Avant de parcourir la Provence par monts et par vaux, à la manière des pèlerins ou des troubadours, pour y découvrir les témoins architecturaux – religieux ou profanes – de ce monde roman (XIe – XIIe siècles) « qui fascine et interpelle » selon le mot de R. Oursel, il n'est pas inutile de tenter de répondre aux questions simples, que nous nous sommes tous posées un jour ou l'autre, concernant l'architecture romane : quels sont les initiateurs de ces nobles et solides constructions du haut Moyen-Age parvenus jusqu'à nous, quel élan intérieur poussait les bâtisseurs à construire avec tant de soin, enfin et surtout, comment construisait-on en ces temps anciens ? Les quelques éléments de réponse donnés ici, illustrés d'exemples exclusivement provençaux n'expliquent pas tout : ils doivent être considérés comme des orientations de recherches et des thèmes de réflexion.
Zone de contacts, traversée par la grande voie d’échanges qui reliait le bassin du Rhône et celui du Pô, la Haute-Provence a été soumise, dans le domaine de l’architecture et de la sculpture, à la double influence de la vallée du Rhône et de l’Italie du Nord, celle-ci plus sensible dans la vallée de la Durance et les Préalpes, celle-là dans les vallées largement ouvertes sur le couloir rhodanien. (…)
Terre d’archaïsmes, de rencontres, mais aussi d’innovations, la Haute-Provence a su, pendant plus de deux siècles, se donner des édifices révélateurs de la sensibilité religieuse et de la mentalité de ses habitants. (…) Puisse cet inventaire nous faire découvrir, à la manière des pèlerins de jadis, ces humbles lieux de culte qui sont l’âme d’une région.
Sénanque : un ensemble architectural d'un autre temps, fait pour des hommes de prière en quête de perfection, qui pour cela, ne négligeaient ni le labeur manuel (agriculture, élevage, mise en valeur des landes, utilisation de l'eau comme force motrice...), ni le travail intellectuel (étude, lecture, copie de manuscrits...). Une abbaye entièrement conservée.