourit presque, crispé. L’église dans le cadre de sa fenêtre lui fait face. Mais la porte couine de nouveau…
— Si tu croises des morts, je suppose que ce n’est pas le signe d’une bonne santé mentale, mon petit.
— Tu n’existes pas ! hurle Luce.
Vous ne saisissez pas ce qui l’anime ? Vous ne saisissez rien ?
Lui non plus et moi non plus, mais je le ressens viscéralement.
C’est une transe entièrement intérieure. On ne verrait rien d’un regard jeté sur lui, si ce n’est ses pupilles qui semblent comme s’y être reculées, moins brillantes dans son iris, moins passionnées.
Quelque chose perce en lui d’infiniment douloureux. Ce n’est pas doux comme certains aiment à le dire, ce n’est pas constellé de fleurs bleues, la pomme à un goût de merde.
Elle déchire ses entrailles, la pointe acérée va pour crever son cerveau, pour tout emmener de ce qu’il croyait avant.
Ne fais pas de trop courte politique, donne-lui 100 ans d’existence.
Montre-toi humain, capable de penser plus que lointain. Donne-lui 1000 ans d’existence, bien après ta mort, car le monde ne s’arrête prodigieusement pas à celle-ci.
Pousse-la aussi loin que ça, aussi loin que tu le peux dans ton cerveau, par pitié. Cette pitié fait reculer la totalité des inconsciences.
Ne l’arrête pas à toi, au bout de ton nez, mais donne-lui de quoi perdurer…
Et là, seulement là, seulement arrivé au bout de ce précipice-là, où tout se mêle et où personne n’a raison, tu approcheras la vérité. Celle qui bien souvent détruit alors TES vérités, qui ne se révèlent au final que mensonges, excuses, fuites, fausse honorabilité, vides richesses, comédies humaines, peurs ou colères. Celle qui bien souvent remet tout ce que tu crois, tout ce qui te semble respectable et honorable, en doute, et qui fausse tes échelles de valeurs ô combien incomplètes.
L’empathie est garante de la compréhension des témoins, des juges, des victimes, mais aussi des désignés coupables, de n’importe quels autres coupables. Donc de tout le monde.
L’empathie est une force de compréhension des mécaniques cachées, dissimulées qui peut mener l’autre au pire ou à tuer. Elle nous aide à comprendre l’autre, à le « sauver », à l’aimer malgré tout.
L’empathie n’est aucunement morale, elle est d’abord l’intelligence suprême qui sauvegarde toutes les forces en puissance de l’humanité, les humains. Il y a nécessité à sauvegarder l’autre, car celui-ci possède en lui le potentiel de nous sauver, nous, à tout moment de notre existence.
Qui permet à n’importe quel détraqué sexuel ou magouilleur de politicien, et souvent les deux, de s’en sortir indemne en payant un grand avocat, ou mieux, le juge. Pour les mêmes actes, tu prendras perpète toi, mais pas eux ! Pas eux ! Moi je n’ai pas la prétention de demander des bulletins de vote infâmes pour faire respectable. Je ne manipule pas, je prends. Je n’attends pas, je soumets.
" Le petit mot qui sauvera le monde entier. A une vérité trop courte, trop facile à penser, à manipuler, à divulguer ; rangeable dans des petites boîtes bien alignées dans nos têtes et vite expulsable par nos paroles ciselantes ... Il suffirait juste d'ajouter le mot : "parfois", je crois..."
"Réglait la chaleur des fours
Pour y mettre des cadavres d'enfants
Il obéissait seulement, le lieutenant
Ah la haine que l'on cache
A nous mêmes
Par des murs tout blancs
C'est un auto blasphème
(...)"
Les mots tuent… Les pensées aussi ?
Journal de Lucia
La pensée : l'affirmation de qui l'on est réellement ne passe que par la pensée...
Il y a un parfait synonyme à "innocents" : irresponsables.
Journal de Lucia