Un pin de taille moyenne enfonce dans le sol un réseau de racines de première grandeur de trois à huit mètres de longueur. De celles-ci partent trois cent autres racines de deuxième ordre ; de chacune de ces trois cent racines partent à leur tour trois cent racines de troisième grandeur. Cette division se poursuit environ seize fois consécutives. Les dernières racines n’ont plus que quelques millimètres de longueur. La longueur totale de ce système radiculaire peut atteindre en chiffre rond quatre cent mille kilomètres.
L’homme civilisé mange quantitativement de trois à cinq fois plus qu’il n’en a besoin. L’appareil digestif n’est pas construit pour être constamment soumis à une telle surcharge. Déjà le malheureux enfant au biberon se voit imposer ce vice par ses chers parents. L’estomac et l’intestin se dilatent, s’épuisent, se constipent. L’appareil digestif, contraint à une très grande activité, tire à lui une importante partie du sang de l’organisme. Et c’est ainsi que le centre de gravité de l’être humain est tombé de sa tête dans son ventre et que le corps humain est devenu un sac à détritus.
— Vous nous parlez comme à des enfants ! protesta le technicien.
— Je suis devenu prudent, répondit Dust. L’ignorance relative aux phénomènes les plus élémentaires de la Vie est souvent considérable, particulièrement chez les citadins. Par contre, ils savent souvent beaucoup de choses absolument inutiles et sans intérêt.
Il n’est plus au monde une seule race humaine qui sache encore distinguer les aliments qui lui conviennent de ceux qui lui nuisent. J’ai masqué leur erreur avec le désir de manger, j’ai flatté leur palais. J’ai eu soin de faire en sorte que l’industrie ne fabrique que des produits qui à la longue rendent malade, et j’ai veillé à ce que les magasins d’alimentation ne vendent que des nourritures sophistiquées.
Cela ne change rien au fait que les pays les plus civilisés sont ceux où l’on rencontre le plus fort pourcentage de suicides, de dépressions nerveuses, ceux où il y a le plus d’hôpitaux et le plus d’asiles psychiatriques. Ce qui tend à prouver que le système nerveux de l’individu n’est plus à la mesure des exigences de votre monde artificiel et mecanisé
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L'humanité se trouve sur un bateau en détresse. Un monde qui veut sombrer inverse tous les signes : Ce qui a de la valeur attire le mépris et ce qui méprisable prend de la valeur. le mensonge règne et la vérité tue celui qui la prononce.
Dans le Progrès, tu vois la cause de la ruine, moi, je vois le salut !
Les puissances de la Vie sont proclamés ennemies, tandis que l'on prime tout ce qui conduit à la décadence. S'il en est ainsi, le monde est donc voué au diable ?
J’empoisonne les âmes. Je répands la haine. J’enrichis les gredins et j’appauvris les âmes nobles. Je plante l’orgueil et la prétention dans le cœur humain, si bien qu’il méconnaît le monde et lui-même. Je les frappe de sottise et d’aveuglement, de telle sorte qu’ils ne puissent plus trouver la Vérité. Je leur ai inculqué l’envie et je les corromps par le confort ou par la perspective du confort. Je suis parvenu, grâce à tous les moyens de propagande dont je dispose, à créer un état d’esprit visant à la destruction de toutes les valeurs qui concourent au maintien de la vie.
Ce parasite qui s'appelle l'homme, qui s'est multiplié à la façon des lapins, mange la couverture verte de la Terre et se détruit lui-même !
On ne peut éliminer la mode. Elle est bien trop profondément ancrée dans les traits de caractère des êtres humains : désir de se faire valoir, vanité, complexe d’infériorité à compenser et, surtout, cupidité de ceux qui en vivent et gagnent des milliards.
Tu es une fille intelligente, Françoise ! Le monde est voué au Diable et la ruine de l’humanité est inévitable.
L’humanité se trouve sur un bateau en détresse. Un monde qui veut sombrer inverse tous les signes : Ce qui a de la valeur attire le mépris et ce qui est méprisable prend de la valeur. Le mensonge règne et la vérité tue celui qui la prononce.