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Citation de Elisanne


Il y a une fenêtre dans l’œuvre de Bonnard qui se distingue de toutes les autres, de celles qu’il a peintes et qu’il peindra encore. Une fenêtre qui laisse entendre que le mensonge de Marthe l’a touché profondément. Ce tableau date de l’année de leur mariage.

A première vue, rien que de banal : une fenêtre fermée, de biais dans son cadre de bois brun, et qui coupe la toile en diagonale. D’un côté l’extérieur, le paysage du Cannet, façades blanches et toits rouges parmi les arbres sous un ciel qui menace l’Estérel.
Penchée à son balcon de bois vert pomme, la tête de moitié et les avant-bras nus : Marthe.
De l’autre côté, l’intérieur : une table poussée contre la fenêtre, avec, sur la toile cirée à carreaux, le nécessaire pour écrire, la bouteille d’encre noire, le porte-plume, un feuillet vierge, et sur un épais dossier à couverture de cuir, un livre rose dont le titre en capitales bien lisibles se détache : MARIE.
Le nom de l’auteur est effacé. Il importe peu. Sans doute est-ce Peter Nansen, cet écrivain danois, dont Pierre, en 1887, avait illustré le roman Marie en prenant Marthe pour modèle. L’histoire d’une midinette abandonnée par son riche amant qui lui revient quand elle tombe malade. Rien de bien original.
Ce qui l’est davantage, c’est la position du livre par rapport à celle de Marthe dans le champ du tableau. Le montant de la fenêtre les sépare et les oppose. Au dehors, dans la familiarité, Marthe. Au-dedans, dans l’intimité Marie. Marthe pour tous, Marie pour lui seul, Marthe révélée, Marie refermée.
Il n’y a pas de fenêtre innocente.
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